Directeur de l’unité de réanimation de La Pitié-Salpêtrière à Paris, le Pr Louis Puybasset vient d'écrire un ouvrage : Euthanasie, le débat tronqué (Calmann Lévy, février 2012). Famille chrétienne résume :
"[Il] dirige depuis douze ans l’unité de neuro-réanimation chirurgicale de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, où il est confronté quotidiennement aux décisions d’arrêt des thérapeutiques actives chez ses patients. Pour lui, le débat sur l’euthanasie est « tronqué », dans la mesure où les « citoyens n’ont pas les clés pour l’aborder avec justesse ». Les raisons ? La confusion qui règne, l’émotion qui déferle à chaque affaire, et au final, la méconnaissance des véritables enjeux. Méconnaissance de la loi, tout d’abord. Or, la loi Leonetti, votée en 2005, offre des repères tant aux soignants qu’aux patients et à leur famille. En introduisant dans le droit français la notion d’« obstination déraisonnable », cette loi « protège les malades contre l’acharnement thérapeutique et le risque d’être assujetti aux choix du seul médecin ». Et les auteurs de raconter le cauchemar vécu par la famille de Jean-Jacques à qui une équipe médicale, de sa propre initiative et sans en référer à quiconque, a greffé un cœur. Contre l’avis de sa femme et de sa mère, qui ne demandaient qu’une chose : qu’on le laisse partir en paix. La loi oblige à consulter la famille, mais celle-ci l’ignorait et les médecins ont passé outre.
Le livre le souligne à l’envi : ce n’est pas l’euthanasie qui est l’alternative à l’acharnement thérapeutique, mais les soins palliatifs. Mais, là encore, qui le sait ? La loi de 1999, confirmée par la loi Leonetti, précise que « toute personne malade dont l’état le requiert a le droit d’accéder à des soins palliatifs et à l’accompagnement. Les soins palliatifs sont des soins actifs et continus pratiqués par une équipe interdisciplinaire, en institution ou à domicile. Ils visent à soulager la douleur, à apaiser la souffrance psychique, à sauvegarder la dignité de la personne et à soutenir son entourage ». La dignité, tiens, parlons-en. C’est l’argument massue des partisans de l’euthanasie, qui soulignent que la dignité ne saurait être qu’une notion subjective. Et que, dans ces conditions, si j’estime que ma dignité est atteinte, j’ai le droit de mettre fin à mes jours. Les auteurs citent le philosophe Luc Ferry : « L’idée même qu’un être humain puisse perdre sa dignité parce qu’il serait faible, malade, vieux et par là même dans une situation d’extrême dépendance est (…) une idée intolérable sur le plan éthique ». Quelques pistes proposées Intolérable et surtout dangereuse, comme le rappelle Fabrice Hadjadj : « Il est très facile de susciter chez quelqu’un le sentiment qu’il n’est plus “digne”. En particulier au sein d’une société dévorée par l’efficience, le jeunisme, le spectaculaire… ».
Les auteurs proposent quelques pistes intéressantes en conclusion : développer la formation aux soins palliatifs, renforcer les droits des malades, favoriser la médiation en cas de désaccord… Les différents candidats sauront-ils s’en inspirer ? On pourra reprocher à ce livre, ici ou là, des prises de position discutables, par exemple le refus d’associer la question de l’euthanasie à celle de l’avortement, alors qu’il s’agit, en dernière analyse, du même sujet, celui du respect de la vie."