Le chroniqueur religieux du Monde revient sur la très riche interview de Benoît XVI par les télévisions allemandes (voir les posts de Lahire ci-dessous). L’article est convenable, sauf (parce qu’avec M. Tincq il y a toujours un "sauf") l’opposition fantaisiste que dresse le journaliste entre Benoît XVI et Jean-Paul II.
PS : Une lectrice s’interroge sur les paroles attribuées au Pape dans l’article de Tincq. Lahire nous redonne les textes originaux mettant en évidence le grave détournement des propos du Pape dont M. Tincq se rend une nouvelle fois coupable. Voir tout cela dans les commentaires ci-dessous.
Eloi
Il faut se méfier du Tincq qui dort…
Marie
“Si l’on enseigne seulement la façon de construire et d’utiliser des techniques – par exemple le mode d’emploi des contraceptifs -, alors il ne faut pas s’étonner si l’on se retrouve avec des guerres ou des épidémies de sida. Il faut, dans le même temps, former les cœurs, c’est-à-dire permettre à l’homme d’acquérir des repères, et lui apprendre à employer correctement les techniques.”
Le Saint-Père a-t-il vraiment dit cela ou bien est-ce une réinterprétation de Tincq ou encore une traduction extrapolée?
La phrase est en effet des plus ambiguë (pour ne pas dire plus!), et pour le moins difficile à imaginer dans la bouche de Benoît XVI, même en tant que lapsus…
La phrase en effet, signifie, en bon français (et je n’irai pas jusqu’à soupçonner Tincq de méconnaître sa propre langue), qu’ “il faut” [enseigner] “la façon de construire et d’utiliser des techniques”, entre autres, et c’est là que le bât blesse, “le mode d’emploi des contraceptifs” (exemple parfaitement irrecevable pour un catholique…) et “dans le même temps former les coeurs…”, la première proposition étant donc envisagée comme acceptable…
Merci de ne pas voir dans ce post autre chose qu’une demande d’information.
Lahire
@ Marie :
Vous avez raison de souligner cette interprétation de Tincq qui manipule les propos du saint Père avec une agilité de faussaire. Benoît XVI n’a effectivement jamais dit cela.
Voyez ici la totalité de l’interview : http://www.evangelium-vitae.org/jeux/jeu.php?page=page_actu&ancre=1316
ou si vous préférez, voici la réponse du Pape :
“Justement, c’est le problème: est-ce que nous insistons vraiment tant que cela sur la morale? Moi je dirais – et j’en suis toujours plus convaincu après mes entretiens avec les évêques africains – que la question fondamentale, si nous voulons faire des pas en avant dans ce domaine, c’est l’éducation, la formation. Le progrès ne peut être authentique que s’il rend service à la personne humaine et si la personne humaine elle-même grandit, non seulement au niveau de son potentiel technique, mais aussi de ses capacités morales. Et je crois que le vrai problème dans la conjoncture historique actuelle c’est le déséquilibre entre la croissance incroyablement rapide de notre potentiel technique et celui de nos capacités morales, qui n’ont pas grandi de manière proportionnelle. C’est pourquoi la vraie recette c’est la formation de la personne humaine, c’est, selon moi, la clef de tout, et c’est aussi notre option. Et cette formation – pour être bref – a deux dimensions : tout d’abord naturellement nous devons apprendre, acquérir des connaissances, des compétences, know how comme ont dit. L’Europe, et au cours des dernières décennies l’Amérique, ont fait beaucoup dans cette direction, et c’est très important. Mais si on se limite à propager uniquement le know how, si on enseigne seulement la façon de construire et d’utiliser les machines, et le mode d’emploi des contraceptifs, alors il ne faut pas s’étonner si on finit par se retrouver avec des guerres et des épidémies de SIDA. Nous avons besoin de deux dimensions: il faut dans le même temps la formation des coeurs – si je peux m’exprimer ainsi – qui permet à la personne humaine d’acquérir des repères et d’apprendre aussi à employer correctement sa technique. Voilà ce que nous essayons de faire. Dans toute l’Afrique et aussi dans de nombreux pays d’Asie, nous avons un vaste réseau d’école à tous les degrés, où on peut avant tout apprendre, acquérir de vraies connaissances, des compétences professionnelles, et donc obtenir l’autonomie et la liberté. Mais dans ces écoles nous cherchons justement non seulement à communiquer du know-how, mais à former des personnes humaines, qui aient envie de se réconcilier, qui sachent qu’il faut construire et non détruire, et qui aient les repères nécessaires pour savoir vivre ensemble. Les évêques ont institué avec les musulmans des comités communs pour voir comment on peut créer la paix dans les situations de conflit. Et ce réseau d’écoles, d’étude et de formation humaine, qui est très important, est complété par un réseau d’hôpitaux et de centres d’assistance qui rejoint de façon capillaire les villages les plus reculés. Et en de nombreux endroits, malgré les destructions de la guerre, l’Eglise est la seule force qui soit restée intacte. Voilà la réalité! Et là où on soigne, où on soigne aussi le SIDA, on offre aussi une éducation, qui aide à nouer de justes rapports avec les autres. C’est pourquoi je crois qu’il faudrait corriger l’image selon laquelle nous ne faisons que semer autour de nous des « non » catégoriques. En Afrique, justement, on travaille beaucoup, afin que les diverses dimensions de la formation puissent s’intégrer et afin qu’il soit possible de surmonter la violence et les épidémies aussi, parmi lesquelles il faut citer également le paludisme et la tuberculose”.
Riton Tincqékon
On trouve cet interview en audio et video ici : http://www.br-online.de/papst-besuch/benedikt-interview/index.xml
Il faudra que quelqu’un la mette sur Emule
gindrou
Au bout du deuxième <>, j’ai renonçé a comprendre ce qu’il voulait dire.
J’en reste donc à la version de Tincq, bien plus simple.
Anonyme
Au bout du deuxième Know how, j’ai renonçé a comprendre ce qu’il voulait dire.
J’en reste donc à la version de Tincq, bien plus simple.
(pourquoi les guillemets ne s’affichent pas correctement avec son contenu ?)