Le Père Antoine Kitandja Lokavu est prêtre du dioèce de Tshumbe en République démocratique du Congo et membre de la Communauté de l'Emmanuel. Extrait de son témoignage, quelques mois après son ordination sacerdotale :
"Je suis né dans une famille nombreuse : 48 enfants. Mon père était polygame. Mon village n’avait pas connu l’évangélisation. J’ai rencontré un prêtre pour la première fois à l’âge de 15 ans. Il était venu avec une Toyota. Tandis qu’il prêchait l’Évangile et célébrait la messe, moi, comme beaucoup d’autres jeunes, nous nous intéressions plutôt à sa voiture! Il y avait tellement de monde autour que j’ai été obligé de monter dans un arbre pour pouvoir la voir ! Après l’avoir longuement observée, je suis allé suivre l’homélie. Il disait : «Jésus est quelqu’un de vivant, il est mort, il est ressuscité, il va vous libérer de vos péchés et vous donner la vie éternelle.» Ce discours était tellement inattendu pour moi que je l’ai traité de fou.
Après la messe, je lui ai demandé comment Jésus pouvait me donner la vie éternelle puisqu’il était déjà mort. Il a pris son temps pour m’expliquer, me faire une mini catéchèse, me résumer la vie de Jésus. Plus il parlait, plus j’étais touché par ses explications. À la fin, je lui ai demandé: «Que dois-je faire pour que Jésus me donne la vie éternelle?» «Fais-toi baptiser», m’a-t-il répondu.
Pour suivre le catéchuménat, je faisais 56 km à pieds (du village à la paroisse Sainte Marie de Tshumbe). Après trois ans, en 1980, j’ai été baptisé. J’avais presque 17 ans."
"Le prêtre voyant mon enthousiasme m’a dit: «Antoine, je te garde une semaine à la paroisse même si on n’a pas grand chose à manger pour que tu puisses approfondir la grâce de l’eucharistie avant de retourner dans ton village natal.» Pendant cette semaine, j’ai été vraiment interpellé et j’ai reçu l’appel au sacerdoce. À la fin de la semaine, je lui ai demandé si je pouvais aller au petit séminaire. Il m’a dit: «Je ne doute pas de ta vocation, mais je crois qu’il faut que tu ailles voir ta famille.» Ma mère s’est opposée dans un premier temps à mon projet. Mais mon père m’a donné la permission. Maman a dû se taire. Évidemment, ni mon père ni ma mère n’étaient baptisés.
Je suis rentré au petit séminaire mais tombé malade, je n’ai pas pu continuer. En 1983, j’ai rencontré le père Bernard Peter et la communauté de l’Emmanuel. Le père Bernard me suivait spirituellement. Il m’a permis de faire l’école d’évangélisation de Paray-le-Monial, puis je suis allé au séminaire de Paray et d’Aix-en-Provence." [Lire la suite]