Extension de la PMA : lettre ouverte d’un médecin au Premier ministre

Dans Le Quotidien du médecin :

Monsieur le Premier Ministre, J’ai l’honneur de vous écrire à propos de la PMA. Médecin depuis quarante ans, je travaille sur le terrain, voyant, écoutant des hommes, des femmes et des enfants de toute catégorie sociale.

En 2013, sous prétexte de vouloir lutter contre l’homophobie et les discriminations, le gouvernement en place a sabordé le mariage homme-femme pour le remplacer par le mariage pour tous, ouvrant ainsi la porte au déraisonnable. Votre gouvernement, s’engouffrant dans cette porte, s’apprête aujourd’hui à utiliser et dévoyer la médecine pour « fabriquer » des enfants qu’on sacrifiera sur l’autel de l’Égalité.

Une loi ouvrant la PMA à toutes les femmes aurait au moins trois conséquences majeures. Elle détournerait la médecine de son devoir, elle créerait des orphelins de père, elle réduirait les hommes à leur seule capacité de produire du sperme.

Les buts de la médecine sont prévenir les maladies, restaurer des fonctions défaillantes de l’organisme, réparer des désordres anatomiques. La médecine est là pour soigner et non bidouiller le vivant en réalisant des actes intrusifs chez des personnes en parfaite santé. Par le passé, certains régimes totalitaires ont subverti la médecine pour réaliser des plans utopiques et des phantasmes. On a connu l’eugénisme médicalement assisté, le dopage médicalement assisté, le contrôle des esprits médicalement assisté en psychiatrie. Va-t-on connaître demain la procréation d’État médicalement assistée pour les femmes seules et lesbiennes ? En utilisant la médecine pour contrôler la procréation chez ces personnes parfaitement saines, vous franchiriez une ligne rouge, celle qui sépare les pragmatiques des idéologues et des doctrinaires.

Un enfant n’est pas un moyen pour combler un vide affectif. C’est une personne avec des droits que nous, adultes, devons respecter et devons faire respecter. Aimer un enfant, ce n’est pas uniquement lui donner de l’affection. C’est aussi respecter ses droits et lui donner une structure. Pour s’épanouir pleinement, un enfant a besoin de sa mère et de son père. Priver volontairement un enfant de son père ou de sa mère pour l’avoir tout à soi relève de la maltraitance.

Accepter la PMA pour femmes seules ou en couples lesbiens équivaudrait à admettre l’idée qu’un père ou un référent paternel est inutile pour le développement d’un enfant. Non seulement c’est insultant pour tous les pères de famille et les hommes en général mais cela irait à l’encontre de toutes les connaissances actuelles en pédo-psychiatrie.

Monsieur le Premier Ministre, nous assistons aujourd’hui à un matraquage médiatique indécent pro-PMA par des associations revendiquées homosexuelles censées lutter contre le Sida ( Act-up par exemple). Il semble que les fonds utilisés pour ces campagnes de promotion proviennent de subventions publiques : municipalités, conseils généraux, conseils régionaux ou dons déductibles fiscalement à 66 %. N’est ce pas un détournement de bien social ?

De plus, la violence est utilisée contre ceux qui défendent une médecine au service exclusif des malades. Cette nuit même, j’ai été victime d’insultes, de dégradations et de menaces à mon cabinet médical en raison de mes positions sur l’extension de la PMA.

De sondages en sondages, on veut nous faire croire que les Français sont favorables à l’ouverture de la PMA aux femmes seules ou en couples lesbiens. Pourtant 93 % des Français considèrent que le père a un rôle essentiel pour les enfants. Ont-ils donc bien compris, ces Français, ce qui se cache derrière ces trois lettres ? Croyez, Monsieur le Premier Ministre en l’assurance de ma considération.

Docteur Raphaël Nogier, 
Médecin généraliste, 
Lyon (69)