L'euthanasie d'une jeune femme de 24 ans en parfaite santé physique mais victime de “pensées suicidaires” a été validée par des médecins belges. Béatrice Stella est Cofondatrice et initiatrice de l’association Paroles de Catholiques, répond à Atlantico. Extraits :
"[…] Nous sommes là typiquement dans l’utopie qui préside souvent à ce type de loi : on dit "c’est encadré" et tout va bien. Mais on ne peut pas encadrer grand-chose, quels que soient les mots précis utilisés. Seules des situations à la fois précises et objectivement observables par l’extérieur peuvent constituer des remparts. Cette histoire dramatique d’une toute jeune femme dépressive en est une illustration percutante. […]
On a déjà vu que nombre de décisions d’euthanasies ont été prises par des médecins en l’absence du consentement réel des personnes. Une personne en fin de vie, surtout si elle est âgée, est une personne dans un état de faiblesse tel qu’il est très facile de décider pour elle, et les soi-disant contrôles diligentés par l’Etat belge pour éviter les abus ont prouvé leur parfaite inefficacité (peu de moyens, peu de sérieux dans les contrôles, crédit excessif porté aux déclarations des médecins). Derrière ce laxisme, on identifie sans peine une approbation complète et sans nuance de la nécessité de mettre fin aux jours des personnes faibles, handicapées, improductives, sans beaucoup d’état d’âme et sous couvert de "les soulager".
Il y a aussi et toujours ce problème insurmontable des directives anticipées, qui reposent sur un sentiment qui, par nature, peut changer d’un instant à l’autre suivant les circonstances, comme nous en faisons vous et moi l’expérience tous les jours avec nos états d’âmes personnels. Tant que ces directives anticipées, lorsqu’elles réclament non pas seulement l’arrêt de l’acharnement thérapeutique mais une véritable euthanasie, seront considérées comme une obligation contraignante, on se rendra coupable de mettre fin à la vie de quelqu’un qui a changé d’avis entretemps mais ne peut l’exprimer, ou dont la décision était superficielle. […]
Cette loi sur l’euthanasie de 2002 était "strictement encadrée" pour ne concerner que des personnes majeures, quoique nous avons vu que des enfants de 15 ans (pour peu qu’ils soient émancipés) pouvaient être concernés. En février 2014, le rempart a déjà sauté : quel que soit l’âge de l’enfant, si ses deux parents sont d’accords, il pourra "bénéficier" de ce grand "progrès" pour l’humanité. Si cela inclut les "pensées suicidaires", on va avoir un gros souci ! La dépression est la cause prédominante de maladie chez les jeunes âgés de 10 à 19 ans, d’après un récent rapport de l’OMS. Il est éclairant d’ailleurs de savoir que le harcèlement sur les réseaux sociaux apparaît comme jouant un rôle crucial dans le passage à l’acte (suicide) en multipliant les risques par plus de 3. S’il leur suffit d’aller se présenter à un médecin pour obtenir un suicide confortable, ça risque d’être tentant…"