Le dominicain Jean-Thomas de Beauregard a publié une tribune dans La Croix pour dénoncer les médecins de tout poil qui s’agitent autour du malade de l’Eglise en Occident et rappelle qu’il y a, au fond, un problème de foi :
[…] Le bataillon des médecins patentés tient de la farce : des théologiens qui se veulent subversifs mais ne sont que subventionnés par l’institution chantent le vieux refrain du progressisme en imitant les derniers marxistes ou ultralibéraux : « Si nos remèdes ne guérissent pas encore, c’est qu’il faut doubler la dose » ; des religieux de congrégations qui n’ont pas accueilli une vocation depuis trente ans claironnent leurs recettes infaillibles pour retrouver une vie religieuse authentique et des effectifs pléthoriques ; des sociologues ou historiens qui assortissent un diagnostic souvent correct de remèdes hors de leur champ de compétence. La liste des remèdes prescrits vaut la peine d’être examinée.
L’ordination des hommes mariés ou bien des femmes pour relancer les vocations ? Un regard même superficiel sur l’état du protestantisme libéral suffit à en dénoncer l’inanité, comme d’ailleurs pour l’alignement de la foi ou de la morale sur les idées du monde contemporain.
Plus de femmes et de laïcs dans le gouvernement de l’Église ? Le pape François y exhorte. C’est en effet mieux fondé. Mais l’effet de cette évolution souhaitable sera limité, comme l’illustre la situation des paroisses – où les femmes et les laïcs tiennent le manche – et celle des congrégations féminines – où les abus spirituels et les problèmes de gouvernance existent aussi.
Plus de démocratie dans la gouvernance ? Oui, bien sûr. L’autorité a besoin d’être éclairée. Mais gare à la manipulation des processus démocratiques par des minorités agissantes, comme on le voit dans le chemin synodal allemand.
Il y a d’ailleurs quelque indécence à instrumentaliser le drame terrible vécu par tant de victimes d’abus pour refourguer une marchandise périmée fabriquée à une autre époque où les problèmes étaient tout différents. Le médecin qui prétend guérir toutes les maladies de tous les temps avec le même remède se dénonce comme charlatan. En réalité, on ressort le même vieil agenda idéologique en l’habillant des oripeaux de l’urgence et de la compassion. Un rideau de fumée pour mieux camoufler l’abandon de la substance de la foi et de la morale. […]
Dans l’Évangile, on parle d’une femme hémorroïsse « qui avait beaucoup souffert du fait de nombreux médecins et avait dépensé tout son avoir sans aucun profit, mais allait plutôt de mal en pis » (Mc 5, 25). L’Église est cette femme-là. Le seul qui peut la guérir est Jésus lui-même. Et les remèdes sont connus, efficaces parce qu’ils viennent de Dieu et non pas de l’expertise humaine gonflée au vent de l’époque : les sacrements, l’Écriture sainte, la prière, et la conversion personnelle. Et le courage des décideurs. Sans cela, les ajustements institutionnels, s’il y en a de légitimes, sont voués à l’échec.
L’Église est une communauté unie par la foi en vue de la sainteté. Toute maladie grave qui l’atteint porte donc sur la foi et la sainteté. Les médecins qui ne croient plus à la gravité du péché ni à la puissance de la grâce, encore moins à un Jugement au terme duquel deux issues sont réellement possibles – le Ciel et l’Enfer –, se rendent incapables de comprendre l’importance de la sanction, de la pénitence et de la conversion. […]