C’est le titre d’une analyse publiée dans le Monde daté d’hier. Extraits :
"(…) pour la première fois depuis la guerre soviétique en Afghanistan, Moscou a officiellement lancé une campagne de bombardements aériens contre un Etat souverain (…) C’est l’heure de la revanche russe : le moment choisi par Moscou pour passer à la méthode radicale, la guerre préventive. Avec comme objectif, semble-t-il, de porter un coup d’arrêt définitif à l’expansion de l’OTAN à l’est (…)"
"La guerre, à partir des foyers des régions séparatistes d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie, intervient six mois après la déclaration d’indépendance de la province du Kosovo, que Moscou n’a cessé de dénoncer, sans pouvoir s’y opposer. Mais en prévenant qu’elle ne resterait pas sans conséquences, notamment dans le Caucase (…)"
De nombreux observateurs et hommes politiques (ici, ici ou ici) avaient pourtant prévenus que la proclamation d’indépendance du Kosovo et sa reconnaissance par de nombreux pays (mais pas tous) allaient créer un précédent qui ne serait pas sans conséquences.
La première d’entre elles se joue actuellement dans le Caucase. Cet article de l’ESISC (European Strategic Intelligence and Security Center)sur les conflits gelés du Caucase du Sud le montre :
"La déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo, le 17 février dernier, immédiatement reconnue par les États-Unis puis par la France et une trentaine d’autres pays, dont plusieurs États membres de l’Union européenne, a eu pour conséquence « collatérale », le déclenchement d’un inquiétant processus de réchauffement des « conflits gelés » sud-caucasiens (Haut-Karabakh, Abkhazie et Ossétie du sud)."
Addendum : analyse similaire de Renaud Girard dans le Figaro :
"(…) Au début de cette année, le ministre russe des Affaires étrangères Lavrov avait prévenu solennellement (…) : la reconnaissance du Kosovo constituerait un précédent pour l’Abkhazie et l’Ossétie du sud. Les Américains et leurs grands alliés européens ont eu tort de ne pas le prendre au sérieux, ainsi que d’ignorer l’avertissement très clair que leur lança l’Espagne, inquiète d’une telle violation du droit international."
"Habilement, les Russes utilisent aujourd’hui la même rhétorique que celle utilisée par les Occidentaux au Kosovo en 1999, parlant d’une minorité ossète victime de «génocide» et d’«épuration ethnique». Le droit international existant est sans doute imparfait (…). Mais tant qu’il existe, quiconque le viole s’expose fatalement, un jour ou l’autre, à un sévère retour de flamme."
trahoir
En complément cet autre article du Monde qui montre que les problèmes ne s’arrêteront peut être pas au Caucase et pourraient s’étendre un jour à des départements français :
http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-36517855@7-60,0.html
Il est impossible d’assurer le contrôle d’un peuple “qui ne veut pas de vous”, a-t-il déclaré (il s’agit de l’ancien ministre serbe des Affaires étrangères, Goran Svilanovic) au journal Dnevnik de Novi Sad.
“Si vous avez une minorité nationale homogène sur un territoire, vous ne pouvez pas conserver ce territoire par des moyens non-démocratiques”, a-t-il poursuivi.
CQFD.
Pascal G.
Dans les deux cas, Kossovo et Ossétie, ce sont des populations chrétiennes qui font les frais de ces aberrations occidentales au Kossovo, et russes pour l’Ossétie.
On voit bien au passage que la solidarité ”orthodoxe” invoquée par les Russes à propos des Serbes du Kossovo, ne joue pas du tout de leur part pour les Géorgiens, qui sont orthodoxes comme eux : parallèlement à l’inconscience américaine et à la faiblesse européenne, on mesure le cynisme de l’oligarchie des thermidoriens russes.
Les dirigeant russes -le syndicat des propriétaires privés de Gazprom et autres grandes sociétés pétrolières, dont Poutine- veulent contrôler l’approvisionnement énergétique de l’Europe de l’Ouest. Et la communauté européenne croit à cette illusion que grâce à l’OTAN, les USA la protégeront sans que nous les Européens nous ayont à nous impliquer nous mêmes dans la prise en main de notre destin.
C’est un constat de plus de notre totale démission. Et de l’impuissance militaire, diplomatique et géo stratégique qui en découle.
A Moscou, Nicolas le minuscule sera reçu par le petit Medvedev, et non par le puissant Poutine, qui a provoqué la guerre contre la Géorgie et qui l’ignorera. Voilà à quoi est réduit le président en exercice de l’Europe : bouger sans exister.