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Valeurs chrétiennes : Education

Financement du libre choix de l’école par les parents : en finir avec l’hypocrisie

Financement du libre choix de l’école par les parents : en finir avec l’hypocrisie

Extrait d’une tribune d’Anne Coffinier dans Le Point sur la polémique autour de la scolarisation des enfants du ministre de l’Education nationale :

[…] Cette schizophrénie bien française conduit ceux des hommes politiques qui choisissent le privé pour leurs enfants à toujours plus d’efforts pour en freiner l’essor et en interdire l’accès aux classes populaires. Espérons que la nouvelle ministre ne tombera précisément pas dans le piège de pourfendre l’école privée pour mieux prouver sa foi inconditionnelle en l’école publique, après la polémique qui a accompagné sa prise de poste.

Nous tenons en réalité aujourd’hui l’occasion d’en finir avec l’hypocrisie. Il est évident qu’une large majorité des parents confieraient leurs enfants à l’école privée s’ils en avaient les moyens. Parce que la discipline y est meilleure, les professeurs moins absents, les parents plus investis parce qu’ils payent… les fréquentations choisies, les enfants fauteurs de troubles exclus de l’établissement le cas échéant, et les élèves pas assez brillants impitoyablement exclus des écoles dites d’élite.

Autrement dit, si les parents préfèrent le privé aujourd’hui, c’est parce que l’exigence et l’ambition qu’on y trouve sont annonciatrices de la dureté du monde professionnel à laquelle devrait précisément préparer l’école. Les élites cherchent aussi à doter leurs enfants d’un utile réseau social. Le plus jeune ministre de la Ve République n’a-t-il pas fait « l’Alsa » comme les enfants de Pap Ndiaye ? Si la droite opte plutôt pour Stanislas, Saint-Jean de Passy ou Franklin, les partisans d’Emmanuel Macron préfèrent en effet l’école Alsacienne ou Jeannine-Manuel. Dans tous les cas, c’est le privé qui gagne et qui fait gagner. A fortiori à l’heure où l’école publique a décroché. L’humiliation de la France dans les tests Pisa en apporte la preuve, année après année. Et le président de la République lui-même l’a reconnu dans son discours du 25 août 2022 devant les recteurs : « l’école de la République n’est plus à la hauteur ».

Le véritable scandale n’est donc pas qu’une ministre, fût-elle chargée de l’Éducation, scolarise ses enfants dans le privé. C’est plutôt que l’on abandonne les pauvres, les immigrés que l’on prétend « intégrer » et les non-initiés à une école publique dont le président lui-même constate qu’elle ne fonctionne plus. Relever l’école publique doit être l’urgence des urgences. Pas seulement en principe, mais en fait. En attendant les effets d’une politique qui serait enfin courageuse en la matière, la scolarisation dans des écoles non publiques est plus que légitime et doit même être encouragée. Elle devrait être financée par l’État tant qu’il n’est pas capable de fournir à la population une école publique digne de ce nom. Et partout où les évaluations repèrent une défaillance de l’école publique, les parents devraient pouvoir avoir le choix d’une alternative financée par l’État.

Qu’est-ce sinon que « l’égalité des chances » ? À quoi bon avoir constitutionnalisé le droit pour chaque enfant à l’égal accès à l’instruction ? Ce n’est pas parce que le même article 13 du préambule de la Constitution de 1946 déclare que « l’organisation de l’enseignement public gratuit et laïc à tous les degrés est un devoir de l’État », qu’il est justifié de vilipender et de culpabiliser les parents choisissant une école privée. L’heure est décidément venue de financer le libre choix de l’école par les parents, pour qu’il cesse d’être le privilège des nantis et des initiés. Afin qu’il ne reproduise pas les inégalités sociales, on prendra soin de créer des structures gratuites aidant les parents à choisir au mieux de l’intérêt de leurs enfants.

Condorcet l’avait brillamment exposé en son temps : l’école publique a besoin d’être stimulée par une autre école, si l’on ne veut pas qu’elle se sclérose. La prophétie s’est, hélas, réalisée. À force de fausser la concurrence entre l’école publique et l’école privée, rendue artificiellement payante et en accès limité faute de places disponibles, l’école publique a été privée de cette nécessaire stimulation qui aurait pu la pousser à l’excellence. Preuve en est que, dans l’ouest de la France, où presque la moitié des enfants sont scolarisés à l’école privée, le niveau général du public est plus élevé, car il est contraint à se dépasser pour garder ses élèves.

Alors, si 2024 était la sortie de l’hypocrisie ? Si cette nouvelle année était placée sous le signe du respect de la liberté du choix de l’école par les familles ? On commencerait l’année en faisant faire un considérable bond en avant à l’égalité des chances.

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4 commentaires

  1. Si le chèque scolaire devait être enfin mis en place en France, nous devons nous attendre à une charge en règle de la gauche et des medias grand public. Car l’ennemi est bien l’école privée catholique (surtout hors-contrat) qui peut encore s’opposer à toutes les déviances sociétales telles que le LGBT, l’avortement, la GPA, la transition du genre, l’euthanasie etc… et qui représente la grande majorité des écoles privées.
    Attal saura-t-il résister à ces terribles assauts ? Permettez-moi d’en douter.

  2. L’école catholique n’est qu’un prétexte des “laïcards” pour s’immiscer dans nos vies et tout contrôler, c’est du totalitarisme marxiste dur.

    l’avortement est leur marque de de fabrique, réduire la femme a son seul sexe. Le patriarca des temps moderne.

    ils sont entrain de nous réduire en clone et nous enlever toutes nos libertés

  3. Je ne me lasserai jamais de dire que le numerus clausus limitant l’enseignement privé sous contrat, a eu pour effet de faire baisser le niveau de l’enseignement public, faute de concurrence. Le classement PISA en fait foi.

    Cet arrangement entre Jack Lang et le chanoine Cloupet, limitant le privé à 20 % du public, date de 1984, et il n’y a aucune raison de le maintenir.

    Pour fixer les idées, c’est comme si la France avait gardé la limite de 3 % du marché automobile, pour l’importation des voitures japonaises, instituée par Giscard d’Estaing, pour protéger les constructeurs nationaux. Le résultat était un sous-équipement des voitures françaises vendues en France, par rapport aux voitures exportées.

  4. S’il existe dans notre pays une école publique, c’est que, depuis fort longtemps, existe une école tout court. Ce n’est pas la République qui a “inventé” l’école, ni même Charlemagne qui là “réinventa”.
    L’histoire de l’école remonte à l’antiquité grecque. Tous les Athéniens âgés de sept ans et plus allaient à l’école, pour apprendre, comme les petits français, à lire, à écrire, à compter et à apprendre l’histoire, la philosophie et à pratiquer des activités physiques. Les Jeux Olympiques étant, pour ces enfants, une émulation. D’ailleurs, lors des Olympiades, se tenaient des discussions philosophiques. Le lycée, venant de “Lyceon” était un gymnase situé près d’Athènes, où enseignait Aristote.
    Après l’effondrement de l’Empire romain, grâce à l’Église catholique, l’école a été rétablie. Dans le Capitulaire de Théodulf, évêque d’Orléans, conseiller de Charlemagne ont peut lire : « Que les prêtres tiennent des écoles dans les bourgs et les campagnes ; et si quelqu’un des fidèles veut leur confier ses petits enfants pour leur faire étudier les lettres, qu’ils ne refusent point de les recevoir et de les instruire, mais qu’au contraire, ils les enseignent avec une parfaite charité, se souvenant qu’il a été écrit : Ceux qui auront été savants brilleront comme les feux du firmament, et ceux qui en auront instruit plusieurs dans la voie de la justice luiront comme des étoiles dans toute l’éternité. Et qu’en instruisant les enfants, ils n’exigent pour cela aucun prix et ne reçoivent rien, excepté ce que les parents offriront volontairement et par affection. » La gratuité de l’enseignement ne date pas de Jules Ferry.
    Pendant tout le Moyen Âge et dans toute la chrétienté, l’éducation est confiée aux prêtres et vient ainsi remplacer le modèle laïc de la “paideia” de la Grèce antique. Jusqu’au XIe siècle, ce sont les abbayes – notamment celle de Cluny – qui concentrent l’excellence
    éducative. Les enfants les fréquentant sont généralement nés sur les terres environnantes, mais peuvent parfois venir de loin en raison de la renommée du monastère. Les élèves destinés à intégrer le clergé étudient à l’intérieur du monastère alors que les autres suivent leurs enseignements à l’extérieur, dans une école distincte. Tous les enfants portent le même uniforme et partagent un dortoir. Il est ainsi admis que « le plus grand prince n’était pas élevé avec plus de soin dans les palais des rois que ne l’était le plus petit des enfants de Cluny ».
    L’égalité n’est pas l’apanage des “Lumières”. L’uniforme n’est pas une nouveauté, même si la mode a changé. L’excellence des établissements scolaires ne date pas d’aujourd’hui.
    Enfin, Jean-Baptiste de la Salle (1651 – 1719) sous le règne de Louis XIV (1643 – 1715) va développer des écoles pour l’éducation des enfants du peuple (Les Frères des Écoles Chrétiennes). Les Jésuites occuperont un rôle particulier dans l’éducation en formant l’élite de la nation. S’ils sont expulsés de France en 1762, c’est toujours à l’Église que l’État délègue la formation des enfants sous l’Ancien Régime.
    La République n’a rien inventé. Les laïcards le savent. Voilà pourquoi, ils veulent le cacher.

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