Gaëtan Poisson, auteur d’un ouvrage sur L’homosexualité au risque de la foi – Le témoignage d’un gay qui défend l’Église, ayant fait le choix de la chasteté dans la continence, revient sur le “pèlerinage LGBT” qui a eu lieu à Rome :
La question du pèlerinage LGBT à Rome, organisé à l’occasion du Jubilé, ne peut être abordée à la légère. Elle touche des réalités profondes de la foi, de l’Église, de la personne humaine et de la vérité évangélique. En réalité, la vraie question n’est pas simplement de savoir s’il faut être « pour » ou « contre » un tel événement. Il faut d’abord discerner ce que cet acte signifie, ce qu’il engage, et à quelle logique il obéit. C’est une question de fidélité à la Croix du Christ et non de stratégie pastorale ou de pression médiatique.
Deux chemins, deux visions, il faut d’emblée distinguer deux démarches radicalement différentes : D’une part, il y a la personne homosexuelle, sincère dans sa foi, qui reconnaît ses combats intérieurs, ses fragilités, mais qui choisit le Christ, avec ses exigences et sa Croix. Cette personne ne se définit pas d’abord par son orientation sexuelle, mais par son baptême. Elle ne réduit pas son identité à une étiquette, elle avance humblement dans un chemin de conversion. Elle peut souffrir, lutter, mais elle sait que le Christ seul libère.
D’autre part, il y a ceux qui se réclament de l’idéologie LGBTQIA+, une construction sociopolitique aux racines clairement marxistes, comme l’ont démontré de nombreux chercheurs. Cette idéologie vise à renverser les repères traditionnels, notamment dans la morale, la famille, l’anthropologie. Elle ne cherche pas la conversion, mais la validation, voire la réécriture des fondements chrétiens, jusqu’à exiger que l’Église modifie son enseignement.
Le danger ne vient pas des personnes, mais de cette confusion profonde entre accueil et approbation, entre amour et tolérance passive. Or, comme le rappelait saint Jean-Paul II : « L’amour vrai est toujours exigeant. » La tolérance, si elle n’est pas éclairée par la vérité, peut devenir une chaîne d’acceptations mécaniques sans questionnements, et un refus habile de débattre en tranchant tout à trac. La tolérance n’ira jamais aussi loin que l’amour, car elle n’implique pas d’exigence, ni de souffle réel. Si André Frossard notait à bon droit « Amour, pour te dire, l’éternité sera courte », comment concevoir qu’une mouvance (LGBT) privatise d’un claquement de doigts les destinées de ce saint mot, Amour, en le réduisant pour toujours à l’équation obtuse : « Amour = tolérance »
Il est fondamental de bien comprendre que l’Église ne rejette personne, mais elle n’a jamais enseigné une inclusion inconditionnelle, sans appel à la conversion. Le catéchisme n’est pas optionnel aux pèlerins de l’Inconditionnel. L’Évangile lui-même ne donne aucun exemple de ce type d’inclusion « TTC ». La femme adultère elle-même, libérée, est sommée de ne plus « pécher » à l’avenir. Le Christ a accueilli les pécheurs, mais jamais sans leur dire : « Va, et ne pèche plus ».
De fait, le concept moderne d’ »inclusion » est souvent utilisé pour faire pression sur l’Église afin qu’elle infléchisse sa doctrine. Mais l’Église n’est pas une ONG. Elle n’a pas le droit de modifier ce qu’elle a reçu du Christ. Le véritable accueil, c’est celui qui accompagne la personne dans un chemin de vérité, qui la respecte dans sa liberté, mais ne ment pas sur ce qui conduit à la vie éternelle.
La vie chrétienne ne repose pas sur des slogans, mais sur un mouvement intérieur profond : la metanoia, ce retournement du cœur que l’on appelle le plus souvent la conversion, pousseà devenir une créature nouvelle. Ce changement n’est pas une simple amélioration morale, mais une transformation radicale opérée par la grâce.
C’est pourquoi, participer à un pèlerinage en se revendiquant de l’étiquette politico-sociétale LGBT, dans une logique d’affirmation identitaire et politique, n’est pas neutre, à tout le moins abusif et maladroit. Cela revient à mettre l’idéologie avant la foi, à imposer un cadre militant à une démarche spirituelle. Or, le vrai pèlerinage est une marche vers Dieu, un dépouillement, pas une revendication. Il n’y a plus ni hommes, ni femmes, ni esclaves… nous rappelle l’écho de Saint Paul : comment s’agirait-il de réintroduire du L, du G, du B ou du T là où nous ne sommes plus qu’un, dépouillés de nos identités temporelles, étriquées ?
Le fait que le Pape Léon XIV n’ait pas participé à cet événement n’est pas anodin. Selon des sources romaines fiables, il a consciemment choisi de ne pas s’associer à une initiative dont les objectifs sont ambigus, et parfois clairement opposés à la doctrine. Nul agenda ne saurait prévaloir sur celui du Christ, lorsque l’on se présent croyant. Cela ne signifie certes pas que le combat du respect et des droits humains soit à mettre au rebut, mais on ne saurait se présenter de façon double devant la Croix, objectif naturel du pèlerinage.
Certains, comme le père James Martin, portent ce projet avec ferveur, mais dans une logique d’instrumentalisation maladroite de l’Église pour faire évoluer sa doctrine. Le problème n’est pas sa personne, mais la portée de ses engagements publics, qui induisent en erreur beaucoup d’âmes sincères, qui méritent mieux : elles méritent la vérité !
Car ce qui est en jeu ici, ce n’est pas une reconnaissance sociale, mais le salut éternel des personnes. Aimer vraiment quelqu’un, ce n’est pas lui dire ce qu’il veut entendre, mais ce dont il a besoin pour vivre en vérité devant Dieu. Rien de nouveau sous le soleil !
À la maladresse peut aussi se substituer le cynisme, chez certains : il est profondément malhonnête de manipuler la Parole de Dieu pour lui faire dire ce qu’elle ne dit pas. Ceux que l’on pourrait qualifier de véritables « faussaires de Dieu » s’obstinent à tordre le sens des Écritures au profit de leurs intérêts idéologiques, en s’appuyant sur une herméneutique douteuse, souvent déconnectée du contexte historique, linguistique et théologique des textes bibliques.
À ce sujet, le travail du théologien Robert A. J. Gagnon est une référence incontournable. Dans son ouvrage majeur, The Bible and Homosexual Practice : Texts and Hermeneutics, Gagnon mène une analyse rigoureuse, fondée à la fois sur les textes originaux (hébreu et grec), le contexte culturel du Proche-Orient ancien, et les données exégétiques les plus solides. Il démontre de manière méthodique et scientifiquement étayée que la Bible interdit sans équivoque les actes homosexuels, et ce, dans l’Ancien comme dans le Nouveau Testament.
Contrairement aux interprétations révisionnistes popularisées par des auteurs comme Daniel Helminiak ou James Alison qui prétendent que les textes bibliques ne viseraient pas les pratiques homosexuelles contemporaines mais uniquement certaines formes d’excès ou de débauche dans l’Antiquité, Gagnon prouve que cette lecture repose sur des biais méthodologiques flagrants et une volonté manifeste de relecture idéologique. Ces approches ne tiennent pas devant une lecture critique sérieuse ni devant les principes fondamentaux de l’exégèse historique. Par ailleurs, comment imaginer que la sévérité bien connue de la Bible vis-à-vis de la morale sexuelle imposée aux auditoires hétérosexuels soit, soudainement et providentiellement, abolie en ce qui concerne la vie sexuelle des personnes homosensibles ?
Nous avons d’ailleurs déjà publié une recension critique de l’ouvrage controversé de Helminiak (Ce que la Bible dit vraiment de l’homosexualité), dans laquelle nous montrions les limites méthodologiques, les contresens exégétiques et l’absence de cohérence théologique de son propos. Il ne s’agit pas ici d’ostraciser des personnes, mais de respecter l’intégrité du texte biblique, sans pour autant se montrer « dur » ou « conservateur ». Toute lecture sérieuse de la Bible se doit d’honorer son message dans son entièreté, sans le déformer pour l’adapter à l’air du temps. C’est la base de la déontologie. C’est là une exigence de vérité intellectuelle, de probité théologique, et de fidélité à la Parole de Dieu.
Comme le disait Benoît XVI : « Sans vérité, la charité devient sentimentalisme. » Et sans charité, la vérité devient violence. L’Église doit tenir les deux : accueillir les personnes avec une infinie tendresse, mais leur dire, avec une même tendresse, que la voie du Christ est étroite, qu’elle passe par la Croix, par le renoncement, par une transformation intérieure radicale.
Oui, il y a une place pour chaque personne dans l’Église. Mais cette place ne peut être fondée que sur l’adhésion au Christ, à son Évangile, et à l’enseignement constant de l’Église. Ce n’est pas là une quelconque exclusion, mais une invitation à quelque chose de plus grand : la sainteté.
À Rome ou ailleurs, tout pèlerinage véritable est une montée vers Dieu. Il ne peut être le lieu de revendications politiques, mais de conversions intérieures. Car ce qui se joue là, c’est bien plus qu’un débat : c’est la vie éternelle !
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