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France : Politique en France

Faire entendre la voix des chrétiens en politique

Voici un article de Rémi Fontaine, paru dans Présent d'aujourd'hui, que je livre en intégralité étant donné son importance au niveau du combat commun :

"«Voulez-vous faire entendre la voix des chrétiens lors des élections présidentielle et législative en 2012 ?» La question est à nouveau posée par la Fondation de service politique à travers un vaste « mailing », dont elle sait volontiers user à l’instar d’autres associations spécialisées dans cette technique dite de « fundraising » importée des Etats-Unis (cf. Contribuables associés, SOS-Education, Institut pour la justice…). On observera, qu’avec d’autres personnes et moyens, c’était en substance la même question que posait « la liste chrétienne » aux dernières élections régionales pour solliciter nos suffrages (Présent du 4 mars).

« Et si les chrétiens comme vous et moi pouvaient faire entendre leurs voix en politique, que se passerait-il ? », demande donc à son tour Philippe de Saint-Germain (délégué général de l’Association) en exergue d’un argumentaire qui est aussi un appel de fonds. Et de proposer sept priorités pour faire la différence, tout en rappelant les quatre principes non négociables de Benoît XVI (vie, famille, école, liberté religieuse) : « Notre politique s’inscrit dans la tradition biblique et chrétienne de la responsabilité politique : servir le bien commun avec “charité dans la vérité”. Le bien commun repose sur des principes “non négociables” qui constituent le socle fondateur de toute société libre. »

Très bien. L’inconvénient est qu’au milieu d’heureuses initiatives ladite Fondation a surtout défendu jusque-là ce qu’on pourrait appeler l’illusion des « sarko-cathos ».


Dès janvier 2003, dans sa revue Liberté politique (n° 21), son vice-président, prenant acte de la bipolarisation et du prétendu échec des mouvements alternatifs (FN, MPF…) suggérait de rejoindre l’UMP de Sarkozy comme occasion à saisir : « Le danger qui guette aujourd’hui les catholiques serait de se placer en retrait pour ne pas se compromettre, et de regarder passer le train (…). Monter à bord du train ne garantit pas qu’ils en infléchiront sensiblement la course, mais rester sur le quai garantit qu’ils n’auront aucune influence. Or ils sont moralement tenus par l’obligation d’agir efficacement… » Et au lendemain de l’élection présidentielle, son porte-parole défendait de même l’engagement des catholiques derrière Sarkozy, tombeur de la gauche ringarde et de la droite molle et avec qui « tout devient possible » (Présent du 27 juin 2007).

C’est avec ce type d’argumentation exclusive qu’on est passé du « train » UMP à l’option Sarkozy, espérant sauver la morale politique en votant « utile » ! En déjouant précisément les objections du P. Jean-Miguel Garrigues sur les points non négociables et la distinction politique entre moindre mal et moindre pire (cf. Présent du 28 mars 2007). Si quelqu’un a consciencieusement emprunté cette ligne ferroviaire, c’est bien Christine Boutin, caution et joker des sarko-cathos. Sans parler de Christian Vanneste dont les amis appellent aujourd’hui à signer une pétition de soutien parce qu’il est sérieusement menacé d’exclusion de l’UMP ! On voit le résultat en matière d’infléchissement et d’efficacité !

Le dilemme n’était pas entre monter dans le train ou rester sur le quai. Il était de choisir le bon train pour prendre justement de l’influence en tant que catholiques. Si bien qu’avec leur bonne question, nos amis de la Fondation arrivent, si l’on peut dire, avec un train de retard. Et ils ne manquent pas d’une certaine outrecuidance en sollicitant ainsi notre aide, dédaignant toujours autant ceux qui apport(ai)ent autrement une réponse à leur vraie interrogation. On a déjà souligné, en effet, combien la Fondation, son site et sa revue prennent un soin extrême à se démarquer le plus possible des élus et des amis chrétiens du mouvement national, malgré des idées souvent équivalentes ou voisines, ignorant systématiquement par exemple les auteurs de Reconquête, de Renaissance catholique, de Présent… au motif qu’il est sociologiquement et médiatiquement « incorrect » de les citer…

Dans un genre différent, c’est un reproche analogue que nous avons fait à nos amis de « la liste chrétienne » (Présent du 10 mars), dont l’argumentation (opposée) ne manquait pas de pertinence en matière de sain et légitime communautarisme chrétien, mais dont la pratique laissait aussi un peu à désirer… Tous les nouveaux venus, toutes les nouvelles idées dans le combat communautaire pour les valeurs chrétiennes non négociables sont les bienvenus, à condition d’un minimum de réalisme politique ou/et de justice intellectuelle. Nous préférons l’analyse plus modeste et sainement œcuménique du président de Civitas, Hugues Revel, qui, dans le dernier numéro de Renaissance catholique (89, rue Pierre-Brossolette, 92130 Issy-les-Moulineaux), rend compte d’une enquête faite auprès des candidats : «Force est de reconnaître (…) que le bloc national est globalement en conformité avec les lignes morales définies par l’Eglise, à travers sa doctrine sociale (…). Ces candidats qui se sont exprimés dans les questionnaires partagent beaucoup d’idées communes. Leurs différences de vue sont plutôt un enrichissement qu’une source de conflits. Seule leur unité est garante de leur réussite politique. Il n’y aura pas de stratégie de reconquête efficace sans rassemblement des nationaux. C’est ce à quoi nos associations catholiques doivent œuvrer pour le bien commun des Français.»"

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5 commentaires

  1. Effectivement, dès la création de l’UMP en 2002, la revue Liberté Politique écrivait noir sur blanc que le FN n’avait aucun avenir et était un parti extrêmiste (analyse erronée) et usé et qu’il fallait que les cathos rallient l’UMP non seulement car cela permettait l’entrisme (analyse tout aussi erronée, l’entrisme n’ayant jamais réussi) mais également parce que l’UMP était la vrai droite (là ce n’est plus de l’erreur d’analyse mais de la blague !).
    Bref je ne vois pas très bien l’intérêt de nous parler de la Fondation de Service Politique et de Liberté Politique dont les stratèges ont toujours mené les catholiques sur une voie de garage…

  2. Il y a un principe de précaution simple : quand on voit chrétien à la place de catholique, on se dit qu’il y a sans doute anguille sous roche…
    Je suis chrétien, assurément et n’en doutez pas mais plus personne n’assume le fait d’être catholique…

  3. C’est vrai qu’il était légitime de se demander si la stratégie de l’entrisme catho dans l’UMP ne pouvait pas être la bonne en 2007 : Madame Boutin prenait un ministère et obtenait une visibilité que MPF n’arrivait pas à obtenir (je parle pour ma chapelle).
    Trois ans, deux élections et quelques ouvertures à gauche plus tard, la question ne se pose plus : les catho de l’UMP, réunis sous la bannière PCD, n’ont aucun poids.
    Pire, ils sont sans doute finalement contre-productifs puisqu’ils permettent à l’UMP de continuer de faire croire que c’est un parti catho-compatible et à l’autre bout du bulletin de vote, ils permettent à certains cathos de voter UMP.
    Ceci dit, ne nous en réjouissons pas pour autant : les catho n’ont pas de poids dans l’UMP, mais il n’en ont pas non plus en dehors.
    Balle au centre, si je puis dire.
    Donc maintenant, que fait-on – et question sous-jacente, pour qui vote-t-on ? Et l’on va reparler d’union entre des chefs de partis qui n’en nulle envie (à vos chapelets : ça peut tout changer, même les choix d’un entêté d’homme ou de femme politique, c’est dire !)

  4. Ce qu’il y a de bien dans le notre grande famille (comprendre toutes les chapelles plus ou moins catho, plus ou moins pro-vie, plus ou moins souverainiste / nationaliste) c’est que tout le monde réclame l’unité :
    – à condition que ce soit sous sa propre bannière,
    – en tapant un maximum sur l’ennemi de la chapelle voisine : quand ce n’est pas sur les sujets de fond, c’est sur la méthode, quand ce n’est pas sur la méthode c’est sur un micro-point de détail
    Vive les Gaulois !
    Ce qui peut nous rassurer c’est que c’est pareil chez les voisins des camps d’en face comme l’extrême gauche (plus ou moins trotskiste, plus ou moins libertaire,…) ou les lobby homosexuels (à gauche, à droite,…)
    Bref, je ne vois pas trop quelle est l’importance de ce message, il n’y a rien de nouveau dans cette analyse.
    [Je ne vois pas bien le rapport entre votre commentaire et l’article. Tout le monde ne réclame pas l’unité puisqu’une partie de ce petit monde ignore délibérément l’autre.
    MJ]

  5. Excellent article de Rémy Fontaine qui pousse le sujet bien au delà des positionnements de compromis avec l’UMp et Sarkozy initié par la Fondation de Service Politique, dès sa fondation, l’un de ses dirigeants étant un élu local apparenté ….UMP. L’échec de cette stratégie d’entrisme par reptations successives est patent.
    Ce qui est vraiment intéressant dans cet article, c’est le rappel aux idées, qui devrait tous nous obliger à relativiser les opinions circonstancielles, voire même à ne pas utiliser des divergences de méthode sur les sujets essentiels pour en faire des motifs de rupture et de guerre civile. conclusion pour la droite nationale et catholique : l’analyse d’Hugues REVEL, ancien élu FN du Nord, proche de la Fraternité St Pie X, et maintenant Président de Civitas, est d’une grande pertinence, certes pratique mais surtout théorique. Sans union de tous sur les idées fondamentales mais dans le respect intelligent de différences minimes acceptées (les opinions, variables et qui varient), effectivement les catholiques sont appelés à la marginalité dans les grands débats, y compris au sein de la droite nationale : car n’avoir que le jugement sur chacun sans les propositions pour tous ne conduira qu’au ghetto et à l’indifférence.

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