Les otages des Farc donnent à la guérilla une inestimable audience internationale. A propos d’Ingrid Betancourt, des officiels colombiens confient :
"La France et les médias ont tellement fait monter son prix que les Farc vont la monnayer très cher, jusqu’au dernier moment."
La guérilla réclame une immense zone démilitarisée. Le gouvernement colombien refuse :
"les Farc veulent ce secteur pour contrôler le débouché de la cocaïne vers les ports du Pacifique."
Entre 1998 et 2002, les Farc avaient déjà obtenu une zone de 800 kilomètres carrés dans le Sud-Ouest. Les gens se souviennent de ce goulag tropical et citent l’embrigadement idéologique et militaire, l’impôt révolutionnaire, les enlèvements de filles, le vol de récoltes, les éliminations, le trafic de la coca. Le chef d’état-major de l’armée est confiant : "La Colombie se libère, ce n’est pas le moment de baisser la garde." La Colombie de 2008 n’est plus ce qu’elle était en 2002, un pays ravagé par la violence. Élu il y a 6 ans et réélu en 2006 (84,1 % des suffrages) sur son énergique “politique de sécurité démocratique”, le président Álvaro Uribe a déclenché une étonnante renaissance morale et civique :
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Les cartels de la cocaïne de Medellín et de Cali ont été brisés,
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près de 600 narcotrafiquants ont été extradés vers les États-Unis
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Les milices paramilitaires ont été démobilisées (30000 miliciens ont déposé les armes).
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La guérilla marxiste est partout en repli, malgré un trésor de guerre estimé à un milliard de dollars par an, financé par la cocaïne
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Les Farc sont passées de 20000 combattants en 2000 à 9400 à peine en 2007, dont 40% de femmes et près de 1500 enfants soldats. En 2007, la guérilla a compté 3000 tués, 6600 prisonniers et 3200 déserteurs.
Les sondages sont sans équivoque : l’armée bénéficie de 80% d’opinions favorables et les Farc de 96% d’opinions… défavorables. Le 4 février, 2 millions de Colombiens vêtus de blanc sont descendus dans la rue pour dire “non aux Farc” et soutenir l’armée. Le général Carlos Saavedra Sáenz insiste :
"Ce n’est pas la guerre du gouvernement contre le peuple. C’est une guerre du peuple colombien contre les narcoterroristes."
Les militaires pensent que l’hallali est proche.