Les deux églises Al-Tahira des chaldéens et Mar Toma des syriaques orthodoxes à Mossoul seront inaugurées le 15 octobre 2025.
Après avoir été saccagées par Daesh, ces deux églises ont été fortement endommagées lors des combats pour la libération de la ville en 2017.
Leur reconstruction, financée par la fondation ALIPH et réalisée par L’Œuvre d’Orient, a une forte valeur symbolique pour tous les habitants de Mossoul et, d’une manière générale, pour l’ensemble des Irakiens. Elles représentent un patrimoine exceptionnel qui a traversé les siècles, témoignant de la longue histoire de la communauté chrétienne de Mossoul.
L’église syriaque orthodoxe de Mar Toma, datée originellement du VII siècle, aurait été construite sur une maison où aurait séjourné l’apôtre saint Thomas. Elle comporte cinq nefs, comme cinq morceaux d’histoire. Elle est constituée de deux, voire de trois églises parallèles. Son histoire est d’autant plus complexe qu’elle fut construite par étapes successives au VII, XVIII et XIX siècle. Son architecture porte certaines caractéristiques de la période atabeg du XIII siècle. L’église d’origine a été endommagée lors du siège de Mossoul par les Perses au XVIII siècle. À la suite du siège, et en remerciement de l’aide des chrétiens dans la défense de la ville, le Pacha Jalili a permis exceptionnellement de nombreuses reconstructions d’églises dont cette église Mar Toma. L’église a été utilisée par Daech durant l’occupation de Mossoul par l’État Islamique et a servi comme bâtiment de son administration, police tribunal prison. Comme toutes les églises, elle a été profanée, les inscriptions et signes chrétiens ont été martelés en grande partie. La guerre de libération de la ville a, par ailleurs, causé de multiples dégâts. Ce n’est pas seulement l’église mais l’ensemble du complexe, comprenant également l’évêché, l’atrium et les cours attenantes, qui a été restauré après 3 ans de travaux. Restaurer cette église est important pour les chrétiens locaux, qui sont ainsi encouragés à revenir vivre sur place, et pour que Mossoul renaisse comme la ville pluriculturelle qu’elle était.
L’église Al-Tahira des chaldéens
Selon le père dominicain Jean-Marie Mérigoux, qui a vécu des dizaines d’années à Mossoul, « de toutes les églises de Mossoul, beaucoup s’accordent pour dire que la plus belle est Tahira des chaldéens ». Magnifique église, elle a été édifiée sur les ruines de l’ancien monastère Saint-Gabriel, couvent assyrien qui fut une grande école de théologie aux IX et X siècles. Ce fut là que s’élabora la liturgie chaldéenne. Elle a été construite au milieu du XVIII siècle, sur autorisation exceptionnelle du Pacha de Mossoul pour remercier les chrétiens d’avoir pris une part active dans la défense de la ville assiégée par les Perses en 1743. L’église, bâtie dans le plus pur style Jalili, est un chef-d’œuvre d’unité et d’élégance. Ce style est marqué par sa finesse dans la sculpture et la stéréotomie, par la composition de ses motifs floraux et géométriques. L’intérieur de l’église est une belle harmonie de voûtes en ogives, sculptées dans le Faresh, le marbre de Mossoul. Le nom de l’église, Al-Tahira, fait en effet référence à la Vierge Marie « la Pure ». L’inscription de l’une des deux portes d’entrée évoque la protection céleste que Marie aurait apportée à la ville : « Que Marie soit un rempart qu’elle nous garde du mauvais ». Pour cela, l’église a longtemps été fréquentée par tous les Mossouliotes, y compris les musulmans. L’église a été très dégradée par Daech lors de l’occupation de la ville et des bombardements intensifs. Tout comme pour l’église Mar Toma, le travail de restaurateurs a été crucial et a permis de restituer la barrière de Qostroma complètement détruite par Daech et les inscriptions et croix martelées. L’Œuvre d’Orient, avec le soutien de la fondation ALIPH, a fait de sa restauration une priorité : emblème de la richesse patrimoniale chrétienne de Mossoul, elle représente également une renaissance qui donne un nouvel élan aux habitants, chrétiens mais aussi musulmans, pour revivre à Mossoul.