Une lectrice belge du Salon Beige nous informe :
Un colloque sur la GPA (Grossesse Pour Autrui) organisé par les partis Ecolo et Groen, s’est tenu à Bruxelles le 30 janvier, dans l’enceinte du Sénat belge.
Le député Benoit Hellings annonce la couleur : il était contre la GPA mais ce n’est plus le cas maintenant. Il précise en introduction que ce colloque est là pour éclairer les députés Ecolo-Groen de Belgique. Prétendant nous présenter un panel équilibré et impartial dans ses opinions, nous voilà confrontés à un plaidoyer pour la GPA.
Ainsi la première oratrice est Candice Autin, Médecin responsable du service PMA-GPA du CHU Saint Pierre à Bruxelles. Elle assure que tout se passe pour le mieux lors des GPA qu’elle pratique.
La seconde oratrice, Véronique Van Asch est juriste. Parmi ses clients des couples qui ont réalisé des GPA en Belgique et à l’étranger. Pour simplifier la vie de sa clientèle, elle souhaite « sans parti pris » une nouvelle loi sur la filiation.
Le troisième orateur, Patrick Wautelet est juriste. Il nous décrit les situations qu’il juge quasi idylliques, là où des pays ont légalisé la GPA (Nouvelle Zélande et Afrique du Sud), et selon lui, c’est très compliqué pour les pays comme la France ou l’Italie qui ont interdit civilement et pénalement la GPA. « Le Cadre législatif en Inde consacre la loi de la jungle » et ceci justifie que la Belgique se dote d'une loi sur la GPA. Le raccourci intellectuel du juriste est saisissant car justement c’est avec des lois sur la GPA comme en Inde ou aux Etats-Unis sur la GPA que les marchés se sont structurés. Ces nouveaux marchés sont une jungle où des hôpitaux et des intermédiaires exploitent des femmes-porteuses.
Après ces quatre nuances de gris sur les nécessités de légiférer sur la GPA, un philosophe le professeur Guido Pennings nous assène le coup final. Tout d’abord, il laisse l’éthique au Comité Consultatif de bioéthique de Belgique. Selon lui, pas besoin de loi. Et laissons tomber l'adage "La mère est celle qui accouche". Cela serait plus simple de changer ce concept dépassé! Et ainsi se règlerait de nombreuses questions qui ferait qu'on n'a plus besoin d'une loi sur la GPA. Il nous fournit un exemple de législation intéressante : avant l’accouchement, la mère d’intention aurait tous les droits, elle ferait ce qu’elle veut quand elle veut : avortement, style de vis… Mais après l’accouchement, les parents d’intention seraient devant la loi les seuls parents, ayant tous les droits sur l’enfant. La loi ne doit avoir aucune restriction. Les hôpitaux sont des structures merveilleuses, il faut leur faire confiance (comme en Inde à l’écouter?). Les centres de PMA décident eux-mêmes de ce qui acceptable ou pas. Tout est possible dans le contrat avec la mère porteuse, et bien entendu la rémunération de la mère porteuse doit être à la hauteur de son travail.
Après une telle argumentation, la conclusion est claire : les députés écolos belges sont sûrement pro-GPA, pro-marchandisation du corps et chosification de l’enfant.
Un débat de 90minutes est prévu, et là surprise. Dès la première intervention, le ton est donné :
« je suis féministe lesbienne et ce que j’ai entendu ici est incroyable. Comment après tous nos combats pour l’émancipation des femmes, peut-on faire de telles propositions de marchandisation du corps des femmes et de chosification des enfants ? ».
Les surprises continuent :
« j’appartiens à Femme Socialiste Prévoyante (section féminine du PS belge). Nous sommes opposés à la GPA qui ne respecte pas la dignité de la mère porteuse, ni ses droits fondamentaux de disposition de son corps pendant toute la grossesse, ni ses droits futurs vis à vis de l’enfant. »
Panique du côté des assistants parlementaires qui ont organisé le colloque, il faut vite envoyer la contre attaque. La Médecin chef du service de l’hôpital de Gand qui pratique des PMA/GPA pour duos de même sexe, vient à la rescousse pour témoigner aussi de sa pratique, « jamais aucun problème ». Un couple commanditaire est venu pour témoigner, la mère porteuse qui est la sœur de la mère d’intention est présente à ses côtés. L’effet sentimental permet de remobiliser la moitié de l’assemblée qui semble plus sensible aux arguments pro GPA.
Les témoignages se succèdent :
« on peut être contre la GPA et souffrir de ne pas avoir d’enfant témoigne une lesbienne, la vie offre d’autres forme de fécondité. Etre Gay n'implique pas que pour se réaliser, il faille un enfant ! »
Autre témoignage poignant de la présidente d’une association belge qui milite pour la fin de l’anonymat de don de sperme ou d’ovocyte en Belgique :
"L’anonymat des origines est contraire aux droits de l’homme".
Deuxième joker des organisateurs : un homme avec son compagnon raconte qu’il a fait un enfant aux Etats-Unis et l’a ramené en Belgique. Son compagnon a fait la demande d’adoption. « Je vais très bien merci », répète-t-il deux fois comme une incantation.
Mais les questions fusent, les féministes, juristes, femmes, hommes, étudiants prennent la parole à tour de rôle pour pointer du doigt les impasses de la GPA. Par exemple :
- L’apparition de contrat abusif pour la mère porteuse, le risque de déclencher un cancer avec cette grossesse.
- Comment garantir que l’enfant aura toujours accès à ces origines ?
- Les risques de développement du tourisme procréatif ou de dérapage avec des mères porteuses étrangères.
- Les conséquences de l’attachement entre l’enfant et la mère porteuse. Les conséquences dans la famille de la mère porteuse.
Une femme qui représente une association de personnes ayant tenté sans succès des PMA/GPA témoigne.
« On ne parle que des succès, idéalisés ! Mais Avez-vous évalué un jour les dégâts pour tous ces couples traités comme des malades plutôt que des amants ? Nous écoutons près de 35.000 personnes qui sont en grande souffrance des conséquences de ces traitements invasifs."
Ces témoignages sont autant de raisons pour une loi qui interdirait la GPA.
Le Prof Petra de Sutter, député Européen Ecolo est gynécologue dans le centre de PMA/GPA de Gand. Ce service pratique des PMA/GPA pour couples, personnes seules, ou duo de personnes de même sexe. Petra de Sutter clôture ce colloque tout en annonçant sa nomination dans un rôle de Rapporteur d’un groupe pour le Conseil de l’Europe. Elle souhaite entendre les arguments pour mieux encadrer la GPA en Belgique. Nous voilà rassuré, le business de la GPA se charge de s’étudier lui-même, en vue de le réglementer pour mieux le développer.
Pourquoi ne pas nommer un directeur de Philip Morris comme rapporteur au conseil de l’Europe pour lutter contre le tabagisme ?