Selon des chercheurs américano-suisses ayant publié une nouvelle étude sur l’élection d’Hitler par 38,7% des Allemands en mars 1933, le corps électoral allemand de l’époque se démarque par une grande disparité. Ces chercheurs en sciences sociales, statistiques, mathématiques et économiques ont travaillé de concert pour découvrir qui, d’un point de vue spécifiquement économique, avait intérêt à voter pour Hitler.
La recherche confirme notamment (mais on le savait, comme le montrent les cartes ci-contre –cliquer pour agrandir) que les nazis ont eu moins de succès électoral dans les régions catholiques que dans les régions protestantes. Pour le professeur Wagner, l’Eglise catholique soutenait activement les partis d’obédience catholique en argumentant sur leur travail social.
Michel Janva (merci à AJM)
Polydamas
Une autre carte à verser au dossier.
http://www.electoralgeography.com/new/en/wp-content/gallery/germany1932/bonokath3dnazi327.gif
Plus c’est haut, plus la région est catholique, plus c’est rouge, plus la région a voté pour Hitler. Les sources sont ici:
http://www.electoralgeography.com/new/en/countries/g/germany/weimar-germany-legislative-election-1932-november.html
Le tout vu sur ce bon billet de Koz chez Rue89: http://www.rue89.com/2008/10/02/quand-un-rabbin-rehabilite-pie-xii-pretendu-pape-dhitler
Philippe Edmond
L’analyse proposée en lien est intéressante, mais il faut la complèter avec les analyses d’Emmanuel Todd sur ce sujet.
Le parti national socialiste gagne surtout les voix des régions et des électeurs socio-démocrates et nationalistes
Entre 1928 et juillet 1932, le NSDAP (Parti national-socialiste des travailleurs allemands) passe de 2,6 % à 37,4 % des suffrages. Quelques coefficients de corrélation associant vote nazi en 1932 et vote pour les autres partis en 1928 permettent de mesurer l’affinité entre les diverses tendances et le nazisme (35 districts)
Coefficient de corrélation
SPD (parti social-démocrate) r = + 0,64
DNVP (droite nationaliste) r = + 0,57
KPD (parti communiste allemand) r = -0,25
Zentrum (catholique) r = -0,69
Source des données électorales de base : Milatz A., Wahler und Wahlen in der Weimaren Republik, Bonn, 1965.
le nazisme avant de devenir un phénomène de pouvoir fut une mutation électorale : en 1932, le NSDAP (parti national-socialiste des travailleurs allemands) atteint le tiers des suffrages exprimés. De tous les partis politiques de la République de Weimar, il est celui dont l’implantation est la plus nationale, la moins régionalisée. Pourtant, une analyse systématique des corrélations associant le poids par district du NSDAP en 1932 et la force des grandes tendances allemandes dans l’époque qui a précédé sa croissance, en 1928 – droite nationaliste, sociaux-démocrates, catholiques – révèle une coïncidence géographique maximale entre la social-démocratie et le national-socialisme. L’utilisation systématique du coefficient de corrélation permet ici d’échapper à deux lieux communs, complémentaires : le nazisme aurait été une mutation hystérique de la droite allemande ; le nazisme serait une version nationaliste du totalitarisme communiste. La corrélation est maximale avec la social-démocratie, forte avec la droite, nulle avec le parti communiste, négative avec le Zentrum catholique.
Soulié
La deuxième carte est celle d’un vote de 1932. Il serait plus pertinent de montrer une carte d’un vote de 1933.
Feravec
Votes de 1932 et 1933 ( suite à la remarque de Soulié )
En 1933, Hitler était chancelier, Goebbels s’était assuré de la radio d’Etat. En Prusse, les SA et les SS était devenus des auxiliaires de police. Après l’incendie du Reichstag ( 27 Février 1933) , les journaux avaient été suspendus, les meetings interdits, 4 000 membres du KPD ( parti communiste ) arrêtés.( selon Wikipedia )
On peut dire que les élections de 1932 ont été les dernières élections “normales”
Historien
Je ne puis que souscrire aux propos de Feravec !
En Allemagne, lors de la République de Weimar (19 janvier 1919 – 30 janvier 1933) qui était une démocratie, le meilleur score obtenu par les nationaux socialistes (13 732 000 voix = 37,4 % des suffrages et 230 sièges) date des élections du 31 juillet 1932. Cela correspond à la carte des élections visible sur le Salon beige.
Le 30 janvier 1933, Hitler devient chancelier et, le 1er février 1933, le président Hindenburg dissout le Reichstag qui est ensuite incendié le 27 février 1933. Le 28 février 1933, 4 000 cadres communistes et des dirigeants socialistes sont arrêtés. La radio est un monopole d’Etat dans les mains du régime national socialiste. La moindre réunion non nationale socialiste est interdite en Prusse…
Dans le contexte de ce qui devient une dictature, les seules élections de 1933 datent du 5 mars. Les nationaux socialistes y obtiennent 17 277 000 voix (= 43,9 % des suffrages et 288 sièges).
Certes le score du 5 mars 1933 est meilleur pour les nationaux socialistes que leurs résultats électoraux de 1932 mais c’est dans le contexte d’une dictature qui se met en place. Aussi paraît-il plus opportun de se référer à la carte des élections du 31 juillet 1932.