Coup de gueule de Benoît Rayski sur Atlantico :
"(…) L'establishment, la nomenclature de ce qui fut le plus grand parti de la droite française se rallie à Macron sans pudeur et sans états d'âmes. Ils auraient pu y aller doucement, timidement, en catimini, sur la pointe des pieds. Non. Ils y vont avec leur gros sabots qui à la façon des claquettes font entendre des "Ma-cron, Ma-cron".
Vous voulez la liste ? Elle s'enrichit tous les jours. Juppé, Raffarin, Pécresse, Le Maire, Bertrand… Mais pas Fillon : abasourdi par sa défaite il a lâché un "Macron" le soir de son échec et, depuis, se fait heureusement silencieux. Il y en a même qui font des offres de service on ne peut plus obséquieuses : Bruno Le Maire se voit bien ministre d'Emmanuel Macron… Même Jean-François Copé, que la décence aurait dû amener à se faire oublier a susurré quelques mots d'amour pour le patron d'"En Marche !".
Tous aussi ont trouvé des intonations outragées pour dénoncer la "trahison" de Nicolas Dupont-Aignan qui a rallié Marine Le Pen (…) Nicolas Dupont-Aignan est un traitre" s'étrangle Alain Juppé… "Nicolas Dupont-Aignan est un traitre" s'indigne Valérie Pécresse… Les autres s'offusquent à l'unisson. Et si on ne donne pas leur liste au complet c'est de crainte de lasser les lecteurs.Dans le Crime de l'Orient Express les assassins étaient au nombre de 12. Chez les Républicains ce record est largement battu.
Mais si Nicolas Dupont-Aignan est un traitre il faut bien qu'il ait trahi quelqu'un ou quelque chose non ? Il n'a pas trahi les Républicains : il n'était pas membre de ce parti. Il n'a pas trahi non plus la droite au sens large de ce mot : son parti (Debout La France) est depuis toujours farouchement souverainiste et anti européen. Mais peut-être a-t-il, en ralliant la candidate Front National, trahi la République ? La République, si tant est que ce mot ai encore un sens a été trahie, piétinée, bafouée par tous ceux -d'Alain Juppé à Valérie Pécresse- qui accusent Nicolas Dupont-Aignan de trahison.
Ils ont trahi Fillon en le soutenant pendant sa campagne comme la corde soutient le pendu. Et une fois que la bête a été à terre ils l'ont allègrement foulée aux pieds. Mais qui sont-ils pour parler de trahison ? Quelle légitimité morale ont ces pourfendeurs du mal ? (…)"