Les éditions du Cerf viennent de rééditer un petit classique du cardinal Jean Daniélou (1905-1974) au titre : L’Oraison, problème politique (Le Cerf, 156 pages, 14€). Riposte Catholique commente :
"Traversé par les problématiques des années soixante – le livre fut publié en 1965 –, L’Oraison, problème politique a conservé une véritable actualité puisque le cardinal Daniélou aborde la question de la foi et de la religion dans une société laïque et l’impact de la société sur la religion : « il ne peut y avoir de civilisation à l’intérieur de laquelle la prière ne soit pas représentée ; par ailleurs, la prière est dépendante de la civilisation »"
Riposte Catholique cite quelques extraits que voici :
"Il n’y a pas de civilisation qui ne soit religieuse. Inversement, une religion de masse n’est possible que soutenue par la civilisation. Or, il nous semble qu’aujourd’hui, trop de chrétiens acceptent la juxtaposition d’une religion personnelle et d’une société laïque. Une telle conception est ruineuse tant pour la société que pour la religion.
Nous sentons tous que l’expérience spirituelle, l’oraison, est aujourd’hui menacée. Pour nous, pour qui la relation à Dieu représente une dimension essentielle de l’homme, pour qui il n’y a pas de civilisation sans que la fonction de l’adoration y soit représentée, ce problème est un problème vital.
C’est notre fierté, à nous chrétiens, de dire que la destinée humaine a une autre fin que la construction d’une cité périssable, que nous allons vers une cité impérissable et que les personnes sont appelées à se déployer au-delà du monde.
Le défi que nous lançons à la politique, ce défi lancé aux cités d’aujourd’hui quand nous leur disons : il est vital pour vous que les conditions de l’oraison soient maintenues, constitue aussi un défi que les cités peuvent lancer aux Églises. Autrement dit, les Églises justifient leur existence quand elles remplissent leur fonction. Si la fonction des Églises est de rendre possible l’oraison, les Églises ne se justifient que quand elles réalisent effectivement l’oraison. Des Églises qui resteraient des résidus sociologiques de sociétés sacrales où des gestes mécaniques continueraient d’être exercés ; des Églises qui refuseraient d’affronter les conditions concrètes de la civilisation ; des Églises à l’intérieur desquelles les conditions sociologiques d’existence ne correspondraient pas à une assomption personnelle, et à l’intérieur desquelles la religion ne serait pas ce fait personnel d’une vie intérieure authentique portant témoignage, ces Églises pourraient être considérées par les États comme du bois mort et être légitimement liquidées."