De Pauline Mille sur RITV :
"En décidant le transfert à Jérusalem de l’ambassade des USA en Israël, Trump a passé pour fou aux yeux des sages, qui ont aussi condamné ses menaces contre la Corée du Nord en août dernier. Aujourd’hui pourtant les deux Corée donnent des signes de paix, et Jérusalem pourrait être la capitale de deux Etats. […]
Rappelons au passage, sur ce dernier sujet, que la politique est l’art de peser les rapports de force, et que, rompant en visière avec la planète entière, Trump doit bien s’assurer quelques alliés. En outre, sur ce dossier précis, le provocateur fou pourrait bien avoir été sage. Il assure « préparer un accord de paix » au Proche-Orient, « le plus difficile ». Il ajoute : « Je pense que les Palestiniens veulent revenir à la table des négociations, mais s’ils ne le font pas, il n’y aura pas de paix, et c’est aussi une possibilité ». La phrase est typique de sa manière : Trump est un négociateur, pas du genre diplomate, mais businessman. Et il a placé la barre très haut en commençant par un symbole, situer la capitale d’Israël à Jérusalem. Cela lui permet maintenant une grande marge de négociation tant vis-à-vis des Palestiniens (il peut leur accorder beaucoup), que vis à vis des Israéliens (il peut leur demander beaucoup puisque l’une de leurs revendications principales est acquise, et avec elle la pérennité de l’Etat d’Israël).
Cela n’est pas une conjecture, simple déduction logique de son comportement : le journal saoudien publié à Londres, l’Asharq al-Awsat, rapporte que, selon des sources diplomatiques arabes fiables à Paris, la vieille ville de Jérusalem serait placée dans le plan Trump sous « protection internationale ». Le futur Etat palestinien, que les Etats-Unis aideraient à créer, y aurait sa capitale. En échange, les Palestiniens abandonneraient leur revendication du droit au retour. La chose est énorme, et les Palestiniens crient à « la claque du siècle », jurant leurs grands dieux qu’il n’y aura « pas de capitale à Jérusalem », puisque « Jérusalem est la capitale » de la Palestine. Cependant, depuis des décennies que les négociations ne donnent rien, ce plan permet de revenir à un partage des terres et des symboles qui ressemble assez à celle d’avant la guerre des Six-jours, et pourrait donc, si les belligérants se lassent de poursuivre des chimères, déboucher sur une paix.
Autre zone géopolitique hautement sismique, l’Extrême Orient chinois. Là aussi Donald Trump a été traité de « fou » par la très sage opinion mondiale quand, le huit août dernier, il a promis à la Corée du Nord et son dictateur Kim Jong Un le « feu et la colère » des Etats-Unis. Si la Corée du Nord continuait de « proférer des menaces envers les Etats-Unis », elle encourrait une réaction « que le monde n’a jamais vue jusqu’ici ». C’était la réponse du berger à la bergère, Kim ayant promis la veille de faire payer « un millier de fois » aux USA « le prix de leurs crimes » et de transformer Séoul, la capitale de la Corée du Sud, en « mer de flamme ». Par delà ces postures et ces prises à partie homériques se joue là-bas une partie diplomatique à deux étages où Trump le fou est sans doute beaucoup plus sage qu’on ne le croit.
Premier étage, qui occupe presque tout le terrain médiatique, la Corée du Nord et son dictateur chouchou des réseaux sociaux. Avec l’aide de la Chine, elle se construit patiemment un arsenal nucléaire et les moyens de le transporter, dans l’Est asiatique d’abord. Si les experts disputent de la miniaturisation des bombes, donc de la capacité des ingénieurs coréens à les installer dans une fusée, des missiles ont été tirés, qui menacent non seulement le Japon et Corée du Sud, mais l’Asie du Sud-Est, menaçant la base militaire de Guam, que Kim a désigné pour cible. Lui aussi est un négociateur atypique. Les observateurs américains pensent que, tiré selon un autre angle, le missile Hwasong-14 coréen porterait jusqu’à 10.400 kilomètres, c’est-à-dire jusqu’à Los Angeles ou Chicago.
Mais pour Trump, Kim n’est qu’un tigre en laisse. Celui qui tient la laisse est Xi-Jinping, et le véritable adversaire des Etats-Unis est la Chine. C’est pourquoi, fidèle à sa méthode, Trump a-t-il dès son arrivée renouée avec Taiwan, passé un accord naval avec l’Inde, rassuré ses alliés japonais, malais, indonésiens. L’expansionnisme chinois dans la région est patent : la Chine vient de lancer un porte-avion, multiplie les incidents aériens et navals avec le Japon en mer Jaune, renforce ses positions dans les Paracelse et les Spratleys, sans considérer les intérêts du Vietnam, des Philippines et des autres puissances régionales. C’est contre cette avance forte, permanente et accélérée que tente d’agir Trump. Il associe à sa démarche, outre l’Inde et la Russie, tous les Etats moins importants d’Asie que la Chine inquiète, de sorte que ce consortium force la Chine à pousser son protégé coréen à la retenue, ce qui fait entrer paradoxalement Trump dans un processus mondialisant.
Il le fait à sa manière. Alors qu’ils ont multiplié guerres et sanctions au Proche-Orient contre un danger nucléaire qui n’existait pas, en Irak et en Iran, les Etats-Unis et l’Europe n’ont rien osé faire contre un danger nucléaire encore mineur mais certain en Corée du Nord. Trump a osé. En menaçant Kim, il veut donner un coup d’arrêt à l’expansionnisme chinois. Pour la première fois depuis 1950, les dirigeants de la Corée du Sud et de la Corée du Nord vont se retrouver fin avril pour un sommet historique dans la zone démilitarisée qui sépare leurs pays. Kim a déjà reçu une délégation sud-coréenne. Selon celle-ci, la Corée du Nord serait prête à discuter de sa dénucléarisation « si les menaces militaires contre le Nord disparaissent ». Trump juge ces nouvelles « très positives » et s’attribue le mérite de cette évolution. Il ne traite plus, pour l’instant, Kim de « fou » comme il le faisait auparavant. Il le croit désormais « sincère ». Les photos montrent un Kim « enjoué ». En mimant la guerre, Trump l’imprévisible a-t-il préparé la paix ?"
Lavallent
Il y a une erreur au niveau des rencontres inter-coréenne, il s’agirait de la 3ème depuis 1950, il y en a eu en 2000 et 2007.
Papon
Aujourd’hui encore personne ne peut affirmer si le president US est un imbecile ou bien s’il joue les imbeciles afin de derouter ses adversaires, ce qui serait une forme superieure d’intelligence.
San Juan
Je ne sais pas si Trump est fou, mais il est certain que le paltoquet élyséen n’est qu’un épiphénomène jetable. Ce fou de Trump fait revenir les sociétés et les fonds expatriés à toute vitesse, les investissements repartent, l’immigration est muselée et Hillary est sur le point d’être confondue. On a comme l’impression qu’avant peu la gauche yankee qui est aussi abominable que la franchouillarde sera soit laminée soit carrément en taule. Conclusion, à tout prendre il vaudrait mieux pour la France un fou comme ce Trump qu’une larve comme ce Macron.
Irishman
Bravo San Juan ! Bien dit ! Même si je n’apprécie guère le “personnage” de Donald Trump…qui, en bon américain, ignore tout ou beaucoup sur le monde “non américain du nord”…
Les faits sont là ! La gauche li-li-bo-bo (parfois, j’ai envie d’écrire gauche bonobo, ça leur va si bien !) criera encore et toujours au complot, au scandale, au loup, au racisme, au fascisme, à je ne sais quoi…
Etienne
Quoi qu’il en soit, il devient nécessaire voire urgent de quitter l’OTAN.
Yann
Israël est un pays de 7 millions d’habitants. Si Trump et les pays de l’Otan le voulaient, le problème palestinien serait résolu depuis bien longtemps.
Mais voilà, les sayan sont infiltrés partout et empêchent toute négociation. Ils ont besoin du chaos pour arriver à leur but eschatologique.
Thibault Doidy de Kerguelen
Je ne souscris pas à l’analyse de Pauline Mille.
La situation en Corée est loin d’être stabilisée. En effet, pour l’instant, le calme qui semble s’instaurer est en tous points conforme à la stratégie de Kim Jung Un.
Pour le comprendre, il faut réécouter un discours de Poutine qui date d’il y a à peu près un an. dans ce discours, le Président russe, comme toujours fin analyste de géostratégie, avait dit au détours d’une question de journalistes que le président américain avait tort de s’agiter car la partie était finie, le dictateur coréen ayant ce qu’il voulait…
Que voulait Kim Jung Un. Comme de Gaulle, l’indépendance nucléaire pour assurer la pérennité de son pays. Tirant conclusion du fait que Sadam ayant accepté les inspections, ayant accepté d’arrêter son programme nucléaire a été éliminé par les USA, il est désormais convaincu que le seul moyen d’éviter d’être attaqué et envahi n’est pas de céder au chantage américain mais au contraire d’être en mesure de dissuader toute attaque. Il a donc développé son programme nucléaire autonome, son programme de vecteurs, tenu bon pendant les dernières phases de mise au point… Et maintenant que tout est ok, tout peut rentrer dans l’ordre car il n’a jamais été question d’autre chose que d’assurer la sécurité de la Corée du Nord. Mais, allez vous dire que peuvent bien vouloir les Américains en Corée du Nord? La frontière. Les Américains sont les vrais déstabilisateurs de la mer de Chine. On veut faire peur au bon peuple avec un deuxième porte avions chinois? Il n’est même pas opérationnel quand la septième flotte américaine compte pour sa part 3 porte avions en permanence sur zone, les USS Ronald Reagan, USS Nimitz et USS Theodore Roosevelt, accompagnés d’une puissante escorte de croiseurs et destroyers, avec le soutien de sous-marins et d’appareils basés à terre. Tous cet armada multiplie les manoeuvres et vols d’intimidation. La guerre que Trump vient d’annoncer à l’encontre de la Chine n’est pas que commerciale. «Nous irons à la guerre dans la mer de Chine méridionale d’ici cinq à dix ans. […] Il n’y a aucun doute là-dessus», lançait en mars 2016 le chef du média conservateur américain Breitbart News, Steve Bannon, durant une émission radiophonique qu’il animait….
AUjourd’hui, l’armée américaine n’est sur aucune frontière avec la Chine. Une opération de “représailles” ou d’élimination d’un méchant dictateur ne respectant pas les droits de l’homme lui aurait permis d’en avoir une. Opération ratée. Et oui, probablement que la Chine avait aussi fait cette analyse et n’avait pas trouvé idiot de donner un coup de main à Kim Jung Un pour s’assurer un glacis….
Voici rapidement résumée mon analyse sur la situation en Corée du Nord et les raisons pour lesquelles elle semble se stabiliser. Ah! oui, j’avais commencé en disant n’était pas encore stabilisée… Ben voyez vous, au regard de l’attitude des USA, même de Trump, en Syrie, je me demande si malgré tout ces gros ploucs de ricains ne vont pas jouer la carte du jusqu’auboutisme…. Et alors là…..
patphil
la “real politik” fait de trump un “fou” mais dangereux pour les ennemis des états unis!