Jusqu’ici, il avait fallu essentiellement compter sur la presse de gauche pour remarquer la disparition de l’écrivain. Ce n’est plus le cas :
Bruno de Cessole (Valeurs actuelles) :
Afin de jeter l’opprobre sur celui qui ridiculisait avec autant d’insolence que de drôlerie l’infantilisation des esprits, le charabia du langage, la “festivisation” de l’humanité, l’idolâtrie du jeunisme, la transgression érigée en norme, l’éradication du passé, le pouvoir matriarcal, la traque vertueuse de toute forme de malpensance, les chiens de garde de l’Empire du Bien l’avaient catalogué comme “nouveau réactionnaire”. Si être “réac” c’est s’horrifier de la vandalisation de notre civilisation et de ses fondements judéo-chrétiens, de l’amnésie collective et bienheureuse, « rien ne me paraît plus honorable », rétorquait l’écrivain.
Ivan Rioufol (Le Figaro):
La mort de Philippe Muray, 60 ans : cet écrivain mal connu, étiqueté «réac» par les «mutins de Panurge», dénonçait avec acuité, drôlerie et érudition, le conformisme «citoyen» de l’époque. Un modèle.
Gérard Leclerc (France catholique):
[L]e positivisme a eu pour conséquence directe l’expansion d’un irrationalisme occultiste dont Philippe Muray a souligné dans son œuvre l’expansion moderne et contemporaine. Voilà qui nous donne l’occasion de saluer la mémoire d’un homme souverainement libre, dont la rude franchise a ébranlé le conformisme bien-pensant. Une de ses leçons les plus actuelles pourrait tenir en une formule. Il y a certes un bienfait des Lumières, mais l’esprit ne leur appartient pas. L’Esprit est d’un autre ordre, qui ne passe pas.
Qu’il s’agisse d’Internet, des téléphones de poche, de la guerre de l’Otan en Yougoslavie, des avant-gardes, des écrivains-voyageurs, du sport ou de l’an 2000, Philippe Muray ne fit jamais profession de flatter ses contemporains. Ce qui ne le rend pas pour autant nihiliste, comme le prétendent certains factieux payés à la ligne. Ni un grincheux. A Paris, l’écrivain en colère habitait d’ailleurs rue de la Gaieté.
furgole
Un géan ! La douleur de son départ est renforcée par le regret de ne pas l’avoir connu en personne quand il était là pour lui apporter la chaleur de notre admiration et de notre reconnaissance.