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Culture de mort : Avortement / Homosexualité : revendication du lobby gay / L'Eglise : François / Médias : Désinformation

Mgr Anatrella : “Les médias ont fait croire que le pape invitait à délaisser les dogmes”

L'interview du pape
publiée la semaine dernière dans plusieurs revues jésuites a suscité
l'enthousiasme des médias… et beaucoup d'interrogations parmi les
catholiques, notamment à propos de l'avortement, de l'homosexualité et
du divorce. Interrogé par Zénit, Mgr Anatrella met les points sur les "i", rappelant l'articulation entre la miséricorde et la vérité. En voici quelques extraits :

  • Désinformation médiatique

"Les médias n’ont retenu que quelques
fragments de paragraphes qui vont dans le sens de l’air du temps. Ils
recomposent ensuite un autre récit en oubliant l’essentiel du message.
N’est-ce pas une manœuvre pour valider et justifier des situations qui
ne devraient plus être considérées comme des problèmes dans la société
actuelle ? Une fois encore on assiste à une manipulation du discours qui
frôle la désinformation."

  • Le véritable message du pape

"François
insiste sur le fait qu’il est nécessaire de s’occuper des « blessés »
et d’être attentif à leur besoin spirituel là où des médias ont fait
croire que le Pape invitait à délaisser les « dogmes » pour s’intéresser
aux personnes.
En réalité, c’est une invitation à être proche
de ceux qui veulent mieux connaître, aimer et suivre le Christ. François
nous dit que l’esprit de magnanimité (être clément) part toujours de ce
qui est petit plutôt que d’être contenu par le plus grand. (…)

Après
divers bouleversements culturels qui ont entraîné des crises et des
drames humains, voire des choix de vie en forme d’impasse sous le
couvert de la libération des mœurs et du libéralisme économique, le Pape
François en appelle à « la révolution de la grâce » et souligne que
l’Église doit se faire chaleureuse et proche des blessés de la vie, et
trouver des voies par lesquelles des hommes et des femmes ne se sentent
pas abandonnés et puissent se reconnaître en Dieu.
Une fois de plus, des médias imaginent l’Église à l’image du monde alors
que l’Église cherche à ressembler au Christ et à transmettre son
message de vie puisqu’il est « la vie éternelle »."

  • Le pape François, un réformateur ?

"L’idée chrétienne soutenue par le Pape François est que
toute réforme doit commencer par s’interroger et, si besoin, changer sa
manière d’être. (…) Le Pape nous invite à en venir aux questions de
base : « Que fais-tu de Dieu révélé en Jésus Christ ? Que fais-tu de la
vie ? Que fais-tu de ta vie ? Que fais-tu des autres ? La réponse à ces
questions nous invite à nous recentrer sur notre intériorité et à
découvrir que l’auto-construction de soi en solitaire (idéologie queer
du genre) n’existe pas. Nous nous développons par rapport à un Autre et
par rapport aux autres.

Les réflexions du Pape François rejoignent d’ailleurs le mouvement des « Veilleurs » en France car
(…) il incarne une nouvelle forme de résistance ontologique là où
l’être de la personne est menacé par une conception asexuée du couple,
du mariage et de la famille. Un déni de notre incarnation, et encore
davantage de l’Incarnation du Christ. (…) On n’arrête pas les
mouvements de la vie intérieure quand ils sont fondés sur le sens de
l’être de l’homme. C’est cette révolution évangélique qui est venue à
bout du marxisme et du communisme
en Pologne et lors de
l’effondrement du mur de Berlin.
Refonder sa manière d’être à partir du Christ qui rejoint l’humanité,
est un grand signe d’espérance. En ce sens les propos du Pape sont
révolutionnaires."

  • Homosexualité et mariage homosexuel

"Certains médias oublient l’invitation de François à changer sa manière
d’être, en affirmant comme on a pu le lire et l’entendre : « le Pape
pardonne aux femmes qui avortent, aux divorcés remariés et tend la main
aux homosexuels ». Bien entendu la miséricorde est offerte à tous ceux
qui veulent mieux connaître, s’approcher et vivre du Christ. Or pour
être pardonné encore faut-il demander pardon dans le sacrement de la
réconciliation et changer sa manière d’être.
"

"[Le pape] renvoie au Catéchisme de l’Église Catholique notamment aux nn.
2357 à 2358 où il est dit : « Ils ne choisissent pas leur condition
homosexuelle. Ils doivent être accueillis avec respect, compassion et
délicatesse. On évitera à leur égard toute marque de discrimination
injuste. Ces personnes sont appelées à réaliser la volonté de
Dieu dans leur vie, et si elles sont chrétiennes, à unir au sacrifice de
la Croix du Seigneur leurs difficultés qu’elles peuvent rencontrer du
fait de leur condition ».
Sans avoir à créer une pastorale particulière pour ces personnes, les
prêtres, dans le meilleur des cas, les accompagnent dans leur
cheminement afin de correspondre à une relation authentique au Christ."

"Si une personne
homosexuelle « est pleine de bonne volonté devant le Seigneur » disait
le Pape, qui suis-je pour la juger » ? Il ne validait pas la conduite et
les mœurs sexuelles, mais il ne jugeait pas son destin spirituel."

"L’Église ne peut reconnaître, accueillir et estimer que des personnes et
non pas des « modes » de vie. Il y a ici une confusion entre le
fait de dire « vous faites partie de l’Église » et de recevoir
nécessairement l’agrément de son mode de vie."

  • Divorcés-remariés

"Le
Pape souligne l’importance de la miséricorde à l'égard [des divorcés remariés] afin de
trouver des voies grâce auxquelles ils peuvent assumer leur situation
chrétiennement et dans la fidélité à l’Église
. Il est
intéressant de mentionner que tout un travail pastoral se fait déjà à
leur égard. Le Père Jacques Nourrissat, du diocèse de Dijon, a inventé
il y a bientôt quarante ans la pastorale de la miséricorde en direction
de ces personnes au Québec."

"Le Pape a dit aux prêtres de Rome que cette question
devait être traitée « avec justice ».
Autrement dit, de nombreux mariages ont été engagés sur la base d’une
immaturité psychologique et dans la méconnaissance des obligations du
mariage. Les chrétiens (…)
peuvent ainsi faire des démarches auprès de l’Officialité de leur
diocèse afin que soit étudiée l’hypothèse d’une déclaration de nullité
juridique de leur mariage. (…) Mais là encore le problème est ailleurs, il est pastoral. La préparation
au mariage doit être complètement revue. Auparavant, une sérieuse
catéchèse doit être faite."

  • Avortement

"Il a notamment dit non pas de se taire, « mais lorsqu’on en parle, il faut le faire dans un contexte précis ».
La plupart des médias qui le citent oublient cette phrase. (…) Nous sommes ici face à des
situations individuelles qui, psychologiquement et moralement, ne
peuvent pas être abordées de la même façon lorsque la question prend une
dimension légale et sociale.
D’ailleurs après avoir dit combien les femmes qui ont vécu un avortement
doivent être accueillies avec miséricorde, (…) le Pape a trouvé « le
contexte précis » pour s’exprimer en recevant au Vatican une association
de gynécologues catholiques (20 septembre 2013) et ne s’est pas privé
de parler de l’avortement en les appelant à lutter contre cette «
culture du rejet » et du « déchet »
."


  • D'abord la foi ou la morale ?

"Nous disposons dans la doctrine chrétienne d’un trésor
pour cheminer avec le Christ et apprendre à vivre de la vie éternelle du
ressuscité avec toutes les conséquences anthropologiques et morales que
cela implique. Fort de cette richesse, le Pape nous invite à sortir à
la rencontre des uns et des autres en tenant compte de leur histoire
personnelle, de leurs attentes et de leurs peines, mais aussi des
impasses de leur existence. Le Saint-Père souligne un grand
principe de l’Évangélisation : la découverte de la foi au Christ est
toujours première par rapport à ses conséquences morales qui rejoignent
d’ailleurs la morale naturelle,
c’est-à-dire les grands
principes qui nous humanisent et que le Christ accomplit, en ce sens il
n’y a pas de morale religieuse au nom du christianisme.
Autrement dit, en prenant une attitude résolument pastorale, le Pape ne
fait pas abstraction de l’Enseignement de l’Église. Bien au contraire,
la pastorale est fondée et découle de la Parole du Christ portée par son
Église."

  • Ni jugement ni tolérance, mais la miséricorde et la vérité

"La miséricorde ce n’est pas cautionner un comportement, être
complaisant et complice de situations problématiques ou encore
condescendant."

"La
miséricorde est une attitude biblique qui trouve son origine en Dieu et
manifeste l’attachement et l’amour de Dieu pour l’homme. Elle exprime
sa bonté à l’image du père du fils prodigue qui accueille, relève et
pardonne à l’homme qui se donne la liberté de solliciter son pardon.
(…) La miséricorde exige donc de développer une relation authentique
avec l’autre en l’accueillant pour lui-même plutôt que de lui reprocher
ses actes. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’actes répréhensibles
sur lesquels la Justice civile ou/et canonique se penchent. Il serait
naïf de croire que le discernement est aboli et que la loi morale
n’existe plus : en réalité, il s’agit d’autre chose. Quand le
Pape dit que nous n’avons pas à juger, cela ne veut pas dire que nous
n’avons pas, par exemple, à comprendre les raisons psychologiques d’un
comportement homosexuel ou encore à évaluer moralement une attitude,
mais que nous ne pouvons pas décider du destin spirituel d’une personne
qui est du seul pouvoir de Dieu."

"Une
fois de plus la miséricorde est indissociable de la vérité, mais
celle-ci se découvre de façon graduelle.(…) Comment faire cette vérité, si la personne ne se sent pas
accueillie et estimée ?"

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8 commentaires

  1. Je sais que mon commentaire ne sera pas publié. Mais, au moins, il aura été lu par un censeur. François Bergoglio n’est ni naïf, ni malhonnête. Raison de plus pour cesser de jouer au jeu des petites phrases et formules renversantes, dont il sait parfaitement qu’elles seront tronquées, manipulées et remaniés à leur guise par ceux qui guettent la moindre maladresse ou ambigüité pouvant apporter de l’eau à leur propre moulin de dénigrement de la foi catholique. A quoi cela sert-il, quand on est pape, et non pas n’importe quel homme politique, de dire aujourd’hui ce que l’on sera obligé de dédire le lendemain, quitte à envoyer aux quatre vents des explicateurs et autres spécialistes du “Ce que le pape a vraiment dit”? Nous avons des oreilles pour entendre et des yeux pour voir. Si, en tant que catholiques et pratiquants, nous devons, à chaque rafale de slogans papaux, nous arracher les cheveux en nous demandant ce que nous réserve ce concitoyen de Che Guevera qui, dans les interviews données à la presse latino-américaine (que je lis quotidiennement) est acculé à se positionner par rapport à la Pensée Unique de gauche en disant “On m’a longtemps cru de droite à cause de mon autoritarisme supposé, mais je n’ai jamais été de droite, etc…” Si droite veut dire autoritaire et vice-versa, Staline était un ange.
    [Mgr Anatrella traduit par “conservateur” et non “de droite”.
    L.T.]
    Enfin , je peux me tromper, mais il me semble que François Bergoglio hésite à prononcer les mots chrétiens et catholique et y va un peu trop mollement quand il s’agit de réagir à des abominations comme le tout dernier attentat contre l’Eglise de Tous Les Saints de Peshawar (78 morts, soit un peu plus que les pauvres 62 non musulmans massacrés à Nairobi). Chez les hispanisants, il ne parla, dans une tournure de phrase plutôt enfumée, que de la nécessité de mettre fin à “el odio equivocado”, sans jamais dire chrétien, ni catholiques, encore moins islam.
    “Odio equivocado?” Ce que les musulmans , sans “ismes”, ni “iques” ont fait avant-hier au Pakistan et ont à peine fini de faire au Kenya, au nom de leur religion (eux au moins le proclament avant, pendant et après en se fichant pas mal des amis islamophiles qui s’emploieront à les dédouaner), ne laisse place à aucune équivoque.
    Cordialement, mais sans espoir, je cliquerai sur “Envoyer”,

  2. “Une fois encore on assiste à une manipulation du discours qui frôle la désinformation.”
    La désinformation n’est pas frôlée, mais constitutive des messages dont on nous abreuve : c’est la conjonction de l’ignorance abyssale des journalistes, de leur partialité idéologique (conséquence de cette ignorance), et des intérêts particuliers des magnats qui possèdent les organes de presse.

  3. Le futur secrétaire d’Etat en a remis une couche: dans sa déclaration sur le célibat des prêtres qui “peut être discuté”, il a “oublié” de dire que les synodes et les papes récents se sont prononcés unanimement sur cette question et que la tradition établie ne peut pas être inversée brutalement par un nouveau secrétaire d’Etat ou même un nouveau pape. La nouvelle équipe qui se met en place au Vatican ne peut pas se faire une “santé médiatique” sur le dos des serviteurs fidèles de l’Eglise.
    [En l’occurrence, Mgr Parolin a dit dans sa 1e interview (traduction littérale) : “c’est le concept de tradition également dans l’Église catholique, que tout ce qui s’est passé durant toutes ces années n’est pas simplement de simples évènements, mais qu’ils ont servi à développer la Révélation de Dieu. La Révélation s’est terminée avec la mort du dernier apôtre, saint Jean. Mais tout ce qui s’est passé après pendant toute l’histoire de l’Église a été aussi une croissance dans la compréhension et la mise en œuvre de la Révélation. Ainsi, ces efforts qu’a faits l’Église pour conserver et imposer le célibat ecclésiastique doivent être pris en compte. On ne peut pas simplement dire : ceci appartient au passé.”
    L.T.]

  4. Eurydice je partage votre analyse et le souci/malaise/inquiétude concernant les propos de notre pape François. La première chose qui m’est venue à l’esprit a été “il faut expliquer ce qu’est la Miséricorde” et je vois que Mgr Anatrella a lui aussi ressenti cette nécessité…Enfin je voudrais exprimer ici en tant que catholique pratiquante le gros doute que j’ai concernant l’homosexualité. Le catéchisme de l’Eglise Catholique dit que “ils ne choisissent pas leur condition homosexuelle”…Je ne suis pas d’accord. Ca reste pour moi une déviance/un comportement moral au même titre que tout autre péché dû à nos pulsions, et au même titre que l’adultère, la fornication et autres joyeusetés de l’existence… Ce n’est pas un “handicap” de naissance contre lequel la volonté de l’homme n’est pas engagée ! Ou alors on se retrouve à accepter les revendications des LGBT et consorts (y compris l’asso “David et Jonathan” qui ne me semble pas nette) qui estiment que l’homosexualité est une identité. Il y a là un point qui me pose vraiment question.

  5. Mgr Anatrella fait aussi un tri sélectif de ses propos. Lisez ce que dit le pape des succulents fruits de Vatican II, lisez dans le texte ce qu’il dit de ces horribles conservateurs avec leur vieille messe et leurs principes. Le problème avec toutes ces déclarations contradictoires, est que nous nageons dans un relativisme et une confusion complètes. Que veut nous dire l’Esprit en nous donnant ce pape après notre merveilleux et lumineux Benoît ?
    [A propos de la “vieille messe”, la lecture de l’abbé de Tanouarn est intéressante : http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2013/09/les-traditionalistes-participent-%C3%A0-l%C3%A9lan-de-la-nouvelle-%C3%A9vang%C3%A9lisation.html
    L.T.]

  6. Avant Vatican II tout était clair
    l’avortement, l’euthanasie, le divorce, l’homosexualité, la contraception étaient des péchés graves.
    Mais depuis le discours inaugural du concile prononcé par Jean XXIII, demandant de ne plus rien condamner pour se rapprocher du monde (le bon pape Jean), les digues ont été fissurées sans jamais être réparées.
    Aujourd’hui les péchés s’écoulent à flots, le barrage est à deux doigts de céder et l’Eglise risque d’être emportée par les péchés qu’elle a laissé se déverser. […]

  7. Je ne suis absolument pas d’accord avec certains commentaires à propos de Mgr Anatrella et du Pape François. Ceux-ci ne font aucun relativisme ni aucune concession à la Vérité. C’est faux et offensant de dire cela. […]

  8. Il serait bon que le pape François reconsidère sa manière de communiquer aux médias. […]

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