Tugdual Derville et Xavier Mirabel ont publié une tribune dans Le Figaro de ce jour sur l'euthanasie. Extraits :
"voilà donc qu’un message se répand : notre société serait prête à fermer les yeux sur la mise à mort d’autrui, à partir du moment où la victime est âgée, inconsciente ou souffrante. Le critère de la vieillesse est indécent : c’est un principe d’exclusion qui sous-tend l’idée qu’à partir de tel ou tel âge, une personne aurait « fait son temps ». Certaines personnes âgées fragiles que nous accompagnons subissent déjà une forme d’«euthanasie sociale». Parfois, elles sentent qu’elles «encombrent» leurs propres familles… Comme si leur vie n’avait plus ni valeur, ni dignité !
Le second critère est tout aussi choquant : François de Closets affirme qu’un patient inconscient « n’est plus un être humain » ! A ce compte-là, on pourrait effectivement libérer maints lits d’hôpitaux. Quant à l’idée que le poison serait une réponse appropriée à la souffrance, elle méconnait la performance des soins antidouleur auxquels chacun a droit.
Fuir devant le vieillissement, la dépendance et la souffrance est une tentation populaire. Comme pour Christine Malèvre en son temps, un premier emballement dédouane aujourd’hui l’auteur d’actes indéfendables. Dans l’émotion d’un instant, la foule épouse les solutions expéditives : elle applaudit la mise à mort qui escamoterait l’agonie. Elle ignore encore qu’il est possible de vivre paisiblement ses derniers instants, accompagné de façon naturelle. On croit ce temps inutile et traumatisant, voire trop couteux.
Désormais, nous partageons une double inquiétude. Dès aujourd’hui, c’est la confiance en l’hôpital qui est menacée par la vague de soutien dont bénéficie le médecin de Bayonne. Et pour l’avenir, contrairement à ce que nous entendons chez les promoteurs de l’euthanasie, l’affaire de Bayonne préfigure ce qui adviendrait si elle était légalisée. En Belgique et aux Pays-Bas, en marge des procédures officielles qui se veulent rassurantes, l’euthanasie clandestine se développe sans aucun contrôle. Se sentant dédouanés, médecins et proches des patients vulnérables s’affranchissent des contraintes légales qu’ils estiment restrictives. Et certaines personnes âgées quittent même leur pays, de peur d’être euthanasiées.
Pour éviter que ne s’instaure dans notre pays une méfiance entre soignants et soignés, c’est la réaffirmation solennelle de l’interdit de tuer qui est indispensable. La dépendance la plus grande nécessite la plus grande protection."
Demain, vous aussi, dans un hôpital, sans défense, vous pourriez être euthanasié par un médecin. Pour signer notre pétition.