Comme à son habitude sur les sujets sociétaux, le “catholique” François Bayrou cherche à nous enfumer. Interrogé dans le JDD sur la loi visant à légaliser l’euthanasie, il ne change pas de refrain “démocrate-chrétien” :
J’ai pris la décision de séparer le débat sur les soins palliatifs des débats sur l’euthanasie. Cela ne m’a pas valu que des amis, je le sais bien. Mais ma démarche est simple. Il y a d’abord un devoir national : les soins palliatifs. Sur ce point, deux principes formulés par Jean Leonetti résument tout : « Je ne te laisserai pas seul » et « Je ne te laisserai pas souffrir ». Voilà, selon moi, l’engagement qu’un pays doit prendre envers ceux qui arrivent au terme de leur vie. Et pourtant, encore aujourd’hui, près de 30 % des départements n’ont aucune structure de soins palliatifs. C’est une honte. Et puis, il y a la question de la fin de vie elle-même, de l’aide active à mourir, de l’euthanasie, pour employer le mot juste. Cette question touche à la conscience la plus intime. Je comprends que l’on puisse être pour, contre, ou simplement dans le doute. C’est une question éthique majeure, qu’on ne peut trancher à la légère et sur laquelle chacun doit prendre en conscience sa responsabilité.
Et vous, intimement, êtes-vous favorable ou défavorable à l’euthanasie ?
Je suis spontanément du côté du soin et de la défense de la vie. La vie, c’est unique, fragile et irremplaçable. Mais je ne suis pas aveugle. Il existe des situations extrêmes, des cas de souffrance et de désespoir que nul ne peut ignorer. C’est désormais au Parlement de conduire le travail de discernement. Ce n’est pas une question technique, c’est une question d’humanisme. Une question de civilisation. Ce débat mérite gravité et respect. Parce qu’il touche à ce qu’il y a de plus sacré dans notre condition humaine.
Le texte actuel ne comporte plus certains garde-fous. Cela ne vous inquiète-t-il pas ?
Faire sauter les garde-fous, ce n’est pas ma sensibilité, ni comme citoyen, ni comme chef du gouvernement. Mais j’ai confiance dans notre démocratie. L’Assemblée nationale, dans sa diversité, et le Sénat veilleront à l’équilibre. Je ne crois pas que cette pluralité mène aux excès. Et je serai vigilant, de toutes mes forces. Je me souviens d’une lettre bouleversante, reçue il y a quelques années. Une mère me parlait de sa fille trisomique : « Elle est si douce, disait-elle. Elle veut toujours faire plaisir. Quand je ne serai plus là, il suffira de peu pour la convaincre que ce serait mieux de venir me rejoindre. » Je n’ai jamais oublié cette phrase. Je sais que, pour beaucoup, l’euthanasie active est un combat de liberté. Je respecte cela. Mais on peut, avec la même force, défendre une autre idée de la dignité humaine.
Voilà l’entourloupe : Bayrou se déclare du côté de la vie mais sur l’euthanasie, ce n’est pas une question “qu’on ne peut trancher à la légère”, il est du côté du soin “mais il n’est pas aveugle face aux situations extrêmes”… Ou comment donner son aval à l’euthanasie. Faire sauter les garde-fous ? Mais c’est ne pas avoir confiance en la démocratie. Sic. “Le Parlement veillera à l’équilibre. Re-sic.