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Interview de Gilles de Robien

… dans Valeurs actuelles. Extraits :

Vous avez publié, en janvier, une nouvelle circulaire sur la lecture. Pourquoi ?
Robien Quinze à vingt pour cent des enfants ne savent pas lire à leur entrée en sixième. Ne rien faire serait criminel ! Les méthodes globale ou semi-globale ne conviennent pas à l’apprentissage de la lecture, les études scientifiques le prouvent. On ne peut apprendre à lire aux enfants qu’en commençant par les lettres et les sons, avant d’aborder les mots, les phrases et le sens. En clair, il faut commencer par la syllabe. Tous les pays qui ont goûté à la méthode globale en sont revenus.

Les résistances syndicales sont fortes. Comment s’assurer que votre circulaire sera bien appliquée ?
J’ai réuni, sur la lecture, les recteurs, les directeurs d’IUFM, les inspecteurs généraux. J’ai reçu les éditeurs de manuels scolaires. J’ai modifié les programmes de 2002 pour qu’ils soient aussi clairs et conformes à la circulaire de janvier. Personne ne peut maintenant ignorer les textes. Je suis très respectueux de la liberté pédagogique des enseignants, mais je tiens à rappeler qu’elle s’exerce dans le cadre des instructions ministérielles. Je veillerai personnellement et sur place à l’application de cette réforme indispensable.

[…]

Vous avez évoqué la réforme des IUFM. Que répondez-vous à ceux qui la contestent ? Philippe Meirieu, par exemple, a bruyamment quitté ses fonctions de directeur de l’IUFM de Lyon…
Cette réforme, les jeunes enseignants nous la réclament ! Tous constatent que les IUFM ne les ont pas bien formés à l’exercice de leur métier. Tous me demandent : "“Pourquoi ne nous a-t-on pas appris ce qu’il nous faut pour enseigner ?" […] Il est grand temps de revenir sur les erreurs du passé, sur le conservatisme de M. Meirieu, et sur les dérives de l’idéologie pédagogiste qui a déconsidéré les apprentissages élémentaires. Dès la rentrée de septembre, la formation pratique des futurs professeurs des écoles sera améliorée par le renforcement de leur stage professionnel dans une classe.

Qu’entendez-vous par “idéologie pédagogiste” ?
La grande erreur du pédagogisme, c’est de croire que les maîtres sont "à l’école des enfants". Il faut rompre avec cette idée folle que l’enfant doit construire lui-même ses savoirs. […] L’instruction, c’est la transmission des savoirs du maître à l’élève, pas l’inverse. […]

Henri Védas

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4 commentaires

  1. Le Dr Wettstein-Badour, dans “Bien parler, bien lire, bien écrire : Donnez toutes leurs chances à vos enfants”, montre qu’un prix nobel du début des années 80 expliqua comment le cerveau humain procédait à l’acquisition des connaissances. Comme les méthodes de l'”idéologie pédagogiste” fonctionnaient à l’envers de cette démonstration, elle en vint à réaliser son propre manuel.
    Alors, pourquoi avoir sacrifié des enfants en leur imposant des méthodes destructurantes en connaissance de cause?
    Je pense qu’il y a à l’origine le refus de tout dogmatisme. La religion est visée car qu’est-ce que la Révélation sinon une vérité révélée? Par contre-coup, la langue française en fut victime car les professeurs, ayant étudié la valeur de l’argot à la fac, en venaient à ne pas faire de dictée au cours de laquelle ils auraient dû relever les “fautes” d’orthographe, de syntaxe ou de grammaire. Pas tous les profs heureusement. Et que dire de la “dictée au maître” un temps prônée par le ministère? Refuser qu’un élève écrive “pinsso” au lieu de “pinceau”, n’est-ce point dogmatique? Pourquoi quelqu’un choisirait à la place de l’individu scripteur?
    Ce qui est curieux, c’est que les évêques adaptèrent très rapidement cette “idéologie pédagogiste” aux enseignements de leurs aumôneries et catéchèses. Un curé me répondit d’ailleurs bien franchement: mais on n’enseigne plus ainsi [je lui demandais pourquoi un petit cousin ignorait presque tout des dogmes catholiques alors qu’il venait de “faire” sa confirmation], aujourd’hui on n’explique plus Dieu aux enfants, on essaie au contraire de les amener à Lui. Le sens a changé. Il en ressort donc que des générations de jeunes baptisés, sortis de la catéchèse, n’y ont passé que des moments de loisir, à colorier, à jouer, sans rien apprendre. Comment l’auraient-ils pu, leurs catéchistes étaient à leur école!?
    Qu’en est-il, au XXIe siècle, du refus de l’idéologie pédagogiste par la conférence des évêques de France?

  2. comme il est facile à Gilles de Robien de tenir ce discours bon ton dans Valeurs Actuelles… et de faire l’inverse dans les faits: Si le ministre de l’éducation nationale a effectivement écrit des décrets mettant au clair l’enseignement de la lecture, il oublie de préciser dans cet article, que suite à la pression des pédagosites, le ministre a abrogé ses décrets pour revenir peu ou prou à la formulation des décrets de 2002, remettant à la première place les méthodes privilégiant la compréhension (= schématiquement: globale en langage éducation nationale) sur le déchiffrage (= syllabique).
    La révolution n’est pas encore d’actualité.
    Reconnaissons cependant au ministre d’avoir brisé le tabou.

  3. à Pierre :
    Vous ai-je bien lu ? Vous dites en substance que le ministre ment dans le dernier VA en se gargarisant de décrets qu’il n’a pas fait passer ?
    Si c’est vrai, je suis scié !

  4. Ce ne serait pas étonnant. Le Dr Wettstein-Badour a montré dans une interview comment Ferry avait déjà noyé le poisson sur cette affaire. Avec un verbiage pompeux, les médias ont relayé “la fin de la guerre des méthodes” et les parents ont été rassurés… alors que rien n’était changé. Au mieux, la méthode globale stricto sensu était mise de côté… mais aucunement remplacée par la méthode syllabique! Plutôt par des méthodes semi-globales. Ce tour de passe-passe médiatique explique aussi pourquoi le problème est toujours d’actualité… car non résolu.
    Mais si Pierre pouvait donner des précisions quant au double-jeu du ministre, cela m’intéresserait aussi. Merci.

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