Dans la Nef, Pierre-Olivier Arduin, directeur de la commission bioéthique du diocèse de Fréjus-Toulon, passe en revue les trois options que pourrait proposer le CCNE en vue de légaliser l'euthanasie. La dernière, particulièrement pernicieuse, nous appelle à être vigilants.
"Sur l’échiquier de la fin de vie, François Hollande, lentement mais
sûrement, avance ses pièces, bien décidé à renverser le dernier pilier
moral encore en vigueur dans notre société : l’interdit fondateur de
donner intentionnellement la mort à un malade. Contrarié par l’avis que
le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) lui a rendu cet été,
lequel s’est opposé à toute forme de dépénalisation de l’euthanasie ou
du suicide médicalement assisté, le chef de l’État a remanié de fond en
comble cette instance en septembre pour n’y placer que des personnalités
acquises à sa cause. Un coup de maître quand on sait que c’est
justement le CCNE qui va lancer en ce mois de novembre les premiers
États généraux sur la fin de vie et sélectionner les « experts » chargés
de « former » pendant quatre week-ends une trentaine de citoyens tirés
au sort avant d’en tirer un énième rapport. Autant dire que le CCNE,
seul aux commandes pour organiser les débats et piloter la rédaction du
futur avis des États généraux, est juge et partie dans cette affaire.
Pour la première fois, le CCNE pourrait ainsi publier un texte qui
contredirait frontalement le précédent à moins de six mois d’intervalle,
faisant apparaître en pleine lumière le relativisme moral qui gangrène
son travail de réflexion depuis sa création en 1983.Trois
options législatives sont en lice pour inspirer la rédaction du futur
projet de loi que François Hollande a promis de présenter début 2014.La
première, soutenue en France par les responsables politiques les plus
radicaux de la majorité, consisterait, à la manière du Luxembourg en
2009, à copier le dispositif à l’œuvre depuis 2002 aux Pays-Bas et en
Belgique. Dans ces pays, l’existence d’une « souffrance physique ou
psychique insupportable », pourvu qu’elle soit exprimée par une personne
consentante, soit de vive voix soit par le biais d’une directive
anticipée, entraîne une obligation positive de l’État de mettre tout en
œuvre pour rendre effective l’euthanasie. Ce modèle peut-il vraiment
s’imposer chez nous alors même qu’il est critiqué par des études
scientifiques en raison des dérives constatées ? Augmentation des «
euthanasies sauvages » passant outre à la volonté des patients ou
perpétrées à la demande de familles, euthanasies couplées à des
prélèvements d’organes, multiplication des injections létales pour
souffrance psychologique dont le dernier exemple en date a défrayé la
chronique, celui d’un Belge « transgenre » se sentant prisonnier de son
corps après une opération ratée de changement de sexe. On observe le
même phénomène inquiétant de banalisation aux Pays-Bas comme en témoigne
l’histoire de ce Hollandais de 80 ans, supporter de l’Ajax d’Amsterdam,
qui s’est vu offrir par le club une place dans la tribune royale pour
assister à un match parce que son euthanasie était programmée la semaine
suivante. Après le « protocole de Groningen » de suppression des
nouveau-nés handicapés toléré par les pouvoirs publics aux Pays-Bas, le
Sénat belge vient d’entamer la discussion sur l’extension de sa loi aux
mineurs, conforté par une population qui approuve à 75 % ce projet. La
France peut-elle accepter de rendre légal un dispositif qui montre à
l’évidence, chez nos voisins, qu’il est devenu incontrôlable en moins
d’une décennie ?La seconde option, celle du suicide médicalement
assisté, est d’autant plus dangereuse qu’elle fait son chemin dans les
esprits depuis que le rapport Sicard de décembre 2012 a semblé lui
entrouvrir la porte. À l’instar des États américains de l’Oregon, du
Montana et de Washington, il s’agirait de donner le droit à un malade
d’obtenir de son médecin l’ordonnance d’un « médicament » à
s’auto-administrer à son domicile au moment qu’il choisit. Certains
médecins ont estimé qu’il s’agissait d’une « piste valable » qui les
libérerait d’un acte reposant entièrement sur le malade (La Vie, 20
décembre 2012). Ce qui est bien sûr faux, le suicide médicalement
assisté n’étant qu’une forme singulière d’euthanasie où l’action posée par le
médecin – fournir des produits létaux à son malade – se rapporte à la
même intention criminelle de provoquer sa mort.Enfin, la
troisième évolution qui se dessine, pernicieuse par la présentation «
acceptable » qui en est faite depuis plusieurs mois, pourrait rallier de
nombreux élus peu au fait des questions de fin de vie et embrouiller un
peu plus les esprits des Français. C’est ce que certains éthiciens
comme Véronique Fournier appellent l’« euthanasie palliative »
(Libération, 9 septembre 2013). La directrice du centre d’éthique de
l’hôpital Cochin milite en faveur de cette « aide médicalisée provoquant
la mort en douceur en s’inspirant du savoir-faire des soins palliatifs
». Peu de spécialistes ont noté que l’idée d’une « accélération
délibérée de la survenue de la mort », à l’aide de cocktails sédatifs
notamment, était déjà au cœur du rapport de la commission Sicard. S’il
devait être reconnu, ce principe qui demande aux médecins d’assumer
l’intention de tuer, blesserait mortellement une déontologie médicale
inchangée depuis Hippocrate."
Jean Theis
Certains pensent que F.H. devrait démissionner parce qu’il n’est pas populaire et que ses décisions vont à l’encontre des opinions des Français.
Mais lui, peu à peu, il réussit tout ce qu’il veut et qui est décrit plus haut. Il peut donc se congratuler. Pourquoi voudrait-il démissionner en pleine réussite ?
Fleur
“Euthanasie palliative” !!!
C’est la première fois que je vois ces termes totalement antinomiques assemblés.
C’est le comble de l’hypocrisie mensongère !
Comment discuter et composer avec un Pouvoir aussi fourbe et menteur ?
On ne peut que le renverser sans délai. Voyez-vous une autre solution, à même de servir le bien commun ?
cabret
A force d’éliminer tout ce qui demande à vivre et qui vit, il ne restera que des morts, des sépulcres blanchis !
Bel avenir que voilà !
BernardS
La déontologie médicale “inchangée” depuis Hippocrate a en fait été mortellement blessée dès 1975 par la loi Veil. Celle-ci conduit naturellement à l’euthanasie, et la déontologie d’Hippocrate sera achevée par la suppression de l’objection de conscience, que ce soit en matière d’avortement ou d’élimination des malades coûteux.
Florian
Ce genre de loi peut conduire un gouvernement à décréter la mort de tout gêneur potentiel, en le faisant déclarer “incurable” par n’importe quel toubib marron.
“Qui veut tuer son chien l’accuse de la rage” (La Fontaine).
amiral
C’est le grand rêve du National Socialo Communisme des années 1930 et des purges qui s’ensuivirent, tant morales que physiques Quand les puissances infernales guident les hommes ils deviennent FOUS.