Dans Le Figaro, Louis Puybasset, professeur de médecine à l'hôpital Pitié-Salpêtrière, signe une tribune où il explique pourquoi les trois propositions de lois sur l'euthanasie sont inadaptées, inutiles et dangereuses. La loi du 22 avril 2005 relative à la fin de vie donne déjà les clés des difficultés rencontrées par les personnes en fin de vie : interdiction de l'acharnement thérapeutique, prise en charge de la souffrance, … Les textes des propositions de loi déposées au Sénat "font appel à des critères flous": qu'est-ce qu' "un état de dépendance incompatible avec la dignité de la personne" par exemple ? Légaliser l'euthanasie serait s'engager sur "une pente glissante avec, au minimum, un risque de pression morale sur les plus vulnérables ou les plus pauvres". Ce serait bouleverser la confiance dans les médecins et professionnels de santé qui sont là pour soigner et non pour tue.
Dans Le Quotidien du médecin, Christian Hervé, professeur de médecine légale et de droit de la santé à l'université de Paris-Descartes, et Bernard Devalois, médecin en unité de soins palliatifs et ancien président de la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs, font un constat similaire. La création d'un "droit au suicide assisté" et d'un "droit à une injection létale" demandée par ces propositions de loi est inapte à répondre à la complexité des situations de fin de vie. "La médecine doit s'occuper du mourir, non de faire mourir […] La nécessaire médicalisation du mourir, partie intégrante de l’accompagnement de fin de vie, est bien différente d’une médicalisation légalisée du faire-mourir".
Un sondage Opinion Way, réalisé début janvier 2011 auprès de 1015 personnes, montre que les Français sont réticents vis-à-vis d’une loi sur l’euthanasie. 60% des personnes interrogées "préfèrent le développement des soins palliatifs à la légalisation de l’euthanasie". 52% estiment même qu’une loi sur l’euthanasie comporterait des "risques de dérives" : 57% d’entre eux s’inquiètent de la possibilité que "des malades non consentants soient euthanasiés", 63% que la société puisse décider légalement de la mort d’une personne, et 56% que des malades vulnérables puissent subir des pressions pour accepter une euthanasie. Cette enquête révèle également que 68% des sondés ignorent qu’il existe en France une loi interdisant l’acharnement thérapeutique.
Par ailleurs, le décret d’application de la loi de février 2010 créant l’allocation fin de vie a été publiée au Journal Officiel le 14 janvier 2011 et est entré en vigueur le 15 janvier. Cette loi permet la mise en place d’une allocation journalière d’accompagnement d’une personne en fin de vie. Elle s’élève à 53,17 euros et est versée pendant 21 jours à tout salarié bénéficiant d’un congé solidarité familiale.
VD
On est vraiment tenté de penser que les députés ont cette frénésie législative pour justifier leur existence. Légiférer sur tout et n’importe quoi de peur d’être confronté à son néant ?