Extrait d’un article incisif de Marion Duvauchel, historienne des religions :
[…] Si le pape était un homme intelligent et bien conseillé, il s’attaquerait à ce fléau mortel de l’Église : le « vaticanisme ». Et pas tout seul. Quand on aurait enfin réglé leur compte aux pastorales du chien crevé au fil de l’eau : celle du vivre-ensemble, du dialogue inter-religieux, du culte suffisant de l’accueil des migrants, tout cela sur fond de valeurs supposées de l’Évangile et autres carabistouilles ; quand on aurait remis en place des cadres de formation solides, y compris dans les séminaires, avec un enseignement vraiment neuf de l’Ancien Testament et une noétique inspirée, quand on aurait fait cela, alors le corps sacerdotal remplirait sa fonction de dépositaires de la Tradition révélée, et on pourrait dire aux Tradis d’adoucir leur position. Ce que peut-être alors ils consentiraient à faire.
Toutes les sensibilités liturgiques trouveraient leur place dans une Église vraiment renouvelée, avec de beaux chants, dans les langues anciennes – en latin, en grec, en araméen-, en hébreu aussi, en arabe puisqu’il y a des arabes chrétiens, en patois limousin et en gaélique si les Bretons veulent psalmodier dans la langue des druides : l’Église de la diversité du monde manifestée dans la diversité linguistique que Dieu a voulu depuis que les hommes se sont imaginés qu’on pouvait faire l’unité sans lui, depuis Babel donc. Il faudra évidemment savoir ce qu’on chante, ce qu’on célèbre et surtout Qui on célèbre. Et que ce soit beau…
Enfin, il faudra des signes de renouvellement des cœurs, et signe des signes, qu’il y ait sur le parvis de l’Église, au sortir de la célébration, des visages ouverts, accueillants, rayonnants, qui sachent reconnaître un visage nouveau et aller lui parler comme à un frère. Et s’il a besoin d’aide, la lui offrir, dans la mesure des moyens possibles.
On en est loin.
Tout le reste, c’est de la paille et cela ira brûler dans les purgatoires profonds. Et tous ceux qui s’accrocheront à cette paille iront brûler avec.
Le Vatican n’est pas l’Église du Christ, qui est fondée sur 12 apôtres sans compter le treizième, saint Paul. Douze, parce que c’est le nombre qui figure la totalité du réel créé, ce monde entier que les apôtres ont évangélisé : jusqu’à l’Inde et même la Chine. Les marches de la Jérusalem céleste portent le nom de ces douze hommes, et pas le seul nom de Pierre.
Le pape est un vieux monsieur, il a mal au genou. C’est un autocrate qui croit que le Vatican, c’est l’Église du Christ. Il y a eu tout un tas de mauvais papes dans l’histoire de la papauté, qui n’est pas l’histoire de l’Église. Il faut prier pour le suivant : il ne fera peut-être pas mieux mais il ne pourra pas faire pire.
Ou alors, avec beaucoup d’efforts.