Tugdual Derville est interrogé par Famille chrétienne sur la manifestation du 13 janvier :
"Nous sommes tous sur le pont, pour gérer à la fois la mobilisation,
la communication et la préparation du jour J. Localement, les trente et
une associations organisatrices ne nous ont pas attendus pour prendre de
multiples initiatives. Et l’organisation nationale est là pour soutenir
et faciliter ce bouillonnement. […]Quels sont les indices qui
permettent aujourd’hui de pronostiquer – comme le font les RG – que le
13 janvier sera une « manifestation monstre » ?Attention !
En fantasmant sur certains chiffres, on risque de se faire piéger. Les
manifestations régionales du 17 novembre ont constitué la plus
importante mobilisation depuis de longues années dans les grandes villes
telles que Paris ou Lyon. C’est un acquis dont nous partons, avec
l’ambition, bien sûr, de faire nettement mieux. Tout le reste ne serait
qu’élucubration. Je dois simplement vous dire que les atermoiements du
président de la République autour de l’objection de conscience des
maires, puis de la procréation artificielle ont encore dopé la
mobilisation, nous sommes donc confiants. Aucune personne ayant
conscience de l’enjeu ne doit manquer ce rendez-vous. […]La manifestation se
veut aconfessionnelle et apolitique. Cela veut-il dire que les
catholiques devront mettre leur croix ou leur col romain dans leur
poche ?
Bien sûr que non ! Attention à ne pas
entretenir de malentendu sur ce point : le mariage civil, le statut de
la famille et la filiation sont des questions qui concernent tous les
Français, croyants ou incroyants, de gauche ou de droite, et d’ailleurs
indépendamment de leur orientation sexuelle. Nous avons bien vu qu’il y
avait un piège à laisser croire que c’est un sujet « catholique ». Il
suffit de voir la liste des associations : les catholiques y ont leur
place, mais cette liste témoigne de la diversité des sensibilités et
croyances ; les sept porte-parole actuels de La Manif pour tous, parmi
lesquels le musulman Camel Bechikh, le juif laïc Lionel Lumbroso et la
militante de gauche Laurence Tcheng, en sont le signe. Parmi les
croyants, il y aura des catholiques, des protestants, des orthodoxes,
des juifs, des musulmans. Et bien sûr des personnes qui ne se
revendiquent d’aucune religion. « Pour tous », c’est bien notre réponse
citoyenne au slogan du « mariage pour tous » par lequel ce projet
voulait s’imposer. Cependant, il ne s’agit aucunement d’effacer les
signes personnels de croyance ou de statut. Frigide Barjot a même
invité, avec son humour habituel, toutes les professions (dans
lesquelles elle inclut les vocations religieuses !) à venir « en
tenue », ce qui n’interdit pas d’y ajouter un zeste de couleur pour
enjoliver le tout, la Manif étant bleu, blanc, rose ! Sérieusement, il
ne s’agit pas de faire de cette manifestation une procession religieuse.
Cela ne serait pas cohérent ni avec son objectif, ni avec toutes les
sensibilités présentes.Craignez-vous une récupération politique de la part de l’UMP ?
Sur le positionnement de fond de la manifestation la présence d’un char
gay ou l’évocation d’une « homo-éducation » ne brouillent-ils pas le
message ?Comme de nombreux élus et membres de ce parti hostiles à ce projet
gouvernemental, je pense que ce serait catastrophique. L’élan de La
Manif pour tous a surgi de la base, pas même des associations, pourtant
mobilisées de longue date. Quelques citoyens ont pensé qu’il fallait
très vite manifester en régions, dès novembre. Il serait injuste de
voler cette mobilisation à ceux qui l’ont initiée, avec un indéniable
courage et une magnifique efficacité en termes de nombre et de
communication.Nous avons donc demandé à tous les partis
politiques (pas seulement à l’UMP), ainsi qu’à toutes les associations
organisatrices, de défiler sous un seul label : celui de La Manif pour
tous qui demande la suspension – c’est-à-dire le retrait en l’état – du
projet de loi, et l’ouverture d’un vrai débat sur la famille et la
filiation. Cela nous oblige tous à effacer nos logos derrière celui qui
nous réunit, et à mettre au second plan des revendications secondaires
qui ne font pas l’unanimité. C’est la grande force de cette Manif pour
tous : elle simplifie et unifie complètement toute l’organisation. Nos
« tribus gauloises », riches et diverses, et qui ne sont aucunement
obligées d’être d’accord sur tout, ne feront qu’une seule ce jour-là,
pour la cause qui nous unit. Reste que les élus sont bienvenus : de
gauche comme de droite, ils sont attendus, avec l’écharpe correspondant à
leur mandat : parlementaires, qui font la loi, conseillers régionaux
ou généraux, maires. Comme officiers d’état civil concernés au premier
chef par la sauvegarde du mariage républicain, les maires seront
particulièrement à l’honneur, avec les Maires pour l’enfance, mouvement transpartisan de 18 000 élus.Au
sein de l’organisation, comment se répartissent les rôles ? Vous-même,
quelle place occupez-vous aux côtés de Frigide Barjot ?[…] Je
pense que Frigide
et moi nous complétons bien. […] Je découvre son énergie,
ses talents et sa créativité. Elle connaît les personnes concernées par
la revendication que nous contestons ; elle les aime avec sincérité.
C’est à la fois une personnalité imprévisible et intuitive, et un
« moteur à explosion ». Alors, bien sûr, une personnalité aussi peu
lisse peut « déraper » dans le feu d’une interview. Certains de ses
propos à l’emporte-pièce peuvent nous choquer. Elle le reconnait
volontiers, et sait rectifier le tir. Les autres porte-parole la
complètent. J’apporte de mon côté la sagesse due… aux cheveux
blancs ! J’agis peut-être comme un régulateur, notamment des tensions,
inévitables quand il faut rassembler tant de monde. […]Sur le positionnement de fond de la
manifestation la présence d’un char gay ou l’évocation d’une
« homo-éducation » ne brouillent-ils pas le message ?Tout
est parti d’une phrase dans le style de Frigide, mais il ne s’est
jamais agi de singer la Gay pride. Soyons clairs, nous en avons parlé
ensemble : il n’y aura pas de char gay, pas plus que de chars
« hétéro », car nous sommes au-delà de ce genre d’étiquette. En
revanche, le témoignage des personnalités homosexuelles qui sont à nos
côtés comme Xavier Bongibault, de Plus gay sans mariage, ou Philippe Ariño, auteur de L’Homosexualité en vérité – Briser le tabou,
doit être entendu par le plus grand nombre. Ces amis nous aident à
ouvrir notre cœur à la réalité de ce qu’ils vivent. Ils sont le plus à
même de montrer que c’est le projet gouvernemental qui est
« homophobe », dans le sens qu’il laisse croire que les personnes
homosexuelles devraient cautionner l’effacement de la parité homme femme
dans le mariage et dans la filiation. Quant au mot « homo-éducation »
prononcé par Frigide Barjot dans une émission de radio, il a été mal
compris : il ne s’agit pas de promouvoir l’homosexualité à l’école ou
l’homoparentalité bien sûr, mais juste de souligner que, la notion
d’« homofiliation » étant un mensonge, ce qui existe, ce sont des
situations ou deux personnes de même sexe élèvent ensemble des enfants.
Même si le lobby LGBT amplifie à dessein cette réalité, nous ne pouvons
l’ignorer, pas plus que les problèmes que cela peut poser. […]Nous
sommes pour le moment traités de haut, tant au niveau gouvernemental
qu’au niveau du parlement. Les promoteurs de ce projet ne plient pas. Ça
ne m’impressionne pas trop : en politique, on laisse toujours croire
que les décisions prises sont inéluctables. Vous connaissez la fable du
chêne et du roseau : notre mobilisation de masse doit aboutir à
déraciner un projet qu’ils veulent faire passer pour acquis. Vous avez
vu comme cela se lézarde déjà à gauche, autour de la procréation
artificielle voire de la gestation pour autrui… En période de crise,
l’exécutif peut-il se payer le luxe de gaspiller son temps à affronter
un très grand mouvement dont il n’a pas encore mesuré l’ampleur ? Notre
motivation désintéressée au service du bien commun l’a surpris, elle
peut le désarçonner.Au-delà du 13 janvier, quels seront les fruits d’une telle mobilisation ?
Le
13 janvier 2013 est pour nous une première manifestation nationale, et
nous continuerons d’occuper le terrain – et la rue – dans les semaines
qui suivront. Vous avez vu que ce projet de loi divise profondément
les Français, alors qu’ils ne sont que très peu nombreux (7 %) à le
considérer comme prioritaire (1). L’immense majorité des Français reste
attachée au repère qu’est le mariage civil. En ce sens, la réussite du
13 janvier, c’est le début d’un grand mouvement. Il y aura un avant et
un après. Et cette date facile à retenir est un rendez-vous avec
l’histoire."
Isabelle
« Agiter le peuple avant de s’en servir.» Cette citation de Talleyrand vu sur un blog ces jours-ci ne serait-elle pas aussi applicable à cette obsession du mariage pour tous en ce moment ? Sous prétexte de progrès et d’égalité, deux mots vides de sens s’ils restent abstraits comme cela il semblerait que l’on veuille avant tout semer la division. Dans quel but ?
Mû de Jamir
Bravo M. Derville, vous faites un excellent régulateur.
jejomau
Quel récup l’UMP pourrait faire de cette manif ? Sérieusement ?
Jinvite tous ceux qui marcheront à côté de l’un des élus UMP à lui demander QUAND ils se décideront à virer “Gaylib” de leurs rangs !
Solange
Il est heureux que Tugdual Derville ait pris la mesure de la gravité des dérapages multipliés et ait rappelé par la même occasion les valeurs familiales naturelles.
La manif pour “tous” ne doit pas oublier TOUS ceux qui y participent : les marcheurs, dans leur majorité écrasante, s’opposent totalement à l’homocompatibilité de Frigide Barjo. Cette ultramajorité est sur la ligne d’Alliance Vita.
Souhaitons que jusqu’au 13 janvier aucune zizanie supplémentaire ne vienne remettre en cause ce retour au sérieux permis par Tugdual Derville.
GC
Sainte Jeanne d’Arc viendrait-elle à la manifestation du 13 janvier 2013?
Elle avait fait le ménage dans son armée en renvoyant les femmes de mauvaise vie. Elle demandait à ses soldats de se confesser et de communier avant la bataille.
Comment un catholique peut-il participer à une manifestation où figure parmi le comité d’organisation une association d’homosexuels?
Comment peut-il participer à une manifestation où s’afficheront des homosexuels en tant que tels?
Sainte-Jeanne d’Arc éclairez les catholiques et particulièrement les évêques.
B L
Frigid Barjot est souvent contre-productive.
Elle était inaudible pour la majeur partie des manifestants du 17 novembre.
Faite (discrètement) un sondage. Chiche.
xenophon
“Arrête ton char , Frigide!”
Message bien reçu semble-t-il!
Robert
Arrêtons d’attaquer et de gémir sur les points faibles.
Personne ne doit manquer le 13 janvier et aucune parole acerbe ne doit contribuer à faire douter ou à éloigner quiconque.
a
@GC
L’homosexualité en tant que telle n’est pas un péché, c’est l’acte homosexuel qui est un péché.
Philippe Ariño se dit “homosexuel abstinent”, ce genre de personne ne court pas les rues et je ne vois pas en quoi son témoignage serait si malvenu.
GC
Réponse à “a”
Mais qu’est-ce que “l’homosexualité en tant que telle”?
L’amitié existe entre hommes et entre femmes.
Mais ces amis ne se disent pas “homosexuels abstinents”.
Ils n’ont pas d’attitude équivoque en vivant comme des conjoints.
Que veut-on nous faire accepter?
“Que votre oui soit oui!
Que votre non soit non!”.
La confusion c’est le règne de Satan.
NB
Oui Philippe Arino permet d’illustrer un mode de vie crédible et équilibré à la majorité des homosexuels forcément désorientés par ce projet. M. Derville a raison de le mettre en avant. Bien préférable a M. Bongibault