Ils croyaient qu'ils pourraient "partager la communion". Pour cela, il faudrait peut-être qu'ils reconnaissent l'autorité du Pape, le Magistère de l'Eglise -dont le Credo-, les 7 sacrements, etc.
Jean-Marie Guénois tire ces leçons :
- La fin d'un certain œcuménisme. Ce mot compliqué désigne le travail de rapprochement effectué depuis le Concile Vatican II par les Eglises chrétiennes. En rendant hommage à Martin Luther dans la ville même, Erfurt, où il fut ordonné prêtre en 1507, Benoît XVI, a pris les protestants à témoin. Oui, a-t-il reconnu, les questions spirituelles qui hantaient ce moine étaient pertinentes. Notamment sur la question du mal et du salut. Pertinentes au point qu'elles se posent toujours aujourd'hui sauf que ces thèmes sont considérés comme dépassés par une majorité de protestants eux-mêmes et par bon nombre de catholiques. Le Pape, en épousant le questionnement spirituel de Luther, a donc invité les protestants à un examen de conscience sur leurs propres racines et sur leur héritage mystique. Ce qui est une façon pour lui de poser autrement les bases de l'œcuménisme, non plus de négociations pour aboutir à un compromis, mais pourrait-on dire, de communion spirituelle autour de la personne du Christ.
- La confirmation d'une méthode Benoît XVI. Au début du pontificat on gaussait facilement sur le « style Benoît XVI » toujours baigné que nous étions dans une comparaison gestuelle avec son prédécesseur qui nous avait habitués à cela. Mais le vrai style Benoit XVI n'est pas dans les dentelles de surplis liturgiques qu'il semble affectionner. Il est dans sa méthode d'action qui s'apparente à une sorte de judo où la force de l'autre est utilisée, presque en douceur, sans rapport de force mais plutôt soustraction de force, pour l'entraîner là où il n'a pas prévu d'aller. Deux exemples en deux jours : hier, au Reichstag où il a utilisé l'argument central de Verts (dont une partie avait boycotté la séance) à savoir le respect de la nature pour démontrer que le concept de « loi naturel » souvent sollicité par l'Eglise non seulement n'est pas « chrétien » mais il est rationnel puisque les Verts l'ont perçu sans aucune référence religieuse. Second exemple, aujourd'hui, avec les Protestants. Où le Pape a pénétré dans la logique centrale de leur démarche (la question fondamentale que se posa Luther) pour la revisiter et en tirer des conséquences."