Lu dans Le Monde :
"Il est désormais possible que la France suive la Grèce, le Portugal, l'Irlande, l'Italie et l'Espagne dans le club peu enviable des pays dont la dette publique est considérée comme toxique par les marchés financiers. Le scénario est bien rodé. La pression monte lentement mais inexorablement, la notation par les agences est abaissée, la panique s'installe et, au bout du chemin, il faut se résoudre à aller quémander de l'aide au FMI, aux partenaires européens et à la BCE, qui prennent le contrôle de la politique économique. La purge exigée en contrepartie des prêts est sévère. C'est le grand traumatisme national. […]
Car la France est impardonnable. Nos budgets ont été en déficit chaque année depuis 1974. En 2006, avant la crise, la dette publique représentait déjà 64 % du PIB. Tous les gouvernements qui se sont succédé depuis presque quarante ans ont superbement ignoré la notion de discipline budgétaire. Tous. Les déficits sont devenus une routine, une facilité pour dépenser plus que ce dont ils disposaient, et personne n'y a trouvé à redire. Ils sont tous coupables et nous, les électeurs, le sommes tout autant. Les marchés, par contre, n'y sont pour rien. La sagesse, dont nous allons avoir besoin dans les années qui viennent, doit commencer par un grand mea culpa national."