Le Salon Beige a interrogé Barbara Mazières, présidente du Cercle Anjou Conférences :
Vous qui avez été évincée du FN pour avoir osé rappeler, dans un entretien avec le Salon Beige, à Florian Philippot la ligne officielle du parti, dans l’affaire du bonzaï. Comment réagissez vous au départ de ce dernier? Allez-vous revenir au FN ?
J’ai le sentiment d’un immense gâchis. Ce parti a raté une chance historique de conquérir le pouvoir. La stratégie de M. Philippot refusant toute alliance à droite et gauchisant le discours, notamment sur le volet économique, a été un repoussoir pour bon nombre d’électeur de droite qui auraient pu reporter sur Mme Le Pen ou sur les candidats qu'elle soutenait aux législatives. Cette politique a été un échec.
Toutefois, je me refuse à trainer M. Philippot dans la boue. Je combat ses idées, mais je respecte cet homme travailleur et intelligent. Quand je vois ceux qui lui doivent leur place (souvent imméritée, hélas) lui cracher dessus aujourd’hui ou ceux qui pendant toutes ces années n’ont jamais osé s’opposer à lui (sauf par derrière) par manque de courage et qui aujourd’hui hurlent comme des loups, je suis ulcérée.
Comment voyez-vous l'avenir du FN?
Tout d'abord, je dois dire que je ne crois pas que Marine Le Pen avait un désaccord idéologique avec M. Philippot. Seul un problème d’égo entre eux semble à l’origine de la crise. Or, la politique est, avant tout, un combat d’idée. Je ne me reconnais pas dans la ligne étatiste socialisante qui, pour l’instant n’est pas remise en cause. Mais espérons que cela change rapidement.
Toutefois, le départ de M. Philippot pourrait être une opportunité à une alliance des droites. Je constate que M. Poisson et M. Dupont-Aignan se parlent et je m’en réjouis.
Croyez vous à l'émergence d'un nouveau parti ?
Sûrement pas. Il faut travailler à la transversalité, à l'union des hommes de partis différents, dans une logique que je qualifierais volontiers de 2.0. Aucun des hommes politiques actuellement leader à droite n’a de légitimité pour rassembler tout le monde sous son égide. Il faut donc accepter de travailler en commun, dans un vaste mouvement non hierarchique, avec des porte-paroles – plusieurs portes paroles! – comme Nicolas Dupont-Aignan, Jean-Frédéric Poisson et, pourquoi pas, Laurent Wauquiez et Marine Le Pen pourront en être. Mais il y a encore du chemin à faire.
Il faut que la société civile se prenne en main. Je sais que le Salon Beige travaille à rassembler les différentes initiatives qui naissent sur le territoire Français. Avec Loïc Yven, président de France Souveraineté et d’autres, nous commençons à œuvrer dans ce sens. Il faut que les présidents d’associations, cercles, etc., apprennent à mener des actions communes, tout en acceptant les différences légitimes de chacun. Une chose doit nous unir par-delà nos différences, voire nos divergences: la défense de notre civilisation, de nos libertés et de notre identité.
Si les politiciens n’arrivent pas à apporter une solution viable électoralement, il faudra penser à aller nous-mêmes au combat politique. Et, s’il le faut, présenter des listes issues de la société civile de droite aux prochaines élections.