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L'Eglise : L'Eglise en France / Liberté d'expression

Il est permis de mettre un genou en terre en mémoire de Georges Floyd mais interdit de s’agenouiller pour faire valoir les besoins de l’âme

Il est permis de mettre un genou en terre en mémoire de Georges Floyd mais interdit de s’agenouiller pour faire valoir les besoins de l’âme

Dans Valeurs Actuelles, l’abbé Danziec rappelle qu’il est permis de prier sur la voie publique :

« Sunday – Laissez-moi prier ! Laissez-moi… Laissez-moi m’agenouiller en liberté, toute l’année. » La supplique est moins frivole que celle du tube de l’été 1979, mais en la plagiant, nombreux sont les catholiques de tout horizon qui pourraient, sans peine, l’interpréter avec autant d’ardeur et de flamme que Dalida… Oui : laissez-nous prier ! Laissez-nous manifester notre colère comme notre espérance. Laissez-nous exprimer nos aspirations les plus profondes comme notre dégoût des injonctions liberticides. Laissez-nous joindre les mains, chanter des cantiques et, si le coeur nous en dit, laissez-nous nous agenouiller !

La vocation du chrétien n’est pas de se taire mais de proclamer

Lors de sa venue à Paris le 13 septembre 2008, le pape Benoît XVI lançait de façon prophétique :

« Rien ne remplacera jamais le ministère des prêtres au coeur de l’Eglise ! Rien ne remplacera jamais une Messe pour le Salut du monde ! »

Les catholiques de base ont alors reçu le message cinq sur cinq et, depuis, ne l’ont pas oublié. Ils savent, à l’école des premiers chrétiens et de leurs catacombes, que sans le dimanche une âme ne peut pas vivre. Mais pensaient-ils avoir à défendre cette conviction intime si tôt et de façon si frontale ? Effectivement, douze ans plus tard et un virus par-là, certains (y compris dans la barque même de l’Eglise) voudraient culpabiliser les défenseurs de la liberté de Culte : « Sauvez des vies en vous privant de l’Eucharistie, là réside la vraie charité », lancent-ils. On trouve même des hiérarques ecclésiastiques — mais non pas tous — qualifiant d’irresponsable la revendication du retour des messes publiques. Selon eux, une telle réclamation constituerait un ferment de désunion entre les fidèles, en plus de s’écarter de la sacro-sainte santé générale. Autant de motifs suffisants pour ordonner aux messalisants de rester sages et disciplinés. Quelle tristesse d’assister à un tel désarmement intellectuel et moral !

A dire vrai, le sécularisme qui est à l’oeuvre depuis plus d’un demi-siècle dans les structures de l’Eglise en France s’est-il rendu compte qu’à force de mondaniser la foi, il avait fini par l’installer dans des chaussons ? Or peut-on raisonnablement supposer que l’aventure de l’Evangile ait quelque chose de commun avec une religion lisse et aseptisée ? L’Histoire de l’Eglise, avec ses martyrs et ses hérauts de la foi, le montre assez : l’évangélisation authentique offre du sel et passe par une bonne paire de rangers. C’est ainsi que dans toute la France, à travers plus de quarante manifestations dûment déclarées en préfecture, des croyants de tout âge et de toute sensibilité confondue, n’ont pas manqué de rappeler, avec ténacité et simplicité, ce qu’avait dit le Conseil d’Etat en mai dernier : la liberté de Culte est une liberté fondamentale, la respecter relève de l’essentiel.

Délations de Quotidien et amalgame de Darmanin

Or, force est de constater que le sel contestataire des catholiques n’a pas été du goût du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Devant des cathédrales ou de plus humbles églises – voire en des lieux “neutres” comme ils en ont été contraints par les préfectures à Nantes ou à Strasbourg – les défenseurs du Culte en effet se sont vus reprocher par l’exécutif d’avoir manifesté “en priant”. « Mesure-t-on la gravité de qui s’est passé le week-end dernier autour des rassemblements catholiques “interdits parce qu’on risquait d’y prier” ? », s’interroge avec force Maître Henri de Beauregard, avocat au barreau de Paris. Dans une séquence qui donne le malaise, diffusée lundi soir sur TMC, une journaliste de l’émission Quotidien joue sans complexe un mauvais remake de “Monsieur Ramirez” dans Papy fait de la résistance. En reportage à l’occasion de l’un de ces rassemblements, on la voit, le plus naturellement du monde, dénoncer aux policiers ceux qui prient, signaler au commissaire ceux qui joignent les mains.

Dans un amalgame des plus douteux avec le prosélytisme islamiste, le ministre de l’Intérieur n’a pas hésité, de son côté, à assimiler ces manifestations, pourtant légales, à des « prières de rue », quitte à laisser penser qu’elles seraient sauvages et hors-la-loi… Non content de malmener la liberté de culte, on le voit, ce sont les libertés de conscience, d’opinion et d’expression qui se trouvent piétinées par l’actuelle majorité. Comme le souligne brillamment l’historien Benoît Schmitz dans une tribune du FigaroVox, ceux qui tiennent les rênes de la destinée du pays auraient pourtant tort de supposer que la liberté de Culte serait le fait « d’une revendication catégorielle ». Elle s’apparente bien plutôt à ce que l’on pourrait appeler une “liberté-mère”. En la défendant, les catholiques protègent en définitive l’ensemble des libertés que tous chérissent et dont nous sommes actuellement privés de manière inique : celle d’aller et venir, celle de se réunir, celle d’entreprendre et de travailler, celle de contempler ou de lire, celle de flâner en s’émerveillant.

La mauvaise foi du progressisme

Avec rage, les catholiques de conviction ne peuvent que mesurer les incohérences d’un gouvernement qui décide de façon arbitraire ce qui lui paraît essentiel ou ce qui lui semble ne pas l’être. Le progressisme n’est pas seulement gros de ses méprises, il est aussi obèse de sa mauvaise foi. Avec lui, il est possible de lever le poing en chantant l’Internationale mais condamnable de joindre les mains pour réciter un Ave Maria. Il est permis de mettre un genou en terre en mémoire de Georges Floyd mais interdit de s’agenouiller pour faire valoir les besoins inénarrables de l’âme. L’émotion possède le droit “de dépasser le cadre juridique” lorsqu’il s’agit d’Adama Traoré, mais la place Beauvau menace de verbaliser le catholique qui réclamerait trop ouvertement sa messe dominicale. Devra-t-on réciter ces litanies de l’hypocrisie en restant coi ? Trop, c’est trop ! Saint Paul, dans ses épîtres, appelait instamment les premiers chrétiens à enseigner, exhorter, reprendre, et au besoin à menacer et insister « à temps et à contretemps » (2 Timothée 4, 2). Tendre la joue gauche après la droite n’empêche pas de rendre à chacun ce qui lui est dû. Bien au contraire, la jolie vertu de justice impose, parfois, d’adresser aux usurpateurs un uppercut bien placé. A bon entendeur.

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4 commentaires

  1. Les incohérences d’un gouvernement qui décide de façon arbitraire ce qui lui paraît essentiel ??

    Voici “tabula rasa” l’équivalent allemand de “Hold up”
    https://www.youtube.com/watch?v=-S_3NZ3FVIM

  2. J’avoue que j’ai une furieuse envie d’appliquer la conclusion du père Danziec!!! La machine à claque frétille!!!

  3. Il faut répondre par la formule trouvée du ministre même de l’intérieur : “il y a des moments où l’émotion doit se substituer à la loi”. (sic)

  4. d’ailleurs, il vaut mieux donner que recevoir, comme disait un pasteur Gallois, international de rugby, quand on (les journalistes, déjà!) le bassinait avec l’histoire des 2 joues.
    Si les pays chrétiens, depuis 2000 ans, avaient appliqué ce précepte, il y a belles lurettes que nous ne serions plus chrétiens : il faut être réaliste, tout de même, et se défendre fait partie du minimum “vital”

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