« Grossesse garantie ou argent remis » : un bébé éprouvette, vendu à crédit aux couples infertiles à travers de très coûteux forfaits financiers, arrive sur le marché québécois. Le géant américain IntegraMed vient d’annoncer un partenariat avec les cliniques québécoises de procréation médicalement assistée Procréa, au moment même où Québec s’apprête à retirer la couverture publique des dispendieux traitements de fécondation in vitro. Explication :
« La majorité des patients payent pour un cycle de fécondation in vitro en y allant cycle par cycle, ce qui peut s’avérer stressant et coûteux. Après un cycle non fructueux, vous êtes confronté à la déchirante décision de savoir si vous essayez encore ou non et, ultimement, à combien d’argent vous êtes prêts à dépenser. Malheureusement, la plupart des femmes abandonnent le traitement trop tôt et ne réalisent pas leur rêve d’avoir un bébé. »
En leur proposant de payer à l’avance pour plusieurs cycles — dont ils n’auront peut-être pas besoin — IntegraMed propose un forfait aux couples :
«Disponible pour certains patients qui satisfont à certains critères cliniques, vous pouvez choisir entre deux et trois ponctions d’ovules et le transfert de tous les embryons qui en résulteront, jusqu’à ce que vous rameniez un bébé à la maison. Si le traitement est infructueux, vous êtes admissible à un remboursement»
Le Dr Pierre Saint-Michel, des cliniques Procrea, tente de rassurer !
«Il ne faut pas que ça devienne comme un sofa ou un téléphone cellulaire qu’on achète à crédit. Je pense que, dans tout ça, l’indication médicale doit rester la priorité.»
Pour mémoire, l'Eglise enseigne dans Dignitas personae :
"12. En ce qui concerne le traitement de l’infertilité, les nouvelles technologies médicales doivent respecter trois valeurs fondamentales:
a) le droit à la vie et à l’intégrité physique de tout être humain depuis la conception jusqu’à la mort naturelle ;
b) l’unité du mariage qui implique le respect mutuel du droit des conjoints à devenir père et mère seulement l’un à travers l’autre ;
c) les valeurs spécifiquement humaines de la sexualité, qui «exigent que la procréation d’une personne humaine doit être poursuivie comme le fruit de l’acte conjugal spécifique de l’amour des époux ». Les techniques qui apparaissent comme une aide à la procréation « ne sont pas à rejeter parce qu’artificielles. Comme telles, elles témoignent des possibilités de l’art médical. Mais elles sont à évaluer moralement par référence à la dignité de la personne humaine, appelée à réaliser sa vocation divine au don de l’amour et au don de la vie »
A la lumière de ce critère, sont à exclure toutes les techniques de fécondation hétérologue et celles de fécondation artificielle homologue qui se substituent à l’acte conjugal. En revanche, sont permises les techniques qui sont comme une aide à l’acte conjugal et à sa fécondité. L’Instruction Donum vitae s’exprime en ces termes : «Le médecin est au service des gens et de la procréation humaine: il n’a pas le droit de disposer d’elles ni de décider à leur sujet. L’intervention médicale est respectueuse de la dignité des personnes quand elle vise à aider l’acte conjugal, pour en faciliter l’accomplissement, soit pour lui permettre d’atteindre sa fin une fois qu’il a été accompli normalement ». Concernant l’insémination artificielle homologue, elle affirme: « l’insémination artificielle homologue à l’intérieur du mariage ne peut être admise, sauf dans le cas où le moyen technique ne se substitue pas à l’acte conjugal, mais apparaît comme une facilité et une aide afin que celui-ci rejoigne sa fin naturelle »."