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L'Eglise : Foi

Impossibilité d’ordonner des femmes : un enseignement infaillible, de soi irréformable

Impossibilité d’ordonner des femmes : un enseignement infaillible, de soi irréformable

Revenant sur le débat concernant l’ordination des femmes, le chanoine Merly, canoniste, rappelle dans L’Homme Nouveau qu’il n’y a plus de débat depuis, au moins, la lettre apostolique de Jean-Paul II du 22 mai 1994 :

[…] Y était indiqué que le sujet, malgré de nombreuses clarifications de la part du Magistère, était étonnamment encore débattu, et qu’afin « qu’il ne subsiste aucun doute sur une question de grande importance qui concerne la constitution divine elle-même de l’Église », le pape déclarait,

« en vertu de [s]a mission de confirmer [s]es frères (cf. Lc. 22,32), que l’Église n’a en aucune manière le pouvoir de conférer l’ordination sacerdotale à des femmes et que cette position doit être définitivement tenue par tous les fidèles de l’Église. »

Naturellement, les tenants de la position novatrice ouvrant l’accès au sacerdoce aux femmes ont indiqué que la position du pape n’était que disciplinaire, conjoncturelle ou prudentielle. En tout cas, susceptible de changement dans un avenir plus ou moins rapproché. C’est pourquoi la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a souhaité préciser que cet enseignement revêtait tous les caractères d’un enseignement infaillible, de soi irréformable, conformément aux indications du 1er concile du Vatican concernant l’infaillibilité de certains enseignements pontificaux en matière de foi et de mœurs.

Mais le « serpent de mer » n’avait pas dit son dernier mot. Dès 2016, le Pape François, tout en répétant le caractère irréformable de l’enseignement donné par ses prédécesseurs sur cette question, instituait cependant une commission visant à étudier la possibilité de l’accès des femmes au diaconat – et plus généralement au sacrement de l’Ordre – faisant suite à l’idée renaissante que, dans les temps apostoliques, cet ordre pouvait avoir été conféré à des femmes – les diaconesses –, et que, dès lors, rien n’interdisait, dans l’optique d’un retour « aux normes des saints pères » , « ad pristinam sanctorum patrum normam », selon l’expression ancienne et reprise par la constitution conciliaire sur la liturgie, Sacrosanctum concilium, du 4 décembre 1963, l’idée d’un diaconat féminin.

Cette commission n’ayant pas donné d’avis suffisamment unanimes sur cette question, une autre fut instituée, en 2020. La discussion théologico-historique ne manquera sans doute pas d’intérêt, car la question fait partie de ces pierres d’achoppement qui semblent diviser l’Eglise en deux « partis » : les tenants de la doctrine traditionnelle, n’envisageant le diaconat que pour des hommes, s’appuyant sur la Parole de Dieu, la Tradition et le Magistère, et ceux qui tiennent pour une forme d’ouverture à l’esprit du monde, considérant, comme les héritiers de Luther ou Calvin, que le diaconat n’est pas un degré du sacrement de l’Ordre – qui pour eux n’existe d’ailleurs pas – mais un « ministère » qui peut être accompli par n’importe qui, moyennant une désignation dont la modalité peut varier selon les dénominations protestantes.

On a pu ainsi lire dans le document final du synode sur l’Amazonie, en 2017 que « dans les nombreuses consultations menées en Amazonie […] le diaconat permanent pour les femmes a été demandé. »

Le canoniste, sans être étranger à la problématique, n’a pas vocation à y apporter un éclairage spéculatif, domaine plus communément réservé aux théologiens. D’ailleurs, ces derniers ont mené sur cette question une réflexion sérieuse, durant plusieurs années – en fait, à partir de 1992 –, dans le cadre de la Commission théologique internationale, laquelle, en 2003, rendait public un document intitulé : « Le diaconat : évolution et perspectives », fruit d’un long labeur intellectuel.

Elle y indique notamment l’unité du sacrement de l’Ordre, quoique distingué en diverses parties intégrantes, mais elle note surtout que

« les diaconesses dont il est fait mention dans la tradition de l’Église ancienne (selon ce que le rite d’institution et les fonctions exercées suggèrent) ne peuvent pas être assimilées purement et simplement aux diacres. »

Cette étude reprenait, en les approfondissant, les enseignements de l’Eglise sur cette question. […]

En vérité, la discussion sur l’accès des femmes au diaconat, et plus généralement au sacrement de l’Ordre, suggère plusieurs réflexions au canoniste.

La première, est d’abord celle de l’existence-même d’une discussion sur ce sujet, dans l’Eglise fondée par Jésus-Christ. En raison de la pratique des protestants, une ambiguïté semblait exister puisque certaines dénominations chrétiennes hors de l’Eglise avaient fait choix d’ « ordonner » des femmes, diacres, prêtres et même plus récemment, d’en faire des évêques, le magistère avait alors jugé bon de clarifier la question.

La doctrine exposée par le magistère est aujourd’hui non seulement claire et limpide dans son contenu, mais encore dans l’assentiment de foi qu’il requiert. Si bien que le canoniste est stupéfait que l’on fasse un sujet de discussion sérieux dans l’Eglise d’une doctrine irréformable. Il n’est en effet pas moins certain pour l’Eglise et ses fidèles que le sacerdoce en chacun de ses degrés est inaccessible aux femmes, que Dieu existe, ou que Notre-Seigneur est réellement présent sous les espèces du pain et du vin à la Sainte Messe.

Prétendre le contraire, c’est commettre le péché – c’est le domaine des moralistes – et le délit – domaine des canonistes – contre la Foi, en clair, une hérésie. Sauf, naturellement, à prétendre que la doctrine de l’infaillibilité pontificale définie au 1erconcile du Vatican n’est pas, en fait, une donnée de la Foi, mais une opinion susceptible d’être reçue ou non dans le corps ecclésial.

Fondamentalement, la difficulté qui résulte de discussions sur des sujets pourtant indiscutables tient à la nature de l’Eglise et de son enseignement. Est-elle, oui ou non, fondée par Jésus-Christ, sur un fondement visible, Pierre et ses successeurs ? Si tel est le cas, alors toute discussion sur des matières définies comme appartenant au donné révélé est vaine et exclue, sinon, il faut envisager l’Eglise comme une société simplement humaine, étrangère au concept de révélation divine. […]

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