Après Le Pari bénédictin et Résister au mensonge, Rod Dreher publie un ouvrage pour expliquer Comment retrouver le goût de Dieu dans un monde qui l’a chassé. Au-delà de la doctrine et de la théologie, des bonnes oeuvres et de l’évangélisation, choses nécessaires mais insuffisantes, le journaliste américain appelle à un réenchantement. L’Occident est « désenchanté », fermé à l’idée que l’univers est bercé de surnaturel et de métaphysique. L’homme quitte les églises parce que la foi est devenue sèche et sans vie. Mais l’homme est toujours en quête de quelque chose qui le dépasse, d’où le succès croissant de l’occultisme auquel l’auteur consacre un chapitre. Observateur expérimenté du monde actuel, Rod Dreher nous encourage à retrouver le sens de l’émerveillement. Mêlant analyses, témoignages et récits personnels (l’auteur, alors agnostique, a commencé à se convertir en visitant la cathédrale de Chartres, subjugué par la beauté enchantée de cette oeuvre de pierres et de vitraux), Dreher invoque l’histoire, l’anthropologie, les neurosciences et les sources du christianisme. Il nous invite à redécouvrir le lien extraordinaire qui unit le monde naturel et le monde spirituel. Oui, les miracles existent ! Oui, les anges bons et mauvais existent et se manifestent plus qu’on ne le croit (un chapitre étonnant sur les ovnis nous rappelle que le démon est bien à l’oeuvre). Au plus profond de la foi chrétienne se trouvent les ressources pour animer notre compréhension du monde, illuminer notre imagination et nourrir notre âme face à la tentation ésotérique et la toute-puissance de la technique contemporaines. Le monde n’est pas condamné à l’emprise cartésienne et au règne de l’IA. Il est bien plus mystérieux, passionnant, religieux et exaltant. Si nous savons retrouver le sens de l’émerveillement, nos yeux s’ouvriront et nous accéderons à ce que chacun d’entre nous recherche : le sens profond de notre vie.
Lorsque les universitaires décrivent un monde “désenchanté”, ils veulent dire que, au cours des Temps modernes, avec les avancées scientifiques et les progrès du laïcisme, les gens ne perçoivent plus la présence d’entités spirituelles comme ils le faisaient autrefois. De nombreux chrétiens, bien que professant la foi en Dieu et en l’au-delà, en sont venus à regarder la foi principalement comme un cadre moral et éthique, et même un changement social. Parlez de signes, de prodiges, de miracles et d’autres choses encore de ce genre, vous les mettrez mal à l’aise, car cela les renvoie à l’âge des superstitions que l’humanité a supposément dépassé.
L’auteur évoque comme causes de ce désenchantement la Renaissance, la Réforme protestante et le rationalisme desséchant. L’auteur appelle à un lien durable avec le Dieu vivant, présent ici et maintenant.
La maladie de l’Occident moderne vient du fait que nous nous sommes coupés de la source de l’enchantement. C’est-à-dire de la certitude que toute vie a un sens ultime, transcendant, qui nous est donné par Dieu, et que nous pouvons vivre dans une relation réelle et directe à lui. Retrouver cette croyance et en faire non pas une simple proposition que nous affirmons en nous, mais la traduire en un mode de vie incarné, c’est la tâche la plus urgente à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui.
Comment retrouver le goût de Dieu dans un monde qui l’a chassé