Que vaut l’unité de culture de deux personnes face à la réalité des inégalités sociales : quelle unité face à l’analyse marxiste de classes ontologiquement en luttes ?
Quelle différence entre un parti ‘chrétien’ ou ‘royaliste’ et un parti ‘musulman’ pourrait justifier de tolérer l’un et d’interdire l’autre ?
Il est rare d’assister au cours d’une interview politique à des échanges qui touchent des questions fondamentales. C’est le mérite d’Ali Baddou, qui recevait il y a quelques semaines François-Xavier Bellamy, sur le plateau de France Inter.
Voir cette vidéo à partir de la minute 28.
Le poids électoral du royalisme ne menace pas la stabilité de nos institutions ; les catholiques en politique proposent des arguments rationnels, sans chercher à faire de l’Evangile un manuel de politique ; l’Islam fait des revendications communautaires ; la laïcité est née dans la culture chrétienne (à César ce qui est à César, à Dieu ce qui est à Dieu) – répond Bellamy.
Ali Baddou et ses confrères opposent qu’il n’y aurait dans l’espace public pas de revendications de légitimation de la charia, qu’il y a des catholiques qui militent au nom de leur foi, et qu’en définitive seul l’Islam est considéré comme communautaire.
—Deux mots de commentaire de Thomas Jane—
Il est important de relever que le regard chrétien sur la Cité est fondé en raison, et que les chrétiens ne militent pas pour un ordre théocratique.
Pour autant, la première question que pose l’Islam est celle-là même des valeurs de la République : dans la charte islamique des droits de l’homme, il n’y a pas d’égalité ni de fraternité universelles, les droits, et donc les libertés, sont différents selon les statuts – homme, femme, musulman, ou ‘mécréant’.
(Bellamy a horreur du mot ‘valeur’, qu’il relit dans le contexte de ses cours de philosophie, mais Benoît XVI n’hésitait pas à l’employer en un sens éminemment chrétien, nous le garderons donc !)
En outre, l’Islam pose aujourd’hui une question ‘statistique’ : un voile isolé n’est pas gênant, mais des centaines de milliers deviennent un problème majeur – pour ne rien dire des prières de rue, des femmes convaincues de ne pas entrer dans les cafés, etc.
Enfin, dans un contexte de crainte de ‘militarisation du terrorisme’, que le nom le plus donné aux mosquées en France soit ‘El Fatah’, c’est-à-dire la Conquête, devrait faire réfléchir nos journalistes…
Non mais allô Ali ?