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L'Eglise : Foi

Panem nostrum quotidianum da nobis hodie

Extrait de l'homélie de la Fête-Dieu prononcée par le Pape :

E "Lorsque, dans peu de temps, nous répéterons le Notre Père, notre prière par excellence, nous dirons: «Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien», en pensant naturellement au pain de chaque jour pour nous et pour tous les hommes. Mais cette demande contient également quelque chose de plus profond. Le terme grec epioúsios, que nous traduisons par «quotidien», pourrait également faire référence au pain «supra-substantiel», au pain «du monde à venir». Certains Pères ont vu ici une référence à l'Eucharistie, le pain de la vie éternelle, du nouveau monde, qui nous est déjà donné aujourd'hui dans la Sainte Messe, afin que dès à présent, le monde futur commence avec nous."

Sur ce terme, on pourra se reporter à cette conférence d'Yves Daoudal, dans laquelle il dit :

"Il est curieux de constater que le mot épisoussione a été traduit par quotidianum dans l’évangile de saint Luc, et par supersubstantialem dans l’évangile de saint Matthieu. Et que saint Jérôme, qui a revu les traductions, a laissé cette double traduction, qui a permis d’avoir le Pater tel que nous le connaissons en latin (et en français), tout en conservant le mystère du mot originel pour celui qui veut aller voir plus loin. Il se trouve que le mot épioussione n’existe pas dans la langue grecque. Il ne se trouve que dans le Pater. […] Et si Jésus a inventé ce mot, c’est parce qu’il désignait une réalité radicalement nouvelle. Epioussione se traduit en effet par supersubstantialem, c’est-à-dire sur-substantiel, super-substantiel. […] Ce simple mot, ce mot étrange d’épioussione, indique clairement, au cœur du Pater, la foi en l’eucharistie, en la transsubstantiation. Et c’est pourquoi on dit le Pater après la consécration : Dieu nous donne le pain supersubstantiel de ce jour. Et c’est pourquoi saint Grégoire le Grand considérait que le Pater était la conclusion du Canon, et devait donc être dit par le prêtre seul (disposition qui se retrouve jusque dans le missel de 1962)."

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8 commentaires

  1. Oui, il y a des erreurs de traduction…ou des curiosités… mais quand est ce que la Congréagation pour le Culte Divin agira t-elle sur la traduction du Notre Père en français notamment quant à la demande du “Et ne nos inducas” ? Peut-on réellement et théologiquement demander à Dieu de “ne pas nous soumettre à la tentation” ? où bien doit-on dire “ne nous laisse pas succomber à la tentation”. Il est urgent de rétablir la réalité et la vérité.

  2. Très intéressante la note d’Yves Daoudal !

  3. D’autant plus que l’Epitre de Saint Jacques (1.13-14) précise : “Que nul ne dise, lorsqu’il est tenté, que c’est Dieu qui le tente. Car Dieu est incapable de tenter et de pousser personne au mal. Mais chacun est tenté par sa propre concupiscence, qui l’emporte et qui l’attire” (Vulgate- Maître de Sacy)
    Le Bible de Jérusalem a remplacé “tente” et “tenté” par “éprouve” et “éprouvé”, ce qui affadi le texte ; mais peut-être certains ont voulu éviter la forme de la Vulgate, du fait de son évident contradiction avec la “nouvelle” traduction en français du Pater ! Rappelons que St Cyprien priait : ” ne souffre pas que nous soyons induits en tentation”.

  4. 1. Le «pain quotidien».
    On peut douter que Jésus ait «inventé» un vocable de forme grecque… la formulation est pour le moins maladroite. Le «rabbi Jeshuah» ne prêchait certainement pas en grec en Galilée (même si le grec devait y être pratiqué un peu comme l’anglais de nos jours). Les versions grecques de saint Matthieu et saint Luc ont été sans doute traduites de l’araméen et peut-être même de l’hébreux (c’est même avéré pour Matthieu selon la patrologie : Irénée, Papias cité par Eusèbe de Césarée, Eusèbe de Césarée lui-même). On épilogue depuis… saint Jérome sur le substrat sémitique de cet «epi-ousios» (super-substanciel) ou «ep-iousios» (du lendemain, nécessaire pour survivre).
    La “tentation”.
    On peut aussi se chamailler longtemps sur la traduction de l’aoriste subjonctif «eisenenkeis», sans doute uitilisé par les «hermeneuseis» pour rendre un causatif sémitique, et que saint Jérome a essayé de traduire par le subjonctif «inducas». L’idée est : «fais en sorte que nous ne consentions pas à la tentation» (de mémoire, Carmignac). Tout le monde comprend très bien qu’il ne s’agit pas d’écarter Dieu de vouloir tenter quiconque, pas plus que l’on paraîtrait soupçonner son voisin de voiture d’envisager de nous égarer en lui demandant : «veille s’il te plaît à ce que je ne rate pas la sortie».

  5. A ce sujet, j’ai appris dans mon enfance :” ne nous laissez pas succomber à la tentation” qui est devenu :”ne nous soumet pas à la tentation”.
    Sans être théologien j’ai toujours pensé qu c’est Satan qui avait soumis le Christ à la tentation lors de son séjour au désert.
    Alors Notre Père qui est aux cieux lui aussi nous soumettrait aussi à la tentation.
    Récemment je suis tombé fortuitement (?) sur un livre de Raïssa Maritain consacré au Notre Père qui m’a conforté dans mon étonnement de la nouvelle formulation.

  6. A Labbe.
    Et que dire du “aussi” qu’on nous a subrepticement ajoute !
    Comme si Dieu devait prendre exemple sur notre miséricorde pour être misecordieux ! Alors que – détrompez-moi si je suis dans l’erreur – une meilleure traduction serait : “pardonnez-nous nos offenses dans la mesure ou nous aussi nous pardonnons a ceux qui nous ont offenses”, ce naturellement en sous-entendant que Dieu sera de toutes façons toujours infiniment plus miséricordieux que nous.
    Mais bien sûr, si nous refusons le pardon aux autres, Dieu ne peut pas nous pardonner : refuser de pardonner revient a refuser d’être pardonner.

  7. Référence “incontournable”pour les traductions du “Pater”:Le Père Carmignac.
    Ses fulminations contre la traduction “moderne”lui ont valu une véritable persécution:c’est bon signe….

  8. Encore une fois, la traduction de l’avant dernier verset du Pater est très difficile. La phrase est au mode impératif, causatif et en plus à la forme négative. Le passage d’une structure sémitique au grec , puis au latin, puis au français est d’une difficulté croissante du fait que ces langues successives sont de moins en moins nuancées pour exprimer ce tour.
    Avec le “ne nous soumets pas”, on semble avoir fait le choix de la concision, en insistant sur la forme passive : ” ne nous laisse pas exposé”. Le résultat n’est sans doute pas le meilleur.
    De toutes façons, quelque soit la formule choisie, se pose toujours l’articulation de la grâce et des oeuvres dans l’économie du salut, qui ne se règle pas en trois répliques de comptoir. Dieu “ne nous tente pas”, c’est entendu. Mais serait-il possible qu’il nous “conduisît dans la tentation” ? ou “fît que nous nous y laissions conduire” ? ou “ne fît pas ce qui nous eût empêchés d’y entrer” ? etc…

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