Toujours dans l'avion du retour :
«En Argentine, quand on parlait de l'extermination des Arméniens, on utilisait toujours le mot «génocide», je n'en connaissais pas d'autre. (…) Quand je suis arrivé à Rome, j'ai entendu parler des autres mots, «le grand mal», «la tragédie terrible». On m'a alors dit que le mot génocide était offensif et qu'il faut plutôt utiliser les deux autres termes. Mais j'ai toujours parlé des trois «génocides» du siècle dernier: le premier est arménien, le second est celui d'Hitler et il y a celui de Staline. Il y en a un autre en Afrique. J'ai donc questionné: «pourquoi ne pas utiliser le mot génocide» et l'on m'a dit que certains disent que ce n'est pas vrai. Mais j'ai vu aussi que Jean-Paul II avait utilisé les deux termes. Ce que j'ai fait l'année dernière en le citant. C'est mal tombé, il y a eu alors une déclaration de la Turquie qui a rappelé son ambassadeur (…) C'est le droit à la protestation et nous l'avons tous. Dans mon discours en Arménie, le mot génocide ne figurait effectivement pas dans le texte mais après avoir entendu le discours du président, reliant cela avec mon passé argentin et au fait de l'avoir utilisé, l'an passé, à Saint Pierre, il aurait été mal venu de ne pas dire au moins la même chose….
Mais je voudrais aussi souligner une chose: dans ce génocide, comme dans les deux suivants, les grandes puissances internationales regardaient toujours ailleurs. Certaines grandes puissances avaient les photos des voies de chemin de fer qui conduisaient à Auschwitz. Elles avaient la possibilité de bombarder et elles ne l'ont pas fait. Comme pour le génocide arménien on doit poser la question historique: pourquoi vous n'avez pas agi? Je n'accuse pas mais je pose la question. Je ne sais pas si c'est vrai et j'aimerais le savoir mais quand Hitler persécutait les juifs, il aurait dit «qui se souvient aujourd'hui des Arméniens… Faisons la même chose avec les juifs!» En Arménie donc je n'ai pas utilisé le mot «génocide» dans un esprit offensif. C'est un fait objectif.»