Arnaud de Beauchef, auteur du livre « Liturgie et transmission de la foi – Zachée, descend de ton arbre », est interrogé dans l'Appel de Chartres. Extraits :
"[…] Ce qui me fait frémir chez l’homme moderne est qu’il est trop plein de lui-même. Il doit se raconter aux autres et à Dieu. La liturgie devient le moment ou il peut exprimer à Dieu ses revendications, quasiment sur un pied d’égalité avec lui. Comme Dieu s’est fait homme, on peut presque lui parler d’homme-à-homme. Pourtant dans l’Evangile ceux qui parlèrent au Christ d’homme-à-homme sont les pharisiens, Judas, les grands prêtres et Pilate. Aucun d’eux n’en a tiré profit. […]
Oui, mais ce que vous dites peut paraître assez difficile à vivre pour beaucoup de personnes car il semble impossible de faire l’expérience du Christ, mort il y a 2000 ans ?
Justement c’est le mot « expérience » que je récuse. Nous sommes à une période de l’histoire où, nous plaçant au centre de l’Univers, nous cherchons des expériences. Des expériences de bien-être, d’épanouissement, de l’extrême, et même de l’interdit. Mais ces expériences ne sont pas Dieu. Saint Paul est très clair, il nous faut passer de l’homme psychique à l’homme spirituel. Dieu est esprit et ne peut être appréhendé par nos cinq sens. Lorsque Saül se retrouve face à Dieu, sur le chemin de Damas, ses sens physiques se ferment et il devient momentanément aveugle. Si nous Le cherchons avec nos sens et notre psychisme nous serons toujours dans l’illusion. C’est le problème principal des mouvements de jeunes qui créent une ivresse émotive par l’exubérance et celui des communautés nouvelles souvent en recherche psychologique. Dieu est au delà de nos illusions. Il est au centre, il est proche, mais pour apprendre à le connaître, il nous faut emprunter le chemin qu’il nous donne : « douceur et humilité ». A partir de là Dieu qui vient en nous nous donne cette joie de sa présence. Joie qui culmine dans l’Eucharistie.
[…] Il y a peu, j’ai, à ma grande surprise et pour ma plus grande joie, reçu une lettre personnalisée et pleine d’encouragement de Benoit XVI à propos de mon livre. Cela me fait dire qu’il ne doit pas y avoir de trop grosses bêtises dans ce que j ‘ai écrit, bien que je ne sois qu’un simple laïc du rang."