Témoignage d'un lecteur :
"Le 14 mai au soir, nous sommes six jeunes professionnels qui
décidons, après notre sport hebdomadaire d’ « ultimate fresbee », d’aller boire un verre au café Vauban, dans le 7ème
arrondissement de Paris. En sortant de la brasserie vers 23h, nous remarquons à
une centaine de mètres plus loin des mouvements de jeunes proclamant des
slogans à connotation anti « mariage pour tous», mouvement
auquel nous assistons fortuitement de loin, en simples spectateurs. Une dizaine de camions de CRS se déploient sur
toute la place. Les jeunes fuient en courant.À ce moment-là, tandis que nous sommes devant la sortie de la
brasserie, un capitaine de police visiblement énervé nous demande si nous
faisons partie de ce groupe de manifestants. Nous répondons que nous sortons à
l’instant de la brasserie et que nous n’avons rien à voir avec ces jeunes. Le
capitaine de police en prend acte et les CRS se replient, la place est vide.
Quelques minutes plus tard, tandis que nous sommes toujours devant la brasserie,
une vingtaine de CRS, menés par ce même capitaine de police, arrivent soudain en
courant et nous encerclent tous les six, sans nous donner de motifs.Nous leur indiquons alors que nous sommes sortis quelques
minutes auparavant de la brasserie. Nous demandons naturellement des explications
de la part des officiers sur les raisons de « l’encerclement » dont
nous faisons l’objet, en vain.Des jeunes sans doute issus de la manifestation sont ensuite
amenés par des policiers en civil et rejoignent notre groupe encerclé d’agents
de police. Nous demandons explicitement à plusieurs reprises aux agents de nous
séparer de ces jeunes. Le barman du Vauban, constatant tout comme nous le
caractère absurde de la situation, sort de la brasserie, nous identifie tous
les six, un à un, et indique aux agents qu’effectivement nous venons de sortir
de son établissement, dans lequel nous étions venus en simples consommateurs. Suite
à ce témoignage, nous réitérons auprès des agents de police notre demande, à
savoir nous séparer en deux groupes pour nous distinguer des manifestants. Les
agents de police ne veulent cependant rien entendre, et nous indiquent qu’ils
ne font « qu’exécuter les ordres
venus d’en haut ».Toujours privés de la moindre explication sur les raisons de
notre interpellation, nous sommes emmenés par le bus des CRS dans différents commissariats
de police de Paris. Nous sommes fouillés, privés de nos effets personnels (téléphone
portable, portefeuilles notamment) et parqués sans explication dans une pièce fermée
avec des verrous, en attendant notre libération.Lorsque nous sommes menés devant les officiers de police
judiciaire, nous sommes enfin informés du motif de notre arrestation forcée
dans les locaux de police : « participation à une manifestation
illicite ». Nous sommes libérés aux alentours de 2h du matin aux quatre
coins de Paris, après avoir passé trois heures en compagnie des forces de
police françaises, pour un motif expressément incorrect. Les métros étant
fermés, nous rentrons chez nous à pieds."