Samedi prochain, Jeanne Smits interrogera Cyrille Dounot, professeur d’histoire du droit et avocat ecclésiastique, à l’occasion du colloque organisé à la Maison de la Chimie, Paris 7e, sur le thème « Quel avenir pour la messe traditionnelle ? ». Cyrille Dounot interviendra sur notre devoir d’obéissance envers le pape et la hiérarchie catholique et de ses contours précis. En attendant, Jeanne Smits a réalisé un court entretien avec Cyrille Dounot. Extrait :
La valeur de l’obéissance dans la vie des saints, même à des ordres qui semblent injustes ou vexatoires, a toujours été mise en avant dans l’hagiographie catholique. Face aux menaces qui pèsent sur la liturgie traditionnelle, une telle attitude se justifie-t-elle ?
Il faut distinguer entre le vœu d’obéissance, pratiqué héroïquement par les saints, allant parfois jusqu’à préférer l’injustice ou la vexation personnelle pour ne pas donner à croire qu’ils pouvaient violer leur vœu, et la vertu d’obéissance, qui est ordonnée à la vertu de religion et à la poursuite du bien commun. Quand l’injustice n’est pas personnelle mais collective, elle attente au bien commun, et ne saurait recevoir de caution au nom de l’obéissance. L’obéissance n’est pas aveugle, elle est conditionnée par le bien commun, qui est son critère ultime. Saint Thomas explique que l’on doit « obéir à ses supérieurs dans les limites de leur autorité » (IIa, IIae, q. 104, a. 5, concl.), et c’est là toute la question : le pape peut-il supprimer la messe traditionnelle ? Non, il n’est pas un tyran de type absolu dont la seule volonté serait législatrice. […]