Extrait d'un entretien avec Mgr d'Ornellas, archevêque de Rennes et président du groupe de travail sur la bioéthique de la Conférence des évêques de France, paru dans L'Homme Nouveau :
"On a parlé des «cellules de l’espoir» en évoquant les cellules souches embryonnaires. Or, aujourd’hui, l’Agence de la biomédecine reconnaît qu’aucun essai clinique n’a été tenté à partir de ces cellules. Par contre, des promesses réelles s’ouvrent à partir de cellules souches adultes, en pensant aussi à la reprogrammation de certaines de ces cellules. Ces découvertes scientifiques sont exaltantes pour l’esprit humain. Il est normal qu’une équipe médicale soit enthousiasmée par une nouvelle technique qui guérisse et qui est le fruit d’une meilleure connaissance du corps ! Dieu n’a-t-il pas confié la création à l’intelligence de l’homme pour qu’il la domine ? Comme dit Jean-Paul II, la médecine est un immense service rendu à l’humanité. Mais Dieu a confié sa création à l’homme qui est à son image. L’homme est donc invité non seulement à exercer son intelligence mais à aimer. […]
Il est vrai que la tentation de l’eugénisme est réelle. Comme une mentalité diffuse, il imprègne les habitudes. Des équipes médicales appliquent les procédures, en règle générale, établies pour que la réflexion éthique soit possible. Mais, avec tout le poids du travail, il ne leur est pas facile d’ajouter le temps du questionnement éthique. Une responsable d’un comité d’éthique m’a dit : « L’interrogation éthique est trop lourde à porter tous les jours ». Mais beaucoup d’hommes et de femmes s’interrogent, réfléchissent, écoutent avec modestie pour essayer d’avancer vers une société plus humaine. Par le dialogue véritable, nous pouvons ensemble progresser. Dans son expertise sur l’humanité, l’Église sait la grandeur de l’émotion qui ouvre le coeur pour compatir à la souffrance d’autrui. Par la compassion, la souffrance de l’autre est portée en vérité. Cela permet de ne pas toiser le souffrant, mais de chercher avec lui le chemin où, comme dit la Bible, amour et vérité se rencontrent. En saluant les progrès indéniables de la science, on ne supprimera jamais la vulnérabilité qui n’est pas une indignité. En accueillant le vulnérable, nous devenons plus humains."
MJ