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Culture de mort : Euthanasie

Euthanasie : l’offre crée la demande

Étienne Montero, doyen de la faculté de droit de Namur, est interrogé à propose de la loi sur l'euthanasie en vigueur en Belgique. Extraits :

"En douze ans, (le nombre d'euthanasies) est passé de 199 à 1 454 décès par an. Et je ne parle là que des cas transmis par les médecins à la commission de contrôle, car les pouvoirs publics admettent qu'ils n'ont aucun moyen d'évaluer le nombre d'euthanasies réellement pratiquées, sans doute beaucoup plus important. Par ailleurs, en novembre 2014, l'euthanasie a été légalement ouverte aux mineurs, et ce, quel que soit leur âge…

Comment la légalité des injections létales est-elle contrôlée ?

Par une commission qui épluche les dossiers transmis par les médecins. Mais il s'agit d'un contrôle a posteriori, c'est-à-dire une fois que les gens sont déjà décédés, et la commission n'a à sa disposition que les renseignements que veut bien lui communiquer le médecin qui a fait l'injection. Tout est donc biaisé. D'ailleurs, en douze ans, aucun dossier n'a été transmis à la justice…

Un médecin, même un médecin généraliste, peut-il décider seul d'accéder à la demande du patient ? 

Ce peut être le médecin de famille, oui, mais la loi l'oblige à demander un second avis. Le problème est que, pour faciliter la procédure, un réseau de médecins s'est mis en place — l'EOF, End of Life doctors du côté francophone, ou LEIF en Flandre. Il s'agit de médecins formés à pratiquer l'euthanasie et auxquels la plupart du temps on fait appel pour ce second avis. Or ce sont des médecins acquis à la cause euthanasique, souvent membres de l'ADMD – Association pour le droit à mourir dans la dignité. Là encore, le contrôle éthique est biaisé

Vous avez étudié attentivement les rapports rendus par la commission de contrôle depuis douze ans. Qu'en concluez-vous ?

La loi dit que, pour accéder à l'euthanasie, il faut faire état d'une pathologie grave et incurable, et d'une souffrance insupportable qui ne peut être soulagée. Mais ces deux conditions ne sont plus du tout interprétées aujourd'hui comme elles l'étaient en 2002. Aujourd'hui, par exemple, la commission admet les cas de pathologies multiples. (…). 

Et "la souffrance insupportable", n'est-ce pas là aussi un critère compliqué à évaluer ?

D'autant plus qu'on parle de souffrance physique mais aussi psychique… Et, là aussi, l'interprétation de la loi a évolué. En 2002, il n'était pas question d'euthanasier des dépressifs, des déments, des psychotiques. Aujourd'hui, on en euthanasie tous les ans. (…) 

On demande, et on obtient la mort non parce qu'on souffre, mais parce qu'on a peur à l'idée de souffrir… Les pays qui s'interrogent sur une possible légalisation doivent avoir conscience que l'offre crée la demande. Lorsque l'euthanasie a été autorisée il y a douze ans en Belgique, elle était présentée comme une transgression éthique, une exception réservée aux situations extrêmes. Douze ans plus tard, son champ d'application s'est considérablement étendu."

Exactement comme l'avortement, à tel point que la "situation de détresse" a été supprimée. 

En France, les députés Alain Claeys (PS) et Jean Leonetti (UMP) ont déposé à l’Assemblée nationale un texte qui sera débattu en mars. Ils ont eu le feu vert explicite de l’Elysée, puis de Matignon. 

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