Une des questions qui taraude forcément les sympathisants pro-vie est : si les gens savaient – s’ils savaient que le foetus pleure, par exemple – nous rejoindraient-ils dans le combat pour l’abolition de l’avortement ? Ou est-ce que les coeurs et les esprits sont si endurcis que cela ne changerait rien ?
Deux sondages américains, commentés par le Père Neuhaus dans la revue First Things, semblent indiquer qu’une part, au moins, du soutien pour l’avortement légal est fondé sur l’ignorance.
Le premier, mené par Louis Harris en mars dernier, montrait que le nombre de gens qui se sentaient proches des "pro-vie" était de 42 %, soit le plus fort pourcentage depuis 1992, et que 47 % s’opposaient à la loi actuelle, soit le plus fort pourcentage depuis 1973 et l’arrêt Roe vs Wade.
Mais le Père Neuhaus fait remarquer que la question posée par Harris prétend que l’arrêt Roe vs Wade légalise l’avortement dans les "trois premiers mois" de la grossesse, ce qui est faux : il le légalise jusqu’au neuvième mois inclus. Quand la question est posée dans le même sondage, 72 % se déclarent pour l’interdiction au deuxième trimestre de la grossesse, 86 % au dernier trimestre.
Le Père Neuhaus remarque aussi un sondage de l’institut Zogby : 61 % des sondés déclarent que l’avortement devrait être interdit une fois que le coeur a commencé à battre – savent-ils que le battement peut être détecté à 22 jours après la conception ? 65 % déclarent que l’avortement devait être interdit après que l’activité cérébrale du foetus a commencé – savent-ils que cette activité peut être détectée à 40 jours ?
Sans doute des sondages français montreraient-ils un soutien plus important pour l’avortement. Mais ils révéleraient sans doute aussi les mêmes contradictions et la même ignorance.