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L'Eglise : Foi

Foi et bien commun face à la modernité

Extraits du 4e chapitre de l'encyclique :

"Assimilée et
approfondie en famille, la foi devient lumière
pour éclairer tous les
rapports sociaux.
Comme
expérience de la
paternité et de la
miséricorde de Dieu,
elle s’élargit ensuite
en chemin fraternel.
Dans la « modernité »,
on a cherché à
construire la fraternité
universelle entre les
hommes, en la fondant
sur leur égalité. Peu à
peu, cependant, nous
avons compris que cette
fraternité, privée de la
référence à un Père
commun comme son
fondement ultime, ne
réussit pas à subsister
.
Il faut donc revenir à
la vraie racine de la
fraternité
. L’histoire
de la foi, depuis son
début, est une histoire
de fraternité,
même si elle n’est pas
exempte de conflits.
Dieu appelle
Abraham à quitter son
pays et promet de faire
de lui une seule grande
nation, un grand peuple,
sur lequel repose la
Bénédiction divine (cf.
Gn 12, 1-3). Au
fil de l’histoire du
salut, l’homme
découvre que Dieu veut
faire participer tous,
en tant que frères, à l’unique
bénédiction,
qui atteint sa plénitude
en Jésus, afin que tous
ne fassent
qu’un. L’amour
inépuisable du Père
commun nous est
communiqué, en Jésus, à
travers aussi la
présence du frère. La
foi nous enseigne à voir que dans chaque
homme il y a une bénédiction
pour moi, que la lumière du
visage de Dieu m’illumine à
travers le visage du frère.
Le regard
de la foi chrétienne a
apporté de nombreux
bienfaits à la cité des
hommes pour
leur vie en commun ! Grâce à
la foi, nous avons compris la
dignité unique de chaque
personne, qui n’était pas si
évidente dans le monde
antique
. Au deuxième siècle,
le païen Celse reprochait
aux chrétiens ce qui lui
paraissait une illusion et
une tromperie : penser que
Dieu avait créé le monde
pour l’homme, le plaçant au
sommet de tout le cosmos. Il
se demandait alors : «
Pourquoi veut-on que l’herbe
pousse plutôt pour les
hommes que pour les plus
sauvages de tous les animaux
sans raison ? ».
« Si quelqu’un regardait du ciel
sur la terre, quelle
différence trouverait-il
entre ce que nous faisons et
ce que les fourmis ou
les abeilles ? ». Au
centre de la foi biblique,
se trouve l’amour de Dieu,
sa sollicitude concrète pour
chaque personne, son dessein
de salut qui embrasse toute
l’humanité et la création
tout entière, et qui atteint
son sommet dans l’Incarnation,
la Mort et la Résurrection
de Jésus Christ. Quand cette
réalité est assombrie, il
vient à manquer le critère
pour discerner ce qui rend
la vie de l’homme précieuse
et unique
. L’homme perd sa
place dans l’univers et s’égare
dans la nature en renonçant
à sa responsabilité morale,
ou bien il prétend être arbitre
absolu en s’attribuant un pouvoir de manipulation sans
limites.

55.

La foi, en outre, en
nous révélant l’amour du
Dieu Créateur nous fait
respecter davantage
la nature
, en nous
faisant reconnaître en
elle une grammaire
écrite par Lui et une
demeure qu’il
nous confie, afin que
nous en prenions soin et
la gardions
; elle nous aide à
trouver des modèles de
développement qui ne se
basent pas seulement
sur l’utilité et sur le
profit, mais qui
considèrent la création
comme un don dont nous
sommes tous débiteurs
;
elle nous enseigne à
découvrir des formes
justes de gouvernement,
reconnaissant que
l’autorité vient de Dieu
pour être au service
du bien commun
. La foi
affirme aussi la possibilité
du pardon, qui bien des
fois nécessite du temps,
des efforts, de la
patience et de
l’engagement ; le pardon
est possible si on
découvre que le bien est
toujours plus originaire
et plus fort que le mal,
que la parole par
laquelle Dieu soutient
notre vie est plus
profonde que toutes nos
négations. D’ailleurs,
même d’un point de vue
simplement
anthropologique, l’unité
est supérieure au
conflit ; nous devons
aussi prendre en charge
le conflit, mais le fait
de le vivre doit nous
amener à le
résoudre, à le vaincre,
en le transformant en un
maillon d’une chaîne, en
un progrès vers l’unité.
Quand la
foi diminue, il y a le
risque que même les
fondements de l’existence
s’amoindrissent, comme le
prévoyait le poète Thomas
Stearns Elliot : « Avez-vous
peut-être besoin qu’on
vous dise que même ces
modestes succès
/qui vous permettent d’être
fiers d’une société éduquée
/ survivront difficilement à
la foi à laquelle ils
doivent leur signification ?
».
Si nous ôtons la foi en Dieu
de nos villes, s’affaiblira
la confiance entre nous
.
Nous nous tiendrions unis
seulement par peur, et la
stabilité serait menacée. La
Lettre aux Hébreux
affirme : « Dieu n’a pas
honte
de s’appeler leur Dieu ; il
leur a préparé, en effet,
une ville » (11, 16).
L’expression « ne pas avoir
honte » est associée à une
reconnaissance publique
. On
veut dire que Dieu confesse
publiquement, par son agir
concret, sa présence parmi
nous, son désir de rendre
solides les relations entre
les hommes. Peut-être
aurions-nous honte d’appeler
Dieu notre Dieu ? Peut-être
est-ce nous qui ne le
confessons pas comme tel
dans notre vie publique
, qui
ne proposerions pas la
grandeur de la vie en commun
qu’il rend possible ? La foi
éclaire la vie en société.
Elle possède une lumière
créative pour chaque
mouvement nouveau de
l’histoire, parce qu’elle
situe tous les événements en
rapport avec l’origine et le
destin de toute chose dans
le Père qui nous aime."

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