John C. Wright, marié avec trois enfants, fait les fins de mois en écrivant des manuels d’informatique, mais il est davantage connu comme écrivain de science fiction : sa trilogie « L’âge d’or » et la série La Guerre des Mondes.
Wright naquit en 1961 et eut une jeunesse « introvertie, pleine de livres, irreligieuse, nullement sportive ». Ses parents étaient luthériens mais cessèrent de le conduire à l’église quand il eut 7 ans, et seul demeurait un certain christianisme culturel. Il raconte :
«Durant de nombreuses années j’ai été athée, et un athée véhément, argumentatif et prosélyte ; je ne voyais aucune autre possibilité dans une pensée logique. J’étais un champion de l’athéisme, je donnais des arguments en sa faveur si convaincants que trois de mes amis abandonnèrent leurs croyances religieuses à cause de ma force de persuasion, et mon père cessa d’aller à l’église. »
« Ma récente conversion au christianisme fut un miracle, causé par une révélation surnaturelle, qui apaisa mon scepticisme et sauva ma vie. A ma surprise, je découvris que je demeurais un penseur parfaitement logique. Je soutiens qu’il est insuffisant d’affirmer que vu que le raisonnement humain ne trouve pas d’évidence d’un Etre Divin, cet Etre n’existe pas. La conclusion adéquate serait que les hommes, sans l’assistance et l’intervention d’un être divin, ne peuvent parvenir à le connaître : une conclusion que même les athées, je pense, admettront. »
En novembre 2003, à 42 ans et après de nombreuses années de débats avec des amis athées, Wright en vint à une conclusion : sauf en ce qui concerne le surnaturel et l’existence de Dieu, « mes collègues athées se trompaient de façon affreusement comique dans n’importe quel point basique de philosophie, d’éthique et de logique, tandis que mes odieux ennemis chrétiens avaient raison. » ils avaient raison, sauf en référence à Dieu et à la religion.
«Etant un philosophe, non un pédant, je soumis le problème à une preuve empirique. Pour la première fois de ma vie j’ai prié ; je dis : « cher Dieu, il n’y a pas de forme logique selon laquelle tu puisses exister, et même si tu apparaissais devant moi en chair et en os, je te prendrais pour une hallucination. Il ne me vient aucune forme ou évidence, claire ou confuse, qui me démontre ton existence. Mais les chrétiens disent que tu es indulgent, mais que mon manque de foi en toi me condamnera inévitablement. Si, comme ils disent, mon salut t’importe, et si comme ils disent, tu es savant et tout puissant, tu peux me le démontrer bien que je sache que c’est logiquement impossible. Merci d’avance pour ta coopération dans cette affaire. John C. Wright. »
Trois jours passèrent. Wright était serein et satisfait de se trouver « logique, objectif et à l’esprit ouvert. » Et alors l’événement arriva. Selon ses mots :
«Sans préavis, j’ai eu une attaque au cœur, je tombai au sol, criant et moribond. Puis je fus sauvé d’une mort certaine par la foi. Après quoi je sentis que l’Esprit Saint entrait en mon corps, puis immédiatement je pris conscience de mon âme, une part de moi dont je ne connaissais pas encore l’existence. La Vierge Marie me visita, puis Son Fils, Son Père, sans mentionner d’autres esprits durant plusieurs jours, avec des périodes d’extase divine et une conscience de l’unité mystique de l’univers… »
« Et environ une semaine plus tard, je vécus une expérience religieuse par laquelle j’entrai dans l’esprit de Dieu et je vis l’indescriptible simplicité et complexité, amour, humour et majesté de Sa pensée, et je fus saisi d’un plaisir bien au-delà de toute compréhension, et je compris l’unité subjacente à toutes choses, et le paradoxe du déterminisme et de la volonté libre s’éclaircit pour moi, comme la nature symphonique de la prophétie. Me fut montrée la structure du temps et de l’espace. »
« Puis le Christ dans une vision me dit que Lui serait mon juge, et que Dieu ne juge pas l’homme. Je l’ai expliqué à mon épouse ; et un mois plus tard, alors que pour la première fois je lisais la Bible – au-delà du minimum requis à l’école – je trouvai le paragraphe de Jean (5,22) que jamais je n’avais vu avant, qu’aucun chrétien ne m’a mentionné, où il dit la même chose dans les mêmes mots. Puis j’ai vu comment des prières étaient exaucées miraculeusement, si bien que maintenant cela me paraît une chose routinière normale, plus qu’un acte extraordinaire de foi. »
« Ce que je vis fut simple comme l’amour lui-même, et tout aussi mystérieux. Ce ne fut pas une vague lumière ou une sensation diffuse que je trouvai, mais des personnes avec qui je parlai, un esprit, un apôtre, la Dame, le Paraclet, le Messie, et le Père. L’Esprit Saint entra en mon âme, je le sentis y pénétrer, et quelque chose changea en moi : la grâce fut versée en moi comme dans une petite coupe, un vin alchimique qui change le laiton en or.
« Ce n’est pas une mais six expériences, dans un laps de plusieurs mois, et qui continuent encore aujourd’hui. J’ai eu des visions et expérimenté des miracles, j’ai vu des prières exaucées des choses encore plus extraordinaires arriver. Un seul événement surnaturel serait suffisant pour convaincre un athée honnête de l’existence de quelque chose dans l’univers qui ne pourrait être contenu dans le modèle matérialiste, scientifique. J’ai eu une demi douzaine de telles expériences, chacune différente dans leur nature, durée et types : une honteuse évidence ; accablante ; définitive. Je n’ai pas trouvé un dieu générique, le dieu des philosophes, ou quelconque Etre de Lumière de la New Age. J’ai trouvé trois personnes de la Trinité, l’une après l’autre.
Et Marie. J’ai parlé avec elle. Je voudrais pouvoir vous parler de sa tendresse, sa simple et modeste bonté de cœur. Elle est plus haute que toute autre reine, elle vit dans la joie éternelle, et les esprits lumineux l’entourent comme des chandelles votives, mais j’aimerais pouvoir faire quelque chose, n’importe quoi pour apaiser les douleurs qu’elle connut durant sa vie. Pauvre femme. Pauvre, pauvre femme. Si tout cela fut une hallucination, si tout ceci fut de la folie, même ainsi j’y croirais véritablement, seulement pour l’infime possibilité de la voir de nouveau dans le ciel, et tenir à nouveau sa main. Ses mains étaient les mains calleuses d’une esclave. »
Que se passe-t-il lorsqu’un homme se considérant logique et rationaliste, capable de s’asseoir pour méditer dans les hauteurs de la logique ou pour écrire d’ambitieuses histoires de science fiction, avec des argumentations détaillées, découvre Dieu par pure grâce mystique ? Une tentation est de tomber dans le fidéisme et de mépriser la pensée rationnelle. Mais Wright découvrit que dans le catholicisme la raison et la logique sont prise en compte, et que seuls les fondamentalistes (athées ou chrétiens) la méprisent.
«Le christianisme est en fait une meilleure philosophie que la philosophie même. C’est une vision du monde rationnel, auto suffisante et riche de sens, une vision qui promeut la vertu et l’honnêteté, et en même temps une attitude philosophique face à la souffrance. La philosophie païenne, comme celle d’Aristote et de Platon, appelait les hommes à vivre et à mourir comme des hommes aux âmes grandes, comme des stoïques, et à vivre de manière honnête et honorable, sans crainte : mais leur monde était tel que la peur est rationnelle et que le moteur immobile ne se bougera pas pour te sauver. Le stoïcisme, la doctrine d’Epictète et de Marc Aurèle, Sénèque et Cicéron, explique logiquement pourquoi est-il mieux de vivre suivant la Nature, mais ne prodigue pas à l’âme les armes nécessaires pour le faire. La philosophie moderne, les spéculations et passetemps de Rousseau, Nietsche, Sartres, Marx, Russell, Wittgenstein, c’est du déchet, et un enfant à l’école peut déceler les contradictions, le manque d’humanité, et les postulats absurdes dans leur travail. Le christianisme fait tout ce que ces penseurs proposent de faire, et de plus il te délivre les cathédrales et la Passion selon St Jean, la Nativité et John Milton. »
« La religion chrétienne attribut une importance à la raison que les autres religions, sauf le judaïsme, ne partagent pas, ou pas au même niveau. Aucune d’elles ne mentionne le LOGOS, le principe rationnel, la parole, qui émane directement du Père. L’incarnation fait du Dieu chrétien un dieu plus humain et humanitaire que le Dieu que nous voyons dans l’Ancien Testament ou dans le Coran. Le Dieu de la Trinité n’est seul.
«Le christianisme semble s’ajuster davantage au mode de vie réelle, par rapport aux autres religions, du moins selon mon humble appréciation. Il y a une préoccupation et un amour pour les enfants que je n’ai pas remarqué dans les autres religions, une sainteté du mariage, une préoccupation pour la vie humaine, pour la monogamie, pour la valeur de l’individu, plus essentielle à la tradition chrétienne qu’aux traditions des autres religions. La chrétienté abolit l’esclavage dans le monde, elle inventa la science (l’argumente avec des clercs comme Copernic, Mendel, Lemaître, Albert Le Grand, Roger Bacon, Pierre Gassendi, Boskovich, Marin Mersenne, Grimaldi, Oresmes, Buridan, Grosseteste, Clavius, Nicolas Stenon, Atanasius Kircher et des laïcs catholiques comme Galilée, Descartes, Pasteur, Pascal, Ampère, Coulomb, Fermat, Lavoisier, Volta, Cauchy et Pierre Duhem). Si le christianisme était ennemi de la science, l’occident serait la plus en retard des puissances technologiques, et les chinois, avec le pragmatique et mondain Confucius, seraient les leaders. »
Quant aux arguments que me donnèrent mes amis et connaissances athées en réponse à ce témoignage, ils demeurent décevants.
«J’étais l’un des vôtres et j’étais très bon à mon travail, et vous me faites honte avec la faiblesse et l’idiotie de vos tentatives pour réaliser ce qu’auparavant je réussissais aussi bien. »
« Poser comme argument que les miracles sont incroyables parce qu’on ne peut pas y croire, est moins persuasif qu’il aurait pu y sembler à première vue, surtout quand on le dit à un sceptique qui se retrouve pourtant témoin de plusieurs miracles, prières exaucées, visions, expériences religieuses, prémonitions de faits avant qu’ils aient eu lieu, etc… Evidemment, moi qui ai vu les miracles ex posteriori, ne peux adopter a priori la position de dire que les miracles ne peuvent exister, pas sans renoncer à mon intégrité de philosophe et mon honneur d’homme. »
Bientôt 8 années ont passé depuis son expérience mystique et sa guérison miraculeuse de l’attaque au cœur. Wright continue à écrire des romans de science fiction (et des manuels d’informatique). Mais il a signé avec un éditeur le projet d’un livre d’apologétique chrétienne.
«Mon projet est de faire alterner dans chaque chapitre des lettres entre mon ancien moi et mon moi actuel ; ainsi pourra se développer un dialogue théiste-athée sans qu’interfère la personnalité du philosophe, c’est-à-dire ici la mienne. Pour l’instant le livre s’intitule « Livres du lendemain ».