Vincent Morel, président de la Société française de soins palliatifs, est interrogé dans le Monde, alors que, selon un sondage, les Français seraient favorables à l'euthanasie. Sondage à relativiser : sur les 2010 personnes interrogées, 61% n'ont jamais accompagné un proche en fin de vie jusqu'à son décès, sur les 39%, 44% estiment que ce décès s'est fait paisiblement (40% pensent que les souffrances n'ont pas été suffisamment soulagées et 16% qu'il a subi des traitements inutiles). Sur la question de l'euthanasie, cette dernière est définie ainsi :
"pratique visant à provoquer, sous le contrôle d’un médecin, le décès d’un individu atteint d’une maladie incurable".
Parmi les 86% de personnes favorables, 40% le sont en raison des souffrances inutiles : ces personnes ne connaissent visiblement pas les soins palliatifs ; 36% pour la liberté ; 18% quand la vie est trop dégradée ; 6% pour abréger la douleur des proches…
Vincent Morel déclare donc :
"D'abord,
il faut rappeler que ces situations sont exceptionnelles. La plupart
des patients souhaitent vivre leur vie jusqu'au bout et les soins
palliatifs sont là pour les y aider. Par ailleurs, il faut bien prendre
en compte l'ambivalence des patients : un jour, ils veulent en finir, le
lendemain ils pensent que leur vie vaut d'être vécue jusqu'au bout. Ce
qui est important quand on est face à une demande d'euthanasie, c'est de
montrer qu'on ne la nie pas, qu'on accepte d'en parler. A titre
personnel, je n'ai pas de souvenir de patients qui chaque jour m'aient
demandé l'euthanasie, au point d'être confronté à une impasse. De façon
majoritaire, ces demandes disparaissent quand les personnes sont
soignées et bien accompagnées. […][D]onner la mort ne relève pas de la médecine, ce n'est pas la vocation
des soignants qui sont soumis au serment d'Hippocrate. On est clairement
dans l'opposition entre ce que propose la médecine et ce que certaines
personnes voudraient, c'est-à-dire pouvoir s'autodéterminer. Les soins
palliatifs ne hâtent ni ne retiennent la mort : ils ont une limite qui
est de ne pas provoquer le décès d'une personne, quand bien même elle le
souhaite.[…] Il nous faut
réfléchir à la manière dont la société aborde aujourd'hui la question de
la mort, du vieillissement, de la dépendance et la perte d'autonomie.
Nous considérons qu'il ne faut pas aller au-delà de la loi Leonetti,
mais l'améliorer et la faire mieux appliquer : informer les
professionnels et le grand public, faire en sorte que la prise en charge
palliative soit plus précoce, améliorer les directives anticipées et
les procédures collégiales de décision des médecins."
david
Au lieu d’euthanasier, on va proposer la chasse à l’homme ?!?! ça mérite réflexion …
JuLieN
Mon commentaire dans un article équivalent du Figaro, ce jour:
Comme d’habitude, cela est présenté sous le jour de la liberté : “Autre suggestion de l’ancien ministre des Affaires européennes: une meilleure prise en compte des directives anticipées. Ces «dernières volontés» donnent la possibilité à chacun de consigner ses souhaits pour sa fin de vie (…) afin que les traitements qu'[il] jugerait disproportionnés ne soient pas entrepris»” Bien bien. Mais si une personne a clairement manifesté son désir de bénéficier de ces soins que les 90% d’autres jugent disproportionnés ne va-t-il pas immanquablement s’élever des voix pour crier à la gabegie en ces temps de crise?
clovis
Monsieur Morel sait de quoi il parle et ce qu’il dit ne heurte ni la conscience ni le bon sens, ce qu’il dit est dépourvu d’idéologie. Je n’en dirai pas autant des promoteurs de l’euthanasie. Nouvelle illustration de ce que disait Lao Tseu: ” Ne rien savoir et croire que l’on sait, voilà la maladie des hommes”.
lève-toi
On peut lire un article écrit par un médecin Catholique, dans Lectures Françaises N° 665, intitulé : Quel avenir pour l’Euthanasie.
Il y démontre , contrairement à l’opinion répandue, que la mort est rarement douloureuse, qu’il y a à l’heure actuelle un arsenal thérapeutique considérable.
Ceci n’est qu’un mini résumé d’un texte d’une douzaine de pages.
A lire, un homme bien renseigné en vaut mille ( in SA DPF) ( 7 euros)