Interrogé dans Le Monde, Edouard Ferrand, anesthésiste-réanimateur et membre de plusieurs commissions d’éthiques médicales, explique :
"L’euthanasie est une mauvaise réponse à un vrai problème. Toutes les études montrent que les gens meurent très mal à l’hôpital. […] Les trois quarts des malades meurent seuls, sans leur famille, accompagnés d’un soignant, alors que le décès était prévisible. […] Les soignants ne sont pas formés, la démarche palliative des médecins n’est pas valorisée. […] Des interventions chirurgicales sont encore pratiquées alors que le patient n’avait aucune chance de guérison. Le patient est sous support vital artificiel, il va mal mourir sans que la famille soit présente. Les soignants se retrouvent à traiter complication sur complication. Pourtant, l’acharnement thérapeutique est toujours de bonne foi.
L’acharnement thérapeutique est dû à un manque de traçabilité. La démarche palliative est, par définition, une limitation des gestes et des actes. Or, comme cette démarche n’est pas valorisée, il n’y a aucun intérêt, même économique, à la développer. […] Dire que les gens meurent mal ne renvoie pas à la question du droit à l’euthanasie, mais à la nécessité d’améliorer et d’évaluer la prise en charge de la fin de vie.
[…] Il y a probablement quelques centaines de patients pour lesquels, malgré le projet de soins palliatifs, le sentiment de perte de dignité amène à un désir de mort. Mais cela est marginal par rapport au vrai problème de fin de vie qui se pose en France. […] C’est peut-être le moment d’aborder un problème plus large : que voulons-nous faire de la santé ? Veut-on privilégier le scanner à tout bout de champ ou au contraire améliorer les droits du patient sous toutes leurs formes, ce qui nécessite des moyens adéquats ? Je crains que, s’il y avait une loi sur l’euthanasie, on n’occulte l’idée du droit du patient en amont."
odile
Bien souvent les patients n’ont pas le choix du traitement parceque l’on ne leur explique pas les alternatives, plus les gens sont seuls sans famille, plus ils risquent d’être victimes soit d’examens invasifs pas toujoours justifiés, soit de traitements dont les résultats sont parfois pires que l’absence de traitement; chirurgie, chimiothérapie, alors que les cancers sont bien installés par exemple.
Ensuite il y a le manque de personnel: Les soins palliatifs demandent du temps de la disponibilité, de l’écoute, or dans un service “normal” on est obligé de courir pour faire les soins!
A noter que dans les pays moins “civilisés” où il y a encore moins de moyens, moins de personnel qualifié, les familles ont davantage leur place auprès du patient, elles assurent tout le nursing, lui donnent à manger. Dans nos hôpitaux la présence des famills n’est pas toujors bien vécue et les locaux ne sont pas prévus à cet effet.
une infirmière