Nous remercions l’association Una Voce de nous autoriser à publier des extraits des excellents commentaires des cinq pièces grégoriennes du dimanche ou de la fête à venir.
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Précisons tout d’abord que la fête ne porte pas le titre de « Purification de la Très Sainte Vierge » comme on le trouve dans tous les anciens missels, mais de « Présentation de Jésus et Purification de la Sainte Vierge ».
Le décret de la Sacrée Congrégation des Rites du 2 janvier 1962 permet cette solennité extérieure le dimanche suivant la fête de la Présentation, y compris avec Bénédiction des Cierges et Procession. Le texte du décret de 1962 permet donc cette solennité extérieure mais n’entend nullement y obliger. Au célébrant d’en décider. Notons que la fête du 2 février est très largement solennisée le dimanche suivant dans les messes dites traditionnelles, mais ces précisions s’imposaient.
Le Nouvel Ordo Missæ de 1970 ne prévoit pas, en revanche, cette possibilité. La fête, qui s’appelle « Présentation du Seigneur au Temple » ne peut être célébrée que le 2 février, donc presque toujours en semaine.
Cette fête célébrée quarante jours après Noël commémore un événement qui s’est réellement produit 40 jours après la naissance de l’Enfant Jésus, en observation de la loi juive.
Elle présente la particularité d’être à la fois une fête de Notre-Seigneur, celle de la Présentation, et une fête de la Sainte Vierge, celle de la Purification. Les chants du propre de la messe, nous le verrons, se rapportent principalement au premier aspect, alors que pour l’ordinaire on doit prendre normalement une messe des fêtes de la Sainte Vierge, et de même les psaumes et l’hymne des vêpres sont ceux des fêtes de la Sainte Vierge.
De plus cette fête a reçu le nom populaire de Chandeleur, car on y procède avant la messe à la bénédiction des cierges que l’on porte ensuite en procession. L’Église a peut-être voulu par cet usage remplacer une antique fête païenne de la lumière ; en tout cas elle a choisi cette date à cause de la parole du vieillard Siméon prononcée en ce jour, et qui est lue à l’Évangile, saluant l’enfant Jésus dans son cantique Nunc dimittis en l’appelant ” lumière pour éclairer les nations “. D’ailleurs le cierge allumé est un symbole du Christ, lumière du monde, nous le retrouverons dans la liturgie pascale.
Bénédiction et la procession des cierges
Ce sont ces paroles de Siméon que l’on chante pendant la distribution des cierges sous la forme d’une petite antienne toute simple, entièrement syllabique, légère et joyeuse, comme la lumière dont elle exprime la clarté :
Lumen ad revelationem gentium, et gloriam plebis tuæ Israel
Lumière pour éclairer les nations et gloire de votre peuple Israël.
Cette antienne, dont le texte est le quatrième verset du cantique Nunc dimittis, est accompagnée par les trois premiers versets psalmodiés, suivis du Gloria Patri, avec à chaque fois reprise de l’antienne :
Nunc dimittis servum tuum, Domine, secundum verbum tuum in pace.
Quia viderunt oculi mei salutare tuum.
Quod parasti ante faciem omnium populorum.Maintenant, Seigneur laissez votre serviteur s’en aller en paix selon votre parole
Car mes yeux ont vu le salut.
Que vous avez préparé à la face de tous les peuples.
Pendant la procession avec les cierges bénits que l’on tient allumés à la main, on chante une grande antienne très solennelle, qui semble d’origine orientale car cette fête a été célébrée d’abord à Jérusalem avant de l’être à Rome, et le texte de ce chant très riche, plein d’images et de symboles, contraste avec l’habituelle sobriété de la liturgie romaine.
Adorna thalamum tuum, Sion, et suscipe regem Christum : amplectere Mariam, quæ est cælestis porta : ipsa enim portat Regem gloriæ novi luminis : subsistit Virgo adducens manibus Filium ante luciferum : quem accipiens Simeon in ulnas suas prædicavit populis Dominum eum esse vitæ et mortis, et salvatorem mundi.
Sion orne ta chambre et reçois le Christ-Roi, ouvre les bras à Marie qui est la porte du Ciel : c’est elle qui porte le Roi de Gloire de la nouvelle lumière : la Vierge s’arrête présentant dans ses mains le Fils né avant la lumière. En la recevant dans ses bras Siméon annonce à tous les peuples qu’Il est le maître de la vie et de la mort et le Sauveur du monde.
La mélodie calme et solennelle évoque tout à fait une procession triomphale.
Au retour de la procession, en rentrant dans l’église, on chante un Répons ; les Répons sont essentiellement des chants de l’office des matines, mais on en chante aussi dans d’autres circonstances comme celle-ci. Ils ont toujours la même forme avec des versets, normalement deux dont le deuxième est le Gloria Patri, sur des psalmodies très ornées, et après chaque verset on reprend la dernière phrase du Répons. La mélodie de celui-ci utilise des formules habituelles à ce genre de pièce, et n’a donc pas de rapport spécial avec le texte, qui n’est d’ailleurs ici qu’un simple récit, tiré de l’Évangile de la fête.
Obtulerunt pro eo Domino par tuturum, aut duos pullos colombarum, sicut scriptum est in lege Domini.
Ils offrirent pour lui au Seigneur une paire de tourterelles ou deux petites colombes ainsi qu’il est prescrit dans la loi du Seigneur.
Et voici le premier verset :
Postquam autem impleti sunt dies purgationis Mariæ, secundum legem Moysi, tulerunt Jesum in Jerusalem, ut sisterent eum Domino.
Lorsque furent accomplis les jours de la purification de Marie selon la loi de Moïse, ils portèrent Jésus à Jérusalem pour l’offrir au Seigneur.
Messe
► Introït : Suscepimus
La procession des cierges de la Chandeleur est suivie aussitôt de la messe de la fête, dont les chants se rapportent à la présentation de l’enfant Jésus, venant lui-même dans le temple s’offrir à son père pour la mission rédemptrice qu’il doit accomplir.
Les deux premiers chants du propre de la messe, l’Introït et le Graduel ont le même texte, ce qui est assez rare. C’est un extrait du psaume 47, grand cantique d’action de grâce pour une victoire accordée par le Seigneur à son peuple, accompagnant l’entrée triomphale de l’arche d’alliance dans le temple de Jérusalem. Aujourd’hui ce n’est plus l’arche d’alliance, présence symbolique, mais c’est si l’on peut dire Dieu lui-même en chair et en os sous les traits d’un petit enfant qui fait son entrée dans son Temple. Les versets choisis pour l’Introït et que nous retrouverons au Graduel expriment notre reconnaissance et notre louange.
Suscepimus, Deus, misericordiam tuam in medio templi tui : secundum nomen tuum, Deus, ita et laus tua in fines terræ : justitia plena est dextera tua.
Dieu nous avons reçu votre miséricorde au milieu de votre temple : Comme votre Nom, ô Dieu, ainsi votre louange va jusqu’aux extrémités de la terre, car votre main droite est pleine de justice.
Maintenant c’est en permanence que Dieu est réellement présent dans nos églises et que nous y recevons des grâces innombrables. Ainsi notre reconnaissance s’exprime-t-elle par une mélodie enthousiaste, ample, joyeuse et solennelle. On chante à la suite le premier verset du psaume 47 :
Magnus Dominus et laudabilis nimis : in civitate Dei nostri, in monte sancto ejus.
Le Seigneur est grand et très digne de louanges : dans la cité de notre Dieu sur sa montagne sainte.
► Graduel : Suscepimus
Le texte de la première partie du Graduel est exactement le même que celui de l’Introït, tiré du psaume 47, sauf la dernière phrase :
Suscepimus Deus, misericordiam tuam in medio templi tui ; secundum nomen tuum, Deus, ita et laus tua in fines terræ.
Dieu nous avons reçu votre miséricorde au milieu de votre temple : Comme votre nom, Dieu, ainsi votre louange s’étend jusqu’aux extrémités de la terre.
La deuxième partie de ce Graduel reprend le verset précédent du psaume. :
Sicut audivimus, ita et vidimus in civitate Dei nostri, in monte sancto ejus.
Ce que nous avions entendu dire, maintenant nous le voyons dans la cité de notre Dieu sur sa montagne sainte.
La montagne sainte, déjà mentionnée dans le verset de l’Introït, est évidement celle où est bâti le temple de Jérusalem
Cette phrase fait penser aux paroles du vieillard Siméon dans son Nunc dimittis : Maintenant mes yeux ont vu votre salut. Ce sont vraiment les promesses de l’ancien Testament qui se réalisent aujourd’hui dans le Temple, et qui se renouvellent chaque jour dans nos églises.
La mélodie de ce Graduel est faite de formules habituelles que l’on entend souvent, mais elle comporte peu de grandes vocalises, car le texte est assez long, et elle s’attache davantage à bien souligner chaque mot.
► Trait : Nunc dimittis
Suivant la date de Pâques, le 2 février peut se trouver encore dans le temps après l’Épiphanie, ou tomber déjà dans le temps de la Septuagésime. Dans le premier cas la messe comporte un Alléluia, mais dans le second cas, il est remplacé par un Trait. Disons tout de suite que celui-ci a pour texte le cantique Nunc dimittis du vieillard Siméon, que nous avons déjà trouvé à la bénédiction des cierges, chanté sur une psalmodie très ornée analogue à celles du temps de la Septuagésime.
► Offertoire : Diffusa est
Le chant de l’Offertoire de la Purification n’est pas propre à cette fête, mais est pris au commun des Vierges. Il a pour texte un verset du psaume 44, le grand cantique nuptial souvent utilisé dans la liturgie, ou le Roi est la figure du Christ, et la Reine la figure de l’Église, mais aussi de Marie, ou des vierges consacrées qui se sont unies mystiquement à l’époux divin. Le verset retenu ici, pris dans l’éloge du Roi, revient plusieurs fois au temps de Noël, dont la fête du 2 février marque la fin dans le calendrier :
Diffusa est gratia in labiis tuis ; propterea benedixit te Deus in æternum, et in sæculum sæculi.
La grâce est répandue sur vos lèvres, c’est pourquoi le Seigneur vous bénit éternellement et à jamais.
Aujourd’hui cet éloge s’adresse aussi bien à l’enfant Jésus qui fait son entrée dans son temple qu’à la Vierge qui le porte dans ses bras. La grâce ce n’est pas seulement une qualité de l’être humain qui le rend agréable à regarder, mais c’est ici un don de Dieu ; les lèvres, ce n’est pas seulement, avec le sourire, un élément de la beauté du visage, mais c’est aussi le siège de la parole : Jésus est le Verbe, parole de Dieu incarnée ; quant à Marie, pleine de grâces, c’est de ses lèvres qu’est sorti le fiat qui nous a ouvert le ciel, nous permettant de recevoir la bénédiction éternelle qui est ici évoquée. La liturgie y insiste longuement en ajoutant les mots et in sæculum sæculi qui ne figurent pas dans le psaume.
La mélodie commence dans le grave d’une manière un peu mystérieuse puis elle s’élève rapidement jusqu’à une teneur où elle va rester durant toute la pièce, accumulant les notes longues avec une insistance inlassable, surtout dans la dernière phrase, celle de l’éternité.
► Communion : Responsum
Le texte de l’antienne de Communion du 2 février est tiré de l’Évangile du jour.
Responsum accepit Simeon a Spiritu Sancto, non visurum se mortem, nisi videret Christum Domini.
Siméon avait reçu la révélation du Saint Esprit qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu l’Oint du Seigneur.
La mélodie de cette petite antienne, très animée, et soulignant bien chaque mot du texte, exprime parfaitement la joie du vieillard Siméon devant la promesse accomplie.