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France : Politique en France

Incursion dans la France macronienne d’après. Parlement, le 16 juin

Incursion dans la France macronienne d’après. Parlement, le 16 juin

A quoi va ressembler la France macronienne le jour d’après ? Pour essayer de se faire une idée, petite revue pointilliste et partiale de la séance du mardi 16 juin 2020 à l’Assemblée Nationale consacrée, comme à l’accoutumée, aux questions au Gouvernement et aux réponses des ministres.

Nous sommes d’abord très heureux d’avoir vu que Mme Jacqueline Gourault, ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, existait encore. On s’inquiétait un peu. Après tout, elle fait partie des plus âgés du gouvernement. Mais, bon, elle est encore là, fidèle au poste. Ce qu’elle répond à la question d’un député concernant le soutien aux collectivités territoriales n’a aucun intérêt mais cela n’est d’aucune importance : Mme Gourault n’est ministre que parce qu’elle symbolise le soutien du MODEM, après la disparition précoce de M.Bayrou, Mme Goulard et Mme de Sarnez du gouvernement. Transparente elle était, transparente elle reste.

M.Gabriel Attal existe toujours lui aussi. Pour être honnête, on ne s’inquiétait pas du tout pour lui : on avait appris grâce aux épidémiologistes nombreux, compétents et mobilisés sur les chaînes télévisées pendant ces derniers mois que les enfants n’étaient que très rarement atteints par le virus. Interrogé par Mme Forteza (Ex-LaRem, devenue Ecologie-démocratie-solidarité) sur sa politique en faveur de la jeunesse (« Plus que d’un plan de relance, c’est d’un plan d’existence dont nous avons besoin pour donner tous les moyens à nos jeunes de se réaliser. Comment se relancer quand on n’est même pas lancé dans la vie ? » !!!!!), celui qui doit sans doute d’être au gouvernement par pur népotisme d’un nouveau genre répond en faisant ce qu’il sait le mieux faire, cirer les pompes du Président (« Dimanche soir, dans son intervention, le Président de la République a fait de la jeunesse la grande cause de la relance du pays »). Cireur de pompes un jour, cireur de pompes toujours.

Il a bien sûr été largement question des problèmes de maintien de l’ordre, suite aux récents événements en France.

Et il faut bien reconnaître que M.Castaner a encore réussi à se surpasser. Rappelons nous les « l’émotion dépasse les règles juridiques », « manifestations interdites mais tolérées, et donc il n’y aura pas de sanction », « suspension de policier en cas de soupçon avéré ». Mais aussi son refus de porter plainte contre une supposée chanteuse expliquant que certains en France se font massacrer par la police pour nulle autre raison que leur couleur de peau. Et encore, à propos de l’affaire dite « Floyd » : « Je crois que la politique est faite de symbole. Et si ce symbole-là [NDLR : de mettre un genou en terre] était utile pour vaincre le racisme, je serais parfaitement à l’aise de le faire », avant d’envisager même d’organiser une mise en scène dans la cour de son ministère.

A un député qui lui demandait : « affirmez sans réserve votre soutien à celles et ceux qui nous protègent », M.Castaner a osé répondre : « Monsieur le député Minot, vous avez raison : nous devons à nos forces de sécurité cet engagement que je n’ai jamais cessé d’incarner et de défendre ». Comment il disait, Michel Audiard, à propos des cons ? Incompétent hier, incompétent demain ?

Le Premier ministre quant à lui continue ce qu’il sait le mieux faire, prodiguer de façon distanciée des analyses générales et-qui-ne-mangent-pas- de pain sur ce qu’il conviendrait de faire :

« Je sais que la situation actuelle exige des transformations majeures et non un quelconque apaisement. Elle impose que nous puissions faire face aux dangers qui nous menacent, à l’extérieur comme à l’intérieur, que nous fassions preuve d’une plus grande solidarité vis-à-vis des plus vulnérables et que nous réorientions notre production et notre consommation vers des axes qui soient compatibles avec la transition écologique ».

Exactement comme s’il n’était pas le premier concerné :

« L’autorité de l’État, c’est la capacité à faire respecter la loi. C’est la loi qui doit prévaloir dans un État de droit ; c’est la loi qui doit prévaloir dans la République. Or la force la met parfois en cause. Des bandes, des groupes, voire des individus, veulent la faire céder, la briser. Vous le savez bien, monsieur le sénateur, ce combat n’est pas récent, il est éternel, mais c’est un combat qui, aujourd’hui, dans notre pays, s’impose avec peut-être encore plus d’acuité que dans les années précédentes. C’est un fait. Face à cela, il faut non pas faire taire les débats politiques, car ils sont indispensables, mais essayer, au-delà de ces débats, d’atteindre à un esprit de concorde sur l’essentiel, à savoir les valeurs de la République. Il faut soutenir ceux qui mènent le combat de la République » (E .Philippe au Sénat, le lendemain 17 juin).

Technocrate policé hier, technocrate policé demain.

Dans la France sortant du confinement qui lui a été imposé, il est bien sûr urgent d’éviter l’effondrement craint par le-dit Premier ministre et de renforcer aussi l’unité nationale (M.Macron le 14 juin :

« L’indépendance de la France pour vivre mieux exige aussi notre unité autour de la République. Tel est le deuxième axe de cette nouvelle étape. Je nous vois nous diviser pour tout et parfois perdre le sens de notre Histoire. Nous unir autour du patriotisme républicain est une nécessité »).

M.X.Breton (député LR) fait observer :

« Quels sont les sujets prioritaires auxquels le Président de la République, le Gouvernement et le Parlement doivent se consacrer dans les douze prochains mois ? À cette question posée par l’IFOP dans un sondage dont les résultats ont été publiés hier, les trois priorités sont la sauvegarde de l’emploi, le pouvoir d’achat et l’efficacité de notre système de santé. Suivent la sécurité, la protection de l’environnement ou l’avenir de notre système de retraite, puis d’autres sujets et, à la toute dernière place, se trouve reléguée l’assistance médicale à la procréation pour les femmes seules et pour les couples de femmes, avec 1 % de réponses…. Plus de sept Français sur dix – 71 % exactement – estiment que ce projet de loi doit être suspendu, et même retiré, pour donner la priorité à la gestion des conséquences de la crise du covid-19. Alors, pourquoi diviser notre pays sur un sujet qui n’est ni prioritaire ni urgent, alors que nous devrions, au contraire, être mobilisés et solidaires face à la crise ? ».

Et alors même que les rassemblements de plus de 5000 personnes restent interdits ce qui contraint l’expression des oppositions (sauf si, bien sûr, l’émotion dépasse les règles juridiques, mais M.Castaner n’a encore jamais exprimé publiquement d’émotion pour des enfants qui seraient, délibérément de par la loi, privés de père et de filiation paternelle).

Or, lors de cette séance, M.Véran avait disparu du banc du gouvernement. Peut-être préparait-il ses auditions à venir devant les différentes commissions d’enquête pour sa vista dans la gestion de la crise sanitaire ? On pense par exemple à son intervention irritée (M.Véran est très fréquemment irrité) le 27 mai, toujours à l’Assemblée nationale, quand il soutenait la déclaration du Gouvernement relative aux innovations numériques dans la lutte contre l’épidémie de Covid-19, en vue du vote pour le déploiement de l’application STOP-COVID :

« Cette application est-elle liberticide, comme je l’entends ? Liberticide, cela veut dire privatif de liberté. Eh bien, empêcher quelqu’un de se doter d’un outil qui permet de de protéger, voilà qui est sans doute liberticide ! », intervention que l’on peut utilement rapprocher de ce tweet du 17 mars provenant d’un collectif autonome de policers en île-de-France :

C’est bien sûr juste pour aider amicalement M.Véran dans ses travaux préparatoires.

Toujours est-il que, M.Véran aux abonnés absents, c’est M.Adrien Taquet, son secrétaire d’Etat qui répond : l’assistance médicale à la procréation « est une avancée majeure, attendue par des dizaines ou des centaines de milliers de femmes dans notre pays ».

Dizaines ou centaines de milliers ? On sent immédiatement que l’étude d’impact a été menée avec la plus extrême rigueur.

Essayons d’y voir un peu plus clair : « Selon les estimations du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), entre 2 000 et  3 000 femmes auraient recours à une PMA transnationale chaque année » selon un article d’Alternatives économiques de 2019. Il est certain que l’accès en France, de façon gratuite, amplifiera le marché et en augmentera le nombre. Mais de combien ?

Autre ordre de grandeur pour toujours mieux mesurer : il y a, par an, 7500 PACS et 6500 mariages entre personnes de même sexe. Soit un total de 15000. Mettons 50/50 entre hommes et femmes, soit 7500 nouveaux foyers homosexuels féminins par an. Tous ne voudront sans doute pas se doter d’un enfant, mais il y a en plus des femmes seules. Au total, les centaines de milliers de femmes, cela paraît beaucoup. Mais il faut trouver des raisons pour faire pleurer dans les chaumières.

Et puis, c’est vrai que le financement de la sécurité sociale est au beau fixe, il faut en profiter : le déficit prévu pour 2020 ne va passer que de 2 (en 2019) à 52 milliards d’euros. On n’est plus à un milliard près. Quant aux marchés médicaux parallèles, nombre de structures se frottent déjà les mains. Par exemple, concernant le don de gamètes (donneurs de sperme) : il y a actuellement environ 250 nouveaux donneurs par an (chaque don donnant naissance à environ 4 enfants). Il a été estimé que pour couvrir dans le cadre législatif existant (PMA médicalisée) les besoins des nouveaux couples infertiles (un homme-une femme, +3500 par an), il faudrait environ 300 nouveaux donneurs par an. Vous imaginez le déferlement des centaines de milliers de femmes à la chasse aux gamètes avec la PMA sans père ! Bon pour le business parallèle, c’est sûr. Soumission au marché avant, soumission au marché pendant (la gestion de la question de l’hydrochloroquine), soumission au marché après.

Comme d’habitude l’obsession d’un racisme français est toujours présente. Soit lors des questions (M.S.Letchimy, député PS :

« Le racisme peut aussi s’exprimer de manière obscure et larvée, par la présence inacceptable de certains monuments symboles de la période coloniale, ici à l’Assemblée nationale – je pense à la statue de Colbert, le père du code noir – ou par la parole de celui qui, à longueur de tribunes et d’antennes, distille impunément la peste qui lui sert d’activité mentale : Éric Zemmour. Tout cela fait persister un esprit colonial érigé en système, source d’inégalités et d’injustices de génération en génération, et qui attise des révoltes qu’il faut entendre et qui exigent des mesures exceptionnelles ».

soit lors des réponses des ministres : C.Castaner :

« Le racisme nous touche dans notre histoire, dans notre quotidien. Nous devons être totalement mobilisés face à lui. Tel est le sens du plan d’action que le Premier ministre avait présenté en 2018, et qui comprend une série de mesures visant à lutter contre les discriminations. Tel est le sens du combat permanent que nous menons et qui est le mien » ;

le même n’hésitant pas à dire des contre-vérités :

« Nos forces de sécurité intérieure sont mobilisées pour appliquer les lois votées par le Parlement, parmi lesquelles la récente loi adoptée par l’Assemblée qui permet de signaler les actes et les propos antisémites, racistes et homophobes, et d’intervenir encore plus vite. Là encore, ce sont les policiers et les gendarmes qui sont en première ligne »

faisant ainsi référence à la fameuse loi Avia qui prévoyait justement une délégation des actions aux fournisseurs des réseaux sociaux et pas du tout à la police ; loi qui d’ailleurs -et heureusement- vient d’être annulée par le Conseil constitutionnel. Idéologie de l’antiracisme, une valeur sûre hier ; idéologie de l’antiracisme, une valeur sûre demain.

Il y a aussi lou ravi de la crèche à propos de la République, M.P-Y. Bournazel (député MODEM) qui écrit sans rire : « Notre pays a été trop fracturé dans le passé. La République nous unit : elle nous permet de faire société et nation ». Une République qui fait nation ? Notre pays serait moins fracturé qu’hier ? Aveuglement hier, aveuglement demain.

Une bonne nouvelle pendant cette séance. Mme Belloubet informe l’Assemblée lors de l’inévitable question sur les violences conjugales que « depuis plusieurs mois, le chiffre toujours glaçant des féminicides semble connaître une légère inflexion : trente-six féminicides ont été comptabilisés depuis le début de l’année, contre 150 en 2019. Ce chiffre nous encourage à poursuivre notre politique volontariste ». Quand on se rappelle tout le tapage fait par Mme Schiappa sur les risques de cette période de confinement ! Mais il faut bien exister, quand on est une égérie du gouvernement. Bruit hier, bruit demain.

Finalement, on ne retiendra que deux faits un peu nouveaux dans ce monde soi-disant à réinventer (au-delà du vote d’une cinquième branche Dépendance de la sécurité sociale, mais sans financement, alors il est prudent d’attendre…) : à partir du lundi 22 juin, tous les députés pourront siéger dans l’hémicycle à condition de porter un masque. Et M.L.Pietraszewski est maintenant secrétaire d’État chargé des retraites et de la protection de la santé des salariés contre l’épidémie de covid-19.

Il n’y a pas à dire : le monde de demain sera comme le monde d’hier. En pire à considérer l’affaissement grandissant de l’Etat entre dérives communautaristes et racialistes d’un côté, guerre de gangs plus ou moins étrangers mais tous à forte composante musulmane de l’autre.

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5 commentaires

  1. Voici qu’on demande à une « convention citoyenne pour le climat » qui n’a aucune légitimité de proposer des solutions pour achever ce qui reste de la France et de sa Constitution.

    En effet, proposer d’inclure dans notre Constitution un prétendu crime d’Écocide, comme s’il n’y avait pas déjà eu trop de repentances infondées, revient à détruire notre Constitution de l’intérieur.

    Notre Constitution doit en effet s’appliquer aux Français avec des critères précis qui les concernent : langue, frontières, peuple, nationalité, monnaie, organisation politique, institutions et indépendance, souveraineté, armée, …

    Un référendum bidon portant sur un prétendu crime proposé par une convention sans légitimité, ça aurait de la gueule, non, pense-Jupiter… ?

    Les Français demandent un référendum mais pas celui-là. En ce moment, il n’y a pas que des statues qui sont déboulonnées !

  2. À quoi sert l’Assemblée Nationale ?

    A rien d’autre que d’être une caisse d’enregistrement. Mal élue dans la foulée des Présidentielles, sans dose de proportionnelle, elle ne représente pas les Français et il faut la dissoudre et procéder à de nouvelles élections. Elle n’est plus une force de proposition. Elle ne fait pas son travail mais nous continuons à payer.

    La PREUVE en est que Jupiter est obligé de créer une Assemblée bidon dite « Convention citoyenne » censée cette fois représenter las Français. Mais c’est encore raté ! Le GRAND ÉCART entre les « experts » d’une part et « des sans diplôme (26%) ou de quartiers prioritaires (13%) ou 16/17 ans, … » il y a de quoi exaspérer bien des gilets jaunes !

    Je ne crois pas que les Gilets jaunes demandaient qu’on diminue la vitesse à 110 km/h sur « nos » autoroutes très, très, chères alors qu’ils étaient contre la baisse à 80 km/h ailleurs !

    En plus des repentances, de faux crimes contre l’humanité, des lois Avia, des pseudo discriminations positives, du prétendu racisme, du « balance ton porc », de la falsification de notre Histoire, il faille maintenant un écocide-20, petit frère d’un covide-19.

    Reprenant à peine son souffle après la prison du confinement, mesurant chaque mot, surveillés par Pleven, Gayssot, et maintenant Avia, soumis à des lois sociétales déconstructrices, vous allez adorer le nouveau « crime d’Écocide » !

    Nos rues sont occupées par quelques milliers de manifestants et une poignée de déboulonneurs suite à un seul décès ancien dont on n’est pas sûr de la cause alors qu’on ne parle plus des attentats de djihadistes aux victimes nombreuses et bien réelles celles-là.

    Si des peuples autochtones ne se sentent plus vivre en paix dans un pays libre alors qu’ils n’ont pas bougé, il faut organiser non pas la résilience mais la résistance.

    ————————————————

    Le GADGET :

    Convention Citoyenne : « À l’image de la population française, le groupe est donc constitué de 51% de femmes et de 49% d’hommes, avec notamment 3% de 16/17 ans et 11% de 18/24 ans. 27% sont retraités. 26% de personnes sont sans diplôme ou avec un niveau Brevet des collèges. 13% vivent dans un quartier prioritaire, et deux personnes étaient encore SDF il y a peu. 1% sont agriculteurs. Quatre personnes habitent en Outre-mer. »

    https://www.francebleu.fr/infos/environnement/la-convention-citoyenne-pour-le-climat-commence-ce-vendredi-1570093332

  3. Les députés sont censés représenter les citoyens. Or nos députés, de par l’indemnité parlementaire qu’ils reçoivent, ne représentent qu’une petite minorité des Français. En effet, cette indemnité parlementaire les range dans la catégorie des “riches”, même si on ne considère que leur indemnité “de base”, qui est très largement au-delà du double du revenu médian (critère pour être considéré comme “riche”, soit moins de 10% des Français).

    • Le problème n’est pas qu’ils soient considérés comme riches ou français moyens, le problème est que la plupart d’entre eux n’ont plus les compétences nécessaires ni ne font le travail pour lequel ils sont payés.

      Le dégagisme est de nouveau à la mode…

  4. larem d’avant ou d’après , l’umps de l’ancien régime!

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