Vittorio Messori répond à 3 questions sur la renonciation de Benoît XVI. Extraits de la traduction de Benoît-et-moi :
"Le 11 Février, jour anniversaire de la première apparition de Notre-Dame
de Lourdes, a été déclaré par son «aimé et vénéré prédécesseur», comme
il l'appelait toujours, la Journée mondiale du Malade. Ratzinger a dit,
dans le latin de la brève et bouleversante déclaration: «je suis parvenu
à la certitude que mes forces, en raison de l’avancement de mon âge, ne
sont plus aptes à exercer adéquatement le ministère pétrinien». […] Quel jour plus approprié, donc, pour prendre acte le monde de
ses propres infirmités de vieil homme que celui dédié à Notre-Dame de
Lourdes, protectrice des malades? Au fond, là aussi, il y a un signe de
solidarité fraternelle pour tous ceux qui, par la maladies ou les
années, ne peuvent plus compter sur leurs propres forces.Mais
pourquoi (c'est la deuxième question) faire l'annonce, ex abrupto,
justement dans un consistoire de cardinaux pour décider la glorification
des martyrs d'Otrante, massacrés par la fureur des Turcs Musulmans?
Nous ne croyons pas qu'il y ait ici un quelconque rappel à la violence
d'un certain islamisme, actuelle aujourd'hui comme au XVe siècle, le
massacre dans les Pouilles. Nous croyons plutôt que ces derniers mois,
Benoît XVI a médité sur le premier et seul cas d'abdication formelle
d'un pape dans l'histoire de l'Église, le 13, Décembre 1294, par
Célestin V. Il y avait eu, dans les «âges sombres» du Haut Moyen Age,
quelques cas de renonciation du pape, mais dans des circonstances
obscures et sous la pression de menaces et de violences. Mais seul
Pietro da Morrone, l'ermite arraché de force de sa cellule et élevé au
Siège Pontifical, abdiqua officiellement en toute liberté, invoquant lui
aussi l'âge plus qu'octogénaire et la faiblesse qui l'accompagnait.
Avant de prendre la décision sans précédent, il avait consulté
discrètement les plus grands canonistes qui lui confirmèrent que la
renonciation était possible, mais qu'il fallait la faire «devant
plusieurs cardinaux». C'est justement ce qu'a décidé Benoît XVI, qui
n'avait que ce précédent auquel se référer: précédent d'ailleurs,
spirituellement sûr, puisque le bon Pierre fut déclaré saint par
l'Église et n'avait pas vraiment mérité l'accusation de «lâcheté» lancé
contre lui par le gibelin Dante pour des raisons politiques. En somme,
en l'absence d'autres règles, Papa Ratzinger, toujours respectueux de la
tradition, s'est référé à celles établies il y a huit siècles par le
confrère dont il voulait partager le destin. […]Mais pour en venir à
la troisième question, pour quelle raison, après un court séjour à
Castel Gandolfo (désert, et donc disponible pendant le siège vacant)
l'ex-Benoît XVI prendra-t-il sa retraite dans ce qui a été un monastère
de clôture, dans les murs du Vatican? […] Ainsi, son service à la Catholica non
seulement se poursuit, mais dans la perspective de la foi, il devient
encore plus important: s'il n'a pas choisi un ermitage loin – peut-être
dans sa Bavière natale ou dans ce Mont-Cassin auquel pensait Papa
Wojtyla comme ultime refuge – c'est peut-être pour témoigner, même avec
la proximité physique de la tombe de Pierre, combien il veut rester
proche de l'Eglise à laquelle il veut se donner jusqu'au bout. Ce n'est
pas non plus un hasard , bien sûr, d'avoir privilégié des murs
imprégnés de prière comme ceux d'un monastère de clôture. Toutefois, si
l'installation au Vatican s'avérait stable, la discrétion proverbiale de
Joseph Ratzinger assure qu'il n'y aura aucune interférence avec le
gouvernement de son successeur. Nous sommes tout à fait certains qu'il
rejetera le rôle d'un «conseiller», chargé d'années mais aussi
d'expérience et de sagesse, même s'il devait y avoir des demandes
explicites du nouveau pape régnant. Dans sa vision de la foi, le seule
vrai «conseiller» du pape, c'est cet Esprit Saint qui, sous les voûtes
de la chapelle Sixtine, il a pointé son doigt sur lui.Et
c'est justement dans cette perspective religieuse qu'il y a peut-être une
réponse à une autre question: n'aurait-il pas été plus "chrétien" de
suivre l'exemple du bienheureux Jean-Paul II, c'est-à-dire la résistance
héroïque jusqu'à la fin, plutôt que celui du saint Célestin V ? Grâce
à Dieu, il y a beaucoup d'histoires personnelles, beaucoup de
tempéraments, de destins, de charismes, de façons d'interpréter et de
vivre l'Évangile. Grande, quoi qu'en pensent ceux qui ne la connaissent
pas de l'intérieur, grande est la liberté catholique. Plusieurs fois, le
Cardinal m'a répété, dans les conversations que nous avons eues au fil
des ans, que ceux qui s'inquiètent trop de la situation difficile de
l'Eglise (et quand ne l'a-t-elle pas été) montrent qu'ils n'ont pas
compris qu'elle est au Christ, que c'est le corps même du Christ. A Lui,
il revient de la diriger et, si nécessaire, de la sauver. «Nous – me
disait-il – nous sommes seulement, parole d'Evangile, des serviteurs,
parfois inutiles. Il ne faut pas trop nous prendre au sérieux, nous ne
sommes que des instruments et, en outre, souvent inefficaces. Ne nous
tourmentons pas, par conséquent, pour l'avenir de l'Église: faisons
notre devoir jusqu'au bout, le reste c'est à Lui d'y penser».Il y
a aussi, peut-être plus important encore, cette humilité, dans la
décision de passer la main: l'instrument est épuisé, le Seigneur de la
moisson (comme il aime à l'appeler, selon le mot de l'Evangile) a besoin
de nouveaux travailleurs, qui sont là, tant qu'ils sont conscients bien
être de simples subordonnés. Quant aux vieux, une fois épuisés, ils
donnent leur travail le plus précieux: l'offrande de la souffrance et
l'engagement plus efficace. Celui de la prière inépuisable, en attendant
l'appel à la maison définitive."
Dubois Claude
Nous faisons confiance à l’Esprit Saint, mais les mots de Saint Paul nous reviennent à la mémoire: “désormais vous ne verrez plus mon visage” et c’est une grande tristesse
Bourbonnaise
Tout cela est vrai mais cela ne m’empêche pas d’avoir le sentiment d’être abandonnée au milieu de la tempête.
Personnellement, je n’ai plus d’évêque parce que l’ancien, nommé ailleurs fin août, n’a pas encore été remplacé, plus de curé parce que celui de ma paroisse est mort fin novembre… et maintenant plus de Pape.
Comment ne pas se sentir abandonné de Dieu et des hommes en ces temps si sombres ?
Bob
@Bourbonnaise
À la mort du Bienheureux Jean-Paul II, nous n’avions plus d’évêque non plus car il a été nommé ailleurs. Le curé de notre paroisse était quant à lui très malade. L’Esprit Saint a donné à l’Église un nouveau pape et à notre diocèse un nouvel évêque. Peu de temps après, notre curé s’est rétabli. Prenez courage dans le Seigneur, il n’oublie aucune de ses brebis bien aimées.
Oui, que notre confiance dans Celui qui dirige et qui sauve son Église demeure intact.
Myriam
Nous l’aimons notre Saint Père, et nous prions pour le prochain…
je réponds à Claude, si vous n’avez plus de prêtre dans votre paroisse, allez à la messe dans une autre paroisse…mais surtout ne nous laissons pas envahir par les laïcs qui jouent au “petit curé”.
Aidons nos prêtres, écoutons leurs demandes, balayons leurs églises pour Pâques par exemple…
ere
Je vous signale une attaque ce matin de femen dans notre Dame de Paris,
Commme par hasard la presse était là!
cad
Peu de papes sont arrivés à l’age de 86 ans ,LEON XIII dans les derniers siécles et
il est possible de douter du bien fondé du “ralliement”.La precaution du Saint Père est pleine de sagesse.
Yves Willemaers
Il est difficile de ne pas ressentir cette renonciation comme un mauvais signal. Déposer le fardeau en ce moment précis alors qu’on est censé être Pierre semble être un geste peu exemplaire.
Jean Ferrand
Vittorio Messoni ignore l’histoire de l’Eglise. Le dernier pape à avoir démissionné est Grégoire XII en 1415 au sein du concile de Constance.
En réalité il a démissionné par procurateur après avoir reconvoqué le concile au nom de la papauté légitime. Il s’est dévêtu de ses habits pontificaux quand il a appris la nouvelle dans sa résidence de Venise où il s’était retiré. Il a vécu jusqu’en 1417, mais il n’a pas connu son successeur Martin V, qui a mis fin au Grand Schisme.
Après son abdication, il a toujours fait preuve d’une grande sérénité et d’une parfaite confiance en la Providence.