Le jour de la naissance de Louis de Funès, Jean Jaurès était assassiné. Et la jauressolâtrie bat son plein, à gauche comme à droite, chacun tirant la couverture du mythe à soi, de Sarkozy qui s'en voyait l'héritier, Louis Aliot qui estimait que Jaurès aurait voté FN, Ségolène Royal avec son "idéal jauressien de citoyenneté dans l'entreprise", Hollande voyant Jaurès admirer la construction européenne et Manuel Valls le voyant voter le pacte de responsabilité, ou encore Mélenchon rappelant que Jaurès se serait bien vu assis près de Robespierre. C'est sans doute Mélenchon qui est plus près de la réalité, avec l'antichristianisme viscéral de Jaurès :
« Nous combattons l'Église et le christianisme parce qu'ils sont la négation du droit humain et renferment un principe d'asservissement intellectuel qui doit être banni de toute œuvre d'éducation. »
Pour revenir à la réalité, rien de mieux que de lire l'ouvrage de Bernard Antony :
"Vous croyiez tout savoir, sinon tout, au moins presque tout sur Jaurès, icône républicaine, laïque et obligatoire ? Oubliez tout. A la veille du centième anniversaire de sa mort (il a été assassiné le 31 juillet 1914), Bernard Antony nous livre un autre "monument Jaurès", bien différent de celui figé pour l'éternité au Panthéon.
Loin de l'image d'Epinal qu'on raconte aux enfants des écoles républicaines, laïques et obligatoires elles aussi, mais aussi aux grandes personnes sommées de chanter le los du tribun de Carmaux, Bernard Antony, qui est un "pays" de Jaurès, s'est livré à un véritable travail d'investigateur.
Et il nous le montre dans sa famille, dans ses études (de Castres à la rue d'Ulm), en amoureux transi, en élu du Midi Albigeois, mais aussi, très vite, en idéologue féroce dont l'acharnement contre l'Eglise catholique passe l'entendement.
Conçue en deux parties "Histoire de Jaurès" et "Jaurès l'"historien"", cette étude très fouillée, est la toute première du genre. Enkysté dans une utopie archaïque et dans une aversion antichrétienne militante et constante, c'est un "autre" Jaurès que l'on découvre là. Dans son effrayante authenticité."
Et sur son blog, Bernard Antony ajoute :
"La vérité c’est que Jaurès ne fut nullement chrétien mais anti-chrétien, « spiritualiste » peut-être, à sa façon, c’est à dire vaguement panthéiste, gnostique, kabbaliste, c’est à dire n’importe quoi sauf catholique.
La vérité c’est qu’il fut bien, sur le plan politique, « socialiste », « collectiviste », « communiste », employant indifféremment les trois mots pour se définir.
La vérité c’est qu’il ne fut nullement le « prophète » que l’on a salué même à Valeurs Actuelles et au Figaro-Magazine mais qu’il fut au contraire d’un total aveuglement sur l’inéluctabilité de la guerre de 1914."